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Errants des mégapoles d'Europe

 

 

 

 

Lorsqu’on traduit les droits de l’homme dans les langues qui ne possèdent pas les mots de la philosophie grecque et chrétienne, les articles sont ramenés à leur plus simple expression. Chacun peut aller où il veut… chacun peut avoir une maison… L’ironie du grand texte nous prend à la gorge : en son nom, nous jetâmes sur la Serbie, sur l’Irak, des bombes. Mais dans nos cités, n’est-ce pas l’inégalité qui plonge les gens dans la misère et l’oppression qui les laisse sans ressource ?

Le roman des jungles urbaines

Comme les figures célèbres des romans - Jean Valjean, Oliver Twist et Rémi sans famille, Gervaise et les filles de De Quincey -, les peuples de l’abîme vivent dans l’inframonde de la cité, se disputent ses restes, se réchauffent loin du soleil social.
Mais, exaltés dans la fiction, on les conspue dans le réel. On force les enfants à finir le poulet, puis les berce avec l’histoire d’une gentille petite poule ; de même, on les écarte de cet homme aux habits miteux qui empeste sur le macadam, pour leur conter, avec des larmes dans la voix, l’histoire de Jean Valjean.
Il faut pourtant poser des yeux ouverts sur notre monde. Dans les rues des villes, des hères survivent au milieu de la grande consommation. Pour les humains brisés par les travaux, l’isolement et le manque, il n’y a pas de recours. Au XXème siècle, nous vîmes éclore des architectures qui parquaient les êtres dans des tours laides, vite insalubres, aux portes des villes. Mais voilà que fleurissent de nouveaux nomadismes.

Les gueux

Qui sont ces êtres qui, lorsque nous tirons les verrous sur la chaleur de notre foyer, continuent de hanter la nuit de la ville ?
Le paria vit hors du monde social ; il l’accepte, bien qu’il en souffre : c’est une condition de sa dignité morale. Il ne veut pas de la vie cadrée, sans choix, sans vérité, que le monde lui propose. L’exclu s’est trouvé déshérité, socialement, matériellement, financièrement. Il n’attise pas la pitié de la société ; il l’indiffère, ne correspondant ni à ses héros, ni à ses protégés. On assiste le défavorisé avec condescendance ; il en souffre, ou bien il est complaisant.
Ainsi la figure de l’exclu est double : celui qui refuse notre monde ; celui qui n’y accède pas. La société pose, comme condition pour donner l’asile à un être humain, qu’il accepte le contrat qu’elle lui propose. Mais ce contrat n’est-il pas biaisé, entre une énorme société organisée et l’individu qui naît en son sein ?

L’espace, la lumière et le mouvement

Où peuvent vivre les gueux, avec leurs chiens et leurs bagages, sans déranger l’ordre économique et social ? La rue n’est pas libre. Tout l’espace du monde est sous contrôle. Où vivre, où déployer son corps, où cueillir sa nourriture ? Des courageux se battent pour le droit des animaux à vivre leur animalité dans un monde dévoré par le « progrès ». Etendons cette lutte aux humains : qu’ils puissent aussi vivre leur animalité – le déploiement libre de leur corps et de leur cœur dans un espace ouvert.
La liberté de circuler, la liberté de vivre sous un toit, supposent mille papiers en règle. Les champs, les forêts, les océans ne sont plus libres.
Que signifie une liberté qui ne serait qu’un concept, un droit différé, un droit administré ? L’homme face à l’univers n’existe plus : il n’y a plus que l’homme face à la société et la société face à l’univers.

« Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève comme aujourd'hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l'air pourtant se respire, et qu'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
- Demande au mendiant. Il le sait ».
- Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s'appelle l'Aurore ».
Jean Giraudoux, Electre

Sur les routes d’Europe

Quel est le sens d’une culture qui s’oppose à la nature ? Quelle est l’essence d’une liberté qui oppresse les désirs des hommes ? Qu’est-ce qu’une économie qui broie l’individu ? Les errants d’Europe interrogent le fond des droits que nous prônons, des devoirs que nous exigeons. Une Europe suradministrée, surcontrôlée, où les droits théoriques se traduisent par des procédures administratives, ne peut être un rêve – ne peut être un phare. A l’aurore de notre avenir commun, ne choisissons pas une survie matérielle réglée pour les obéissants, tandis que les autres sont relégués aux mondes d’outre-société.
Que le visionnaire et le pragmatique triomphent de l’idéaliste, du fataliste et du procédurier. Le rêve européen ne doit pas être administratif et gestionnaire. Il doit avoir aussi ses routes libres…

Edith de Cornulier-Lucinière, Les Sables d’Olonne, Juillet 2006

 

 

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mercredi, 05 août 2009 | Lien permanent

L’amitié

 

 

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Phot Sara


Pourquoi l’amitié est toujours reléguée derrière l’amour ?


Quelqu’un qui se met en couple, dans notre société, a tendance à faire imperceptiblement (ou parfois très perceptiblement) passer le partenaire de couple avant les autres personnes qui l’accompagnent. Cette hiérarchie des relations, mise en avant par le modèle social qui émerge du fouillis des médias, de la culture populaire, des publicités, ne me parait pas justifiée.
Le sentiment d’évidence encore une fois n’est souvent que le résultat d’une campagne idéologique.

