mardi, 31 mars 2009
Corrida, ronda
Corrida, Ronda & Rwanda, Corrida
Par Bruno Echalier
Corrida, Ronda
Les portes sont