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mercredi, 09 octobre 2013

La voilà soeur de la Pologne et de l'Irlande

Vendée, Pologne, Irlande, Anjou, Jean Yole, département, province, deux-sèvres, anjou, Loire, cadastre

«Alors que toutes les provinces sont devenues des départements, la Vendée est le seul département qui soit devenu une province. D'un coup de reins vigoureux, elle a bousculé le cadastre officiel, brisant les limites trop étroites qu'on lui avait imposées. Elle est venue border la Loire, s'est emparée du coin des Deux-Sèvres qui lui plaisait, s'est offert en apanage une partie de l'Anjou, et tout cela au pas de charge, en quelques journées et pour toujours. Pour le monde entier, la voilà sœur de la Pologne et de l'Irlande».

Jean Yole

 

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Vendée, 1794 - Rwanda, 1994

arbres dans la neige.jpg
Photo Sara

 

 

Quand l’étendard sanglant se lève…


Des frères qui tuent leurs congénères à la machette, violent les femmes, embrochent les bébés et les poulets ensemble, avec des baïonnettes, des haches et des mains furieuses : c’est le point commun entre le populicide vendéen et le génocide rwandais. Les guerres civiles sont les plus monstrueuses, et malheur, malheur aux vaincus !

 

 

Mais d’où vient qu’un être humain qu’on a aimé au berceau, qu’on a élevé dans une communauté et qu’on énerve soudain par des discours, se change en assassin dès que les lois le lui permettent ?

 

On dit que l’homme est libre… Ainsi Rousseau disait : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers ». Et quand il n’y est pas, il se débonde jusqu’à ce qu’on l’y remette.

 

Croire au libre arbitre, c’est considérer comme coupables tous ceux qui, dans les mouvements de foule, assassinent sans se rendre compte de ce qu’ils font. Or, ces coupables forment l’immense foule humaine.

 

On dit que l’homme est libre… Ainsi Saint-Exupéry disait : « On croit que l’homme est libre. On ne voit pas la corde qui le rattache au puits, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre ».

 

Et lorsqu’on coupe ce fragile cordon, au nom de l’Idée, d’un homme idéal, la férocité des hommes transforme la terre en carnage.

 

La liberté est trop belle, trop grande pour la petitesse des hommes. Si vous l’imposez, ils deviendront fous et tomberont dans l’horreur jusqu’à ce que de nouveaux carcans les oppresse et les rassure.

La liberté s’installe dans le cœur des hommes qui les appelle, elle leur offre d’être au dessus de leurs semblables et leur fait payer le lourd tribut de la solitude, cette solitude née de l’animosité des hommes esclaves, ceux qui attachent les bêtes et dressent les enfants parce qu’ils respirent au rythme de la peur.

 

La liberté est une ascèse. La liberté est une délivrance. La liberté est une crucifixion.

 

Esther Mar

mardi, 31 mars 2009

Corrida, ronda

 

Corrida, Ronda & Rwanda, Corrida

Par Bruno Echaliersalle2.JPG

Corrida, Ronda

Les portes sont de bois, un décor les enlace.
Les arcades légères entourent de pisé
Le sable de l’arène qui aime la trace
Des élégants pas de danse et du sang figé.

Arrivent alors les jeunes femmes en ombrelles
Qui entrent aux bras d’hommes fiers et distingués.
La tête inclinée elles arrangent leurs dentelles
Et s’assoient avec soin sur les bancs disposés.

La foule murmure et ronronne au soleil.
L’un chuchote savamment les mots de feria.
L’autre dit précieusement la merveille
De ceux qui donnent la mort avec maestria.

Justement ils entrent éblouissant de leurs ors.
Puis en cavalcade réglée viennent saluer.
Les premiers rangs détaillent le matamore,
Mais on entend tueur au pied des Pyrénées.

La multitude excusée par son nombre
Se lève, espérant des bêtes athlétiques.
En ce temple, brillant pour les âmes sombres,
Le taureau est prêt pour une mort esthétique.

25 septembre   2002

 

Rwanda, Corrida

L’homme est choisi, poussé dans la cour.
Un instant libre, debout, ébloui.
A la clameur la foule accourt
Les rangs s’écartent devant lui.

Vers la vie, les bras levés, il court.
Il n’a pas d’ennemis, il le crie.
Ils sont ensemble ils sont sourds.
C’est un jeu pour eux qui s’ennuient.

Dans l’air la machette luit
Et manque l’épaule qui s’esquive.
Une autre a tranché, geste exquis
Les lames le vrillent, le plaisir s’avive.

Le colonel et la foule incertains
Attendent le geste élégant.
L’infirme déchiqueté implore d’une main,
Ses larmes inutiles sont de sang.

Oh qu’elle est belle la scène
Toute de rouge sur du noir.
Elle rappelle les coutumes anciennes,
Tue la peur et redonne l’espoir.

L’agonie est amère
Pour celui qui n’a pas d’ennemis.
Sa vie aura servie, éphémère
Au plaisir de mort, dans l’oubli.

Devant lui la fosse est remplie
Des chiens grignotent des oreilles.

25 août 2002

Bruno Echalier