En quoi une relation amoureuse impliquerait l’union quasipermanente, économique, sociale, amicale, des deux amants ?
En quoi fonder une famille ensemble impliquerait la désagrégation de deux vies personnelles au profit d’une fusion qui ne laisse pas la place aux projets personnels, aux grandes amitiés individuelles ?

Cette primauté du couple, qui n’a rien à voir avec la vie amoureuse, est une norme sociale étouffante qu’on met en avant. Elle n'a rien à voir avec la liberté ou l’amour. Et ne pas être en couple, au regard de beaucoup, est un manque à combler, la marque d’un échec. A l’instar de la publicité, l’opinion courante créée une pression en associant le couple avec la liberté et l’amour, l’individu célibataire avec la solitude et la frustration. Lorsqu’une personne est seule, il semble que tout l’entourage s’accorde à penser que c’est parce qu’elle n’a pas trouvé quelqu’un. Pourquoi un tel idéal de couple ?

Le couple économique et amoureux (un foyer, un lit double), censé mélanger, comme mon amie Mathilde Felix-Paganon me l’exprimait un jour, le sel de l’amour fou hollywoodien et le beurre de la PME fleurissante, trouve à mon avis sa source dans l’accomplissement du capitalisme.

Virginia Woolf décrit bien dans Orlando cette petite-bourgeoïsation de la société européenne, qui apparaît au XIXème siècle, avec le tourisme, les classes moyennes, la société industrielle et qui regroupe les gens par deux. Un foyer, deux adultes qui partagent le lit.
Ce n’est plus vraiment une alliance économique, car le rêve de l’amour fou est là. Ce n’est pas non plus une histoire d’amour libre, car des considérations économiques et sociales pèsent largement.
C’est donc une norme morale et sociale économicoaffective. Une norme qui atténue la libération de l’individu en lui accolant un partenaire sous peine de passer pour un échec. Une norme qui atténue la vie collective parce qu’elle relègue les enfants et surtout les vieux sur un plan second (les premiers doivent quitter le nid familial dès que possible pour fonder leur couple si possible, se démerder tous seuls sinon, les seconds ne sont pas invités à vieillir chez leurs enfants mais doivent partir en maison de retraite).


Les publicités des banques, des assurances, des marques mettent en scène des couples amoureux.
Les publicités gays le font aussi. La militance homosexuelle s’attarde beaucoup à mettre en valeur le couple et contribue à imposer cette domination de l’assemblage binaire (économique, affectif, social) des gens.
Il semble que l’imagerie générale s’est mise au pas du ménage type Insee. Et si l’on remet beaucoup en cause l’hétérosexualité du couple, on évoque rarement la possibilité de créer d’autres formes d’alliance, de familles et de modes de vie que celles fondée sur le couple.

Pourtant… Sur les rives de l’amitié il y aurait tant d’aventures à vivre.

L’amitié est plus libre car elle n’est pas prise d’assaut par la publicité. Elle ne figure pas en première place du kit que toute personne ayant réussi socialement doit être en mesure de brandir.

L’amitié est belle aussi parce qu’elle peut s’insérer dans les relations familiales et amoureuses. Il y a de belles amitiés entre mère et fils, entre frère et frère, entre amants.
Un ami, c’est une histoire d’amour et de fraternité
Pourquoi ne pourrait-on pas adopter un enfant avec un ami ?
Se pacser avec un ami pour le faire hériter ?

Je ne vais pas commencer à demander de légiférer l’amitié (prônant, par exemple, l’amicoparentalité, le mariage amical…), parce que justement toute la beauté de l’amitié réside dans le fait que l’administration et les médias de masse ne l’ont pas encore découpée, mesurée, asservie.
Je voulais juste mettre en scène le fait que nous sommes beaucoup moins libres que nous pourrions l’être, quand nous correspondons à l’image du bonheur tel que l’imagerie de la société nous la renvoie. Un bonheur deux par deux, clos. Un bonheur par paire, qui nous cache toutes les magnifiques histoires d’amitié, les partages, les inventions que nous pourrions créer si nous étions libres, des histoires qui mélangeraient nos familles, nos amants, nos amis.

 

 

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lundi, 10 août 2009 | Lien permanent

Ave Imperator ! Morituri te salutant !

 

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Sara par Edith CL

 

 

« S'il faut donner son sang, Allez donner le vôtre, Vous êtes bon apôtre, Monsieur le président »
Boris Vian

« Du combat, seuls les lâches s'écartent »
Homère

Dans l’Antiquité, puis au Moyen-Âge, les chefs étaient au premier rang dans les batailles. Peu à peu, les dirigeants apprirent à faire la guerre sans risquer leur vie.
Lors de la campagne française en Russie, le prince russe, Bagration, finissait certaines batailles au corps à corps… Dans le camp d’en face, l’empereur Napoléon restait en retrait du champ de bataille. Il risquait beaucoup moins sa vie que ses prédécesseurs ; mais les canons sifflaient sur sa tête et il pouvait à tout moment exploser avec sa longue-vue. Pourtant, il fuit en cachette la Russie, pour rejoindre Paris, où il reprit sa vie de palais pendant que ses soldats mouraient de faim, de froid et de fatigue dans la neige russe. Il ouvrait ainsi une ère très agréable aux chefs : celle où leurs décisions ne les engageaient plus à mourir.

Certaines scènes appartiennent à nos époques, comme celle d’un chef des armées qui dirige les opérations depuis sa maison de campagne, n’ayant aucune expérience matérielle, physique et psychologique de ce qu’il prône. Il nous paraîtrait aberrant que Messieurs les présidents de la république des Etats-Unis d’Amérique, d’Israël, du Liban, soient en train de se battre aux côtés de leurs soldats, de lâcher eux-mêmes les bombes sur les villes et sur les populations.
Saint-Exupéry écrivait : « La guerre, ce n’est pas l’acceptation du risque. Ce n’est pas l’acceptation du combat. C’est, à certaines heures, pour le combattant, l’acceptation pure et simple de la mort ». Cette parole est vraie pour ceux qui font la guerre ; elle ne l’est pas pour ceux qui la décident, ni pour ceux qui la votent à l’Assemblée, ni pour le chef des armées. Pour eux, il ne s’agit pas de l’acceptation de leur propre mort, mais de celle des autres.
La répartition des rôles et des métiers a ses utilités, ses justifications, certes.
Mais le sacrifice de la vie des autres n’exige pas le même engagement personnel que l’acceptation de sa propre mort… L’observation des hommes et des animaux nous rappelle assez comme l’horreur de la mort et l’amour irrationnel de la vie sont répandus ; la gloire de ceux qui décident la guerre, et la mort de ceux qui la font, laissent rêveur.
Comme les chefs d’Etat, la plupart des citoyens ne connaissent pas la guerre réelle, directe, celle qui fait irruption dans la vie pour balayer toutes les choses aimées. Que signifie « intervenir en Afghanistan, en Irak, en Serbie », pour un citoyen dont le rapport à la guerre se réduit à regarder une télévision ? La perte de soldats français en Afghanistan ne faisait pas même l’objet d’une ligne dans les grands journaux français. Le peuple français ne s’intéressait pas aux conséquences des décisions prises en son nom, puisqu’il n’était pas en danger.
« Se faire tuer » est le métier du soldat ; les citoyens des nombreux Etats engagés en Serbie pouvaient approuver de concert les interventions meurtrières sans réfléchir outre mesure. S’ils avaient été concernés par la mort, sans doute la défense guerrière des droits de l’homme aurait paru moins alléchante, plus discutable.

A la barbarie des chefs sanguinaires des despotismes d’antan, succède l’indifférence des technocrates décisionnaires. Dès lors, comment penser la guerre ? Faut-il la refuser complètement ? Ou, considérant qu’elle est inéluctable, faut-il l’organiser ?
Lorsqu’on compte les morts au combat, comment accepter que le chef des armées ne déplore pas la moindre foulure, ni même une tâche de boue sur ses costumes ?
Quelle est la valeur d’une décision qui met la mort en jeu, quand le décisionnaire sait que lui et les gens qu’il aime seront totalement épargnés ? Dans quelle mesure des chefs d’Etat et des ministres, désolidarisés, dans les faits, de ceux qui mourront d’appliquer leurs décisions, peuvent-il les représenter officiellement ?
Quelle considération donner à des décisions prises par des hommes protégés, sacrifiant, au nom des droits de l’homme ou au nom d’autres idéaux paisibles, la vie d’autres hommes ? Y a-t-il une légitimité à voter la mort des autres, même au nom des idéaux les plus élevés, quand soi-même on ne s’engage pas dans la bataille ? La réponse à ces questions abyssales oscille entre la vie et la mort.

Edith de Cornulier-Lucinière, Paris

 

 

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mercredi, 26 août 2009 | Lien permanent

Smohalla

Hommage


Cet hommage à nos étoiles des temps proches et lointains veut saluer des êtres
dont le souffle, la vision, la parole nous aident à vivre et à penser.

 

Smohalla
(1815-1895)

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"My young men shall never work. Men who work can not dream, and wisdom comes to us in dreams"
Mes jeunes gens ne travailleront jamais. Les hommes qui travaillent ne peuvent pas rêver ; et la sagesse nous vient par les rêves.

Smohalla est issu de la tribu Nord-américaine Wanapum, encore nommée Sokulks. Il inventa une religion nouvelle, inspirée par la religion traditionnelle de sa culture. De cette religion nouvelle, qui connut un succès fulgurent de son vivant et dans les décennies qui suivirent, et qui trouve aujourd'hui quelques adeptes, il est le prophète.
Cette religion nouvelle est la religion des rêveurs. Les historiens américains parlent du mouvement des rêveurs.



FOI

La foi des Rêveurs est en partie une reviviscence de certains concepts de la religion traditionnelle des Indiens Wanapum et Nez-Percé. Mais Smohalla a adpaté son discours à l'état de la société indienne parquée dans les réserves et au mode de rhétorique occidental. Souvent ses principes rappellent les idées de Lafargue ou de certains anarchistes spiritualistes contre le travail et contre le progrès.

LUTTES

Non Violence
Smohalla prôna et appliqua la non violence.

Réserves
Mais il refusa d'être, ainsi que sa tribu, mis dans une réserve. Il mena une résistance intransigeante à l'Etat Fédéral sur ce plan.

Au-delà du sysème des réserves (zoos cogérés par les humains qu'ils contenaient), il s'opposait contre la propriété privée et la parcellisation de la terre, qui lui paraissait inaliénable.

MORTS,RESURRECTIONS, SUCCESSIONS

Smohalla mourut trois fois (ou cours de duels et d'accidents) et trois fois il réscussita après un coma sans espoir.

Deux successions
Il déclara que sa fille aînée serait son héritière. Elle mourut. Il en conçut un fort chagrin qui redoubla son ardeur de prêcheur politique et spiritualiste. Il vécut encore longtemps et avant sa mort nomma son fils, qui prit la suite avec moins de fougue. Les idées de Smohalla continuèrent d'inspirer des gens, principalement parmi les Nez-Percés (tribu proche) mais le mouvement était passé.

EXTRAIT (suivis d'une traduction)

«You ask me to plough the ground? Shall i take a knife and tear my mother's bosom? Then when I die she will not take me to her bosom to rest. You ask me to dig for stone! Shall I dig under her skin for her bones? Then when I die I cannot enter her body to be born again. You ask me to cut the grass and make hay and sell it, and be rich like white men, but how dare I cut off my mother's hair? It is a bad law and my people shall not obey it. I want my people to stay with me here. All the dead men will come to life again; their spirits will come to thier bodies again. We must wait here, in the homes of our fathers, and be ready to meet them in the bosom of our mother ».

Vous me demandez de labourer la terre.
Dois-je prendre un couteau et déchirer le sein de ma mère ?
Alors quand je mourrai, elle ne voudra pas me prendre dans son sein pour que j'y repose.

Vous me demandez de creuser pour trouver de la pierre.
Dois-je creuser sous sa peau pour m'emparer de ses os ?
Alors, quand je mourrai, je ne pourrai plus entrer dans son corps pour renaître.

Vous me demandez de couper l'herbe, d'en faire du foin, de la vendre pour être aussi riche que les hommes blancs.
Mais comment oserais-je couper les cheveux de ma mère ?

C'est une mauvaise loi et mon peuple ne devra pas la suivre. Je veux que mon peuple reste ici auprès de moi. Les hommes morts reviendront à la vie ; leurs esprits réinégreront leurs corps. Nous devons attendre ici, dans les maisons de nos pères, et demeurer prêtes à les retrouver dans le sein de notre mère.

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dimanche, 17 mai 2009 | Lien permanent

Black Agnès

Quand AlmaSoror rend hommage à nos étoiles des temps proches et lointains,
quand AlmaSoror salue des êtres dont le souffle, la vision, la parole nous aident à vivre et à penser.

Etrange coïncidence autour d'une appellation : Black Agnès

Le surnom Black Agnes (Noire Agnès, ou Agnès la Noire) correspond à deux héroïnes, l'une historique devenue légende, l'autre, légende peut-être historique. La première Black Agnes est une femme qui vécut à au XIVème siècle en Ecosse. Son souvenir est associé au courage et à la jeunesse, entre Antigone et Jeanne d'Arc.

L'autre Black Agnes est une statue habitée par une très jeune fille qui vécut vers à Baltimore, il y a longtemps. Sa mémoire erre dans les limbes de l'horreur et de la tendresse, qui sont les atours tristes de l'adolescence.

Black Agnes I est courageuse ; Black Agnes II est vengeresse. Black Agnes I est arrogante ; Black Agnes II est exaltée. Black Agnes I est victorieuse nonchalante ; Black Agnes II est victime cruelle...

Intéressons-nous à leurs vies et rêvons à leurs secrets, en attendant, peut-être, que fasse irruption dans la mémoire anglo-saxonne une Black Agnes III.

 

Black Agnes I

 

Sir Walter Scott dit d'elle : "From the record of Scottish heroes, none can presume to erase her."

Epouse de Patrick Dunbar, comtesse de Moray, elle devait son surnom à ses cheveux très noirs. Elle était seule dans son château d'Ecosse, en 1338, au milieu des guerres anglo-écossaises. Entourée d'une poignée d'hommes et de ses servantes, elle refusa de se rendre lorsque les Anglais, menés par le Comte de Salisbury William Montague, assiégèrent son château.

Le siège dura six mois. Pendant six mois, Black Agnes nargua l'armée qui l'assiégeait, envoyant ses servantes, habillées richement, nettoyer les traces de la guerre sur les remparts. Elle ne céda à aucun chantage : quand on fit mine d'assassiner son frère aux portes du château, elle parut se réjouir, expliquant aux Anglais qu'elle hériterait avec joie de ses titres et de sa fortune. Joués par cette ruse, ne voulant pas satisfaire leur ennemie, ils laissèrent son frère en vie ! Elle reçut un appui extérieur au moment où, les vivres arrivant à leurs fins, on crut qu'elle devrait se rendre.

Le Comte de Salisbury, un des plus grands guerriers anglais, finit par abandonner la bataille et repartit avec ses troupes.

 

Black Agnes II

 

Une statue de Baltimore s'appelle Black Agnes. Black Agnes représente un personnage sans doute féminin, vêtu d'une longue robe, en position assise.

Des jeunes filles pétries de mystère et de malsain chuchotent tard dans la nuit à propos d'une certaine statue du cimetière : on dit qu'à minuit, les yeux de Black Agnes deviennent rouges et fixent intensément au loin. Car elle est habitée par l'esprit d'une femme morte de chagrin, après une infidélité de son fiancé, il y a très longtemps. Elle veut se venger de la femme qui en fut la cause.

Exaltée, téméraire, une jeune fille se porte volontaire pour aller passer la nuit dans le cimetière, auprès de Black Agnes. Ses amies, excitées et effrayées, tentent en vain de l'en empêcher. Le soir où l'adolescente a prévu de tenir son pari, ses amies l'accompagnent aux grilles majestueuses du jardin funèbre. Elles laissent l'héroïne s'engouffrer seule dans les allées et s'en vont se réfugier dans la maison de l'une d'entre elles. Dès l'aube, elles attendent, impatientes, le retour de leur amie. Mais celle-ci ne revient pas.

A la fin de la matinée, les jeunes filles mortes d'inquiétude se mettent en marche vers le cimetière.

Au fond des allées de tombes, sur les genoux de la statue de pierre, elle git, assassinée. Black Agnes s'est enfin vengée.

Plusieurs versions de la légende urbaine et sépulcrale de la jeune fille et du cimetière sont racontées dans différents endroits des Etats-Unis. Cette histoire faisait peut-être déjà frissonner l'Europe moyen-âgeuse.

Aujourd'hui, Black Agnes ne repose plus dans le cimetière de Baltimore : les autorités de la ville ont dû la déplacer plusieurs fois pour échapper aux messes noires et aux rituels morbides que les adolescents perpétraient, de nuit, à son chevet.

 

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lundi, 25 mai 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)

Hommage à Jean Monnet

AlmaSoror de temps en temps offre un hommage à nos étoiles des temps proches et lointains, veut saluer des êtres dont le souffle, la vision, la parole nous aident à vivre et à penser.

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JEAN MONNET

1888-1979
par Agnès de Cornulier
 

« Il y a deux sortes d’Hommes : ceux qui veulent être quelqu’un et ceux qui veulent faire quelque chose »

Dwight Morrow

 

Le 25 mars 2007 l'Europe célèbre le cinquantième anniversaire du Traité de Rome, qui fonda la Communauté européenne. Jean Monnet en fut l'un des négociateurs.

Jean Monnet est à le contraire d'un idéaliste : ce négociant en cognac et l'un des pères de l'Europe a, toute sa vie, oeuvré en faveur de la paix avec pragmatisme.

Il n'est pas connu car il n'est pas un idéologue et ne s'est jamais mis en avant. Cependant il fut l'artisan de la coopération entre la France et l'Angleterre des deux guerres mondiales.

Il fut aussi à l'origine de l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il donnait les idées et coordonnait dans l'ombre.

L'Europe représentait pour lui le moyen d'instaurer une paix durable et prospère : L'objectif semblait inatteignable aux yeux de ses contemporains, qui voyaient deux fois par siècle l'Europe se déchirer.

 

1888 : Jean Monnet naît à Cognac le 9 novembre, dans une famille de négociants en Cognac

1904 : Jean Monnet a 16 ans, il arrête ses études et est envoyé à Londres par son père avec le conseil suivant : « N'emporte pas de livres. Personne ne peut réfléchir pour toi. Regarde par la fenêtre, parle aux gens. Prête attention à celui qui est à côté de toi »

"Je ne suis pas optimiste, je suis déterminé »

1919 : Lors de la création de la Société des Nations (ancêtre de l'ONU), Jean Monnet en devient le secrétaire général adjoint. C'est la première union des nations visant à régler pacifiquement les différends. En 1923 il démissionne de cette organisation internationale pour reprendre l'entreprise familiale en difficulté.

« Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes »

1940 : Le premier ministre britannique Churchill l'envoie aux États-unis pour y négocier des achats de matériel militaire.

1950 : En avril, Jean Monnet conçoit le projet du pool du charbon et de l’acier entre l’Allemagne et la France et participe à la rédaction de la « déclaration Schuman » du 9 mai (le 9 mai est devenu le jour de la fête de l'Europe).

« Mieux vaut se disputer autour d’une table que sur un champ de bataille

1951 : Six États – l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas – signent le traité créant la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA).

« Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. »

1975 : Après avoir travaillé pendant près de vingt ans à l’approfondissement et l’élargissement de la Communauté économique européenne, Jean Monnet se retire dans sa maison d’Houjarray, dans les Yvelines, où il écrit ses mémoires.

1979 : Il meurt le 16 mars 1979.

« Les nations souveraines du passé ne sont plus le cadre où peuvent se résoudre les problèmes du présent. Et la Communauté elle-même n’est qu’une étape vers les formes d’organisation du monde de demain »

 

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lundi, 29 décembre 2008 | Lien permanent

Cactus sur béton

Il est 10h38 ce matin et le ciel est affreusement gris et triste par la baie vitrée du salon. Des travaux ont lieu dans la rue, des camions stationnent en laissant tourner le moteur, et je pense à la chanson de Tom Waits, In the neighborhood.

Nous quittons nos clochers isolés et fleuris pour venir nous rassembler dans de grands centres urbains monotones et célébrer ensemble la grisaille du jour et le mauvais alcool de la nuit.

Ce cactus au bord de la baie vitrée s'appelle Challwa, ce qui signifie poisson en quechua. Il ressemble à cet immigré : majestueux chef de village dans son pays, gardien de la tradition et père de l'avenir, il porte désormais des poids lourds au fond du couloir d'une usine en regardant l'heure ; tout à l'heure, parmi des milliers d'hommes et de femmes il s'engouffrera dans le RER pour être transporté dans un wagon jusqu'à chez lui. Il a le droit de vote, il est donc libre et égal parmi tant de citoyens multicolores, mélangés, mal payés, tous pourvus d'un numéro de sécurité sociale (c'est une chance, un cadeau de l'Etat) et dont le maigre budget mensuel est grevé dès son arrivée par toutes les dépenses courantes, sans lesquelles le statut fragile d'homme normal se déliterait au profit du statut inébranlable d'homme exclu.

Quant au cactus Challwa, le voilà planté là dans un pot de terre stérile qui met en valeur, non sa beauté, mais sa bizarrerie. Comme il était heureux en août, à la même place, devant cette grande baie vitrée qui lui balançait des brocs de soleil et de chaleur ! Il a pris vingt centimètres en juillet et en août, et depuis que la fraîcheur est revenue, il a cessé de grandir. Et pourtant, ici, en station contre la baie, devant la lampée de ciel gris, au son pénible des moteurs et des marteaux-piqueurs, il représente quelque chose d'important. Il nous rappelle que le soleil existe, qu'il était là hier, qu'il reviendra peut-être demain. Il nous parle des tropiques, de pays lointains dont on rêve sans y aller, car rêver est plus facile que partir (et que partir révélerait qu'ailleurs est semblablement bétonné). Il témoigne d'une autre existence, il bruisse d'autres langues, il porte la trace d'une végétation secrète au sein de laquelle d'autres genres de vies se meuvent.

Nos vies passent vite, trop vite, et avant même d'avoir tenté de suivre deux ou trois rêves, nous voilà enfermés dans des cases administratives, dans des blocs de béton, nous voilà pris dans des flux préprogrammés. Renonçant alors à nos désirs, aux appels de la jeunesse et de la joie, nous tentons au moins de correspondre à la réussite telle qu'elle est prescrite, c'est à dire à la vie conforme : une maison achetée, un grand lit pour y dormir à deux, des enfants qui grandissent et, peut-être, auront plus de marge de manœuvre.

Mais non : inscrits à la crèche ou en nourrice, déjà pourvu d'une identité administrative figée, ils n'auront pas d'autres choix que d'abandonner au plus vite leur rêve pour entrer dans la grande usine sociale de la conformité. Peut-être que toutes nos maladies psychiques viennent de là : de ces grandes tours de béton, de ces pensées citoyennes prémachées que l'on nous distribue à l'école et à la télévision, sur Internet et dans les rues, comme une transfusion intellectuelle permanente.

Nous sommes des chiens en chenil, et pour nous venger de notre douloureuse condition, nous mangeons des burgers de bœuf mort sous la torture, assaisonnés à la mayonnaise empoisonnée par Monsanto. Nous nous consolons en accomplissant le désir de nos maîtres, en enrichissant celui qui nous écrase, en dévorant avec indifférence les autres animaux.

Je suis un chien dangereux castré dans des conditions humaines et sanitaires. J'aboie dans le silence de mon âme.

 

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mardi, 20 octobre 2015 | Lien permanent

Firmus ut Cornu

Ainsi parle le cerf, après des siècles de silence :

 I

An mille. On les voit naître là-bas, en Bretagne, non loin des bois que je hante depuis toujours. Ils me tuent sans doute déjà, à la chasse. Mais ils ne m'ont pas encore élevé au rang totémique. 

II

Premier nom, premières fratries. Vaines occupations des hommes. Et pourtant, quand ils ne se font pas la guerre entre eux, c'est nous qu'ils traquent. 

 III

Un des nôtres avait aussi blessé son fils, un jeune cerf adulte, à mort. Pris de remord il voulut le relever. Le fils croyant que son père voulut l'achever fit un mouvement brusque ; leurs bois s'entremêlèrent. Ils souffrirent trois jours à se débattre sans pouvoir se détacher.
À l'aube du quatrième jour le fils rendit l'âme. Alors le père brama sans fin et mourut de ce brame de douleur qui chantait son affliction. Les bois affligés retinrent cette histoire. Plus jamais les cerfs ne se battirent avec leurs fils, même par grande colère.

 IV

Rarement nous sommes rentrés dans Vitré. En meute, une fois nous vînmes aux abords et nous comprîmes l'orgueil immense de l'homme. Leurs maisons à l'époque étaient si belles que les autres animaux les admiraient.

Aujourd'hui avilis, eux-mêmes ont honte de ceux qu'ils bâtissent.

 V

Entre deux chasses à courre, ils ratifiaient à courre.

Soudain, ils s'en allaient. Tous. Ils partaient dans des pays des cousines gazelles. Nos faons grandissaient en paix.

VI

Ils revenaient. Nous réapprenions la peur.

VII

La dame marchait dans nos bois et contemplait les vols de corneille, sans savoir que ses fils oublieraient que leurs aïeux révéraient les oiseaux noirs. Nos fils, à nous, n'oublient jamais. Notre histoire est dans notre sang et dans nos réactions intuitives. Les mots n'ont pas coupé le fil de la vie qui passe entre les morts.

VIII

Qu'ils étaient beaux, vos châteaux. Qu'ils sont tristes, vos sanglots. Et c'est encore la main du destin qui fait s'entrecroiser les douleurs de vos corps humains et de nos corps cerfs : tous deux chassés de nos terres par les meutes hurlantes hier, par l'argent aujourd'hui. Frères ennemis, nous vous regrettons, car vous nous reconnaissiez comme vos totems. Et nos brames disent : revenez... revenez... revenez... A vos chasses, vous cherchiez quelque fois le danger, et vous saviez accepter d'être quelque fois perdants.

 IX

Vous épousâtes vos femelles ; vous enseignâtes vos petits à nous chasser.

X

Ainsi, ma mise à mort était leur gloire. Ainsi, je suis devenu leur emblème. Vos corneilles ne survolaient nos bois, vos cerfs ne sont pas nos frères, car vos images sont fausses et personne n'a le droit de nous totémiser.

 XI

Nos vies ne diffèrent que parce que vous parlez trop.

 XII

Nous ne reconnaissons pas votre noblesse. Nous ne reconnaissons que l'intrépidité des coureurs et la grandeur de ceux qui meurent sans gémir.

XIII

Leurs prénoms les distinguent entre eux. Nos brames leur paraissent tous semblables. L'homme qui a découvert que l'animal a un visage a découvert bien d'autre chose encore. Le cerf qui a entendu le brame humain sait que l'homme est un animal sauvage.

Vous avez des prénoms. Mais nous aussi nous avons des visages, n'en déplaise à votre marotte de ne reconnaître que ce que vous nommez.

Et que t'importe, homme, que le nom de cette femme te soit inconnu ? N'a-t-elle pas moins de chair, de cheveux et de sang que celles que tu nommes ?

XIV

Nos veuves aussi souffrent. Nos orphelins survivent peu. La vie est un combat, l'amour est un combat, la mort est un combat. Seul le ciel qui nous domine est douceur, quand il donne l'eau pour la langue et la lumière pour les yeux.

 XV

Il y a mille ans les bois recouvraient une grande partie du territoire ; et dans mille ans les bois recouvriront une grande partie du territoire. Les cerfs et les biches feront beaucoup de petits faons et ils oublieront la terreur de l'homme qui colonise.

XVI

Eh, l'homme, tu disparaîtras. Notre mémoire muette te recouvrira de son silence plein de prière, et nous effacerons la trace de tes pas.

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dimanche, 22 mars 2015 | Lien permanent

La souffrance morale

Une situation professionnelle est terminée, et soudain, la vie est plus légère, le sourire éclate naturellement sur mes lèvres qui restaient pincées. Je contemple l'incroyable souffrance morale diffuse des dernières semaines et tente de percer ce mystère de l'oppression intérieure.

Intérieure ? Non, en fait : cette oppression est venue d'un mail, lui même faisant suite à des attitudes, qui, sans jamais exprimer franchement une opposition, laissaient finement entendre que ce qui venait de moi était teinté de torts. Culpabilité, révolte, difficultés à respirer librement, impossibilité de rire ou de chanter, furent mes réactions d'abord inconscientes, puis, mises au jour peu à peu grâce à une longue pratique de questionnement personnel.

Il y a quelques années, me renseignant sur ces suicides dûs à "la souffrance au travail", je ne parvenais pas à comprendre qu'un homme en bonne santé physique, aimé de sa femme, entouré de ses grands enfants et de ses parents, ayant de bons amis chaleureux et une jolie maison avec un jardin agréable, finisse pas se tirer une balle, se jeter sous un train ou se pendre à cause du "harcèlement moral". Sans nier celui-ci, sans émettre de jugement définitif sur cette "solution finale" tragique, je savais que je n'arrivais pas à comprendre. L'homme ne pouvait-il pas renoncer à ce salaire d'esclave pour vivre plus chichement, à quelques années de la retraite ? Une démission, même payée le prix fort en confort et en sécurité, ne valait-elle pas mieux que de se foutre en l'air ?

Mais plus l'oppression revêt les atours de la douceur et de la morale, moins la personne visée peut réagir. Aucun reproche n'est formulé envers elle, ou alors masqué en remarque professionnelle. Avant même qu'elle puisse prendre conscience du mal-être diffus grandissant qui s'installe dans sa vie pour gâcher chaque seconde de la vie quotidienne, toute sa confiance est sapée, toute sa joie de vivre est réduite à néant.

Lorsque le harcèlement arrive à ses fins, il n'y a plus personne qu'un homme détruit, qu'une femme hors service, et le harceleur, s'il est subtil, s'est arrangé pour se construire un discours intérieur qui lui donne le beau rôle et qui fait de l'autre un faible, ou un raté, ou un inconstant.

La souffrance morale se répand insidieusement dans chaque seconde de notre vie, dans chaque espace de notre corps. Que peut l'amour des autres lorsqu'on ne trouve plus en soi assez de confiance pour le recevoir ?

Or, nous devons être capables de recevoir l'amour de ceux qui nous aiment. Nous devons être capables de lui donner plus de poids qu'à l'ignominie de ceux qui font semblant de vouloir notre bien.

C'est pourquoi la délivrance intérieure est un devoir, une preuve d'amour et une quête incessante.

Lorsque les êtres humains ne sont pas en train de s'entre-déchiqueter dans des tranchées, ils organisent des modes de vie confortables et aseptisés dans lesquels aucune place n'est laissée pour la spontanéité ou la joie.

Comme si l'éclatement de la chair s'accompagnait de l'affection et de la liberté d'être, et la préservation de la chair d'une mort intérieure à toute joie de vivre.

Je contemple l'incroyable souffrance morale diffuse des dernières semaines et l'incroyable bien-être de ce matin, comme si Poséïdon avait soufflé sur ma vie un vent magique de délivrance. Ce n'était donc qu'une ombre menaçante qui gâchait toute ma vie, et dont l'existence n'était qu'un épiphénomène ? Je n'arrive pas à le croire, et pourtant, la renaissance de ma tranquillité est là, tangible, pour me prouver que ce mauvais rêve qui m'avait privé de moi-même a laissé la place à la fraîcheur insouciante d'un matin du mois d'août.

 

Sur le thème de la douleur morale, AlmaSoror propose entre autres :

Chaque jour que Dieu fait

Les brisés de l'école

Dolores, terrae incognitae

Désintoxication et revigoration

La liberté mentale en Europe

Mon frère, je contemple ton visage

A ma mère, l'autre soeur

Les tondeuses

Impasse des volontaires

Le salariat, une aliénation en contradiction avec l'humanisme

L'échec social et la mort

 

Et sur des éléments de solutions :

Souffle et drogues autogénérés : le psychédélisme au naturel

Ainsi pense-t-il, ainsi soit-il

Bâtir en terrain non convoité

 

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mardi, 19 août 2014 | Lien permanent

Au fil des mois et des années

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(Décembre 2017)
Bilitis, quand tu reviens, c'est que l'ethanol permet à nouveau d'entrevoir la beauté d'un amour. Même au pays de solitude, même au bord du grand silence des mots, quelques gorgées prolongées te rappellent à mon existence. Je revois l'étrangeté d'un corps qu'entoure une serviette de bain, j'entends comme l'étouffé d'un vêtement qu'on pose et qui glisse de la chaise. Combien en avions-nous connu, de ces matins banals que je laissais passer comme des bateaux dans un lointain inexprimable.

Bilitis, tu me reviens...

 

(Novembre 2016)
Novembre, tu es revenu enterrer l’été. Tu es arrivé comme on t’attendait, tu t’es comporté à ton habitude, avec ta froideur implacable et ta pluie pénétrante. Je t’ai laissé me traverser sans réfléchir aux conséquences de mon inaction. Je t’ai laissé agir sur ma vie, sur tout ce qui m’environne. Puisqu’on me demande aujourd’hui ce qui me frappa en ce mois, je dirai que c’est avant tout la grande absence des morts.

La frappée de novembre

 

(Octobre 2015)
La honte financière ressemble à la honte sociale, à la honte sexuelle : elle est très répandue, et pourtant, on serait prêt à tout pour en cacher la réalité nue. 

Il s'agit d'une sorte d'indignité, d'infamie éprouvée à l'idée que l'autre sache

 

(Septembre 2014)
Une fois la maison vendue, les vieilleries dissipées aux quatre vents, que reste-t-il des silences ?

Combien de tombes

 

(Août 2013)
J'enseignais alors le hawaiien et l'allemand à l'université des Pierres Emmurées de Saint Jean en Ville. Je devais participer à des colloques et à des fêtes intellectuelles organisés par le comité spirituel de la ville, qui tenait à sa réputation mondiale de Paradis intellectuel. A mes heures libres, je traduisais les poèmes de Hanno Buddenbrook.

Une présence surannée

 

(Juillet 2012)
Les Sables d'Olonne, quelques minutes avant la fin du monde

La fin des temps

 

(Juin 2011)
En 1946, un an après sa sortie, le livre fit l’objet d’un retentissant procès qui se termina devant la cour suprême de la ville de Victoria. Robert Close, qui avait raconté l’histoire d’une femme-proie embarquée seule au milieu de marins déchaînés, sur une mer déchaînée, sur un bateau passif, fut condamné à trois mois de prison et une amende. 

Baise-moi, matelot

 

(Mai 2010)
Ils chercheront, avec l'appui des serveurs, moteurs de recherche, hébergeurs, gestionnaires de boites électroniques, à travers la grande toile électronique pour reconstituer tout ce que je n'aurai pas voulu rendre public.

La gloire orange et rouge

 

(Avril 2009)
Le corps a-t-il des limites externes ? Dans ce cas le père n’a aucun droit sur l’embryon, qui n’appartient pas à son propre corps, bien que d’une certaine façon il en soit un « prolongement ».
Le corps a-t-il des limites internes ? Dans ce cas, la mère n’a aucun droit sur le bébé qu’elle porte, et, même si elle ne le désire pas, doit cohabiter avec lui comme nous le faisons entre humains, malgré nos aversions.

La porte du crime

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vendredi, 07 décembre 2018 | Lien permanent

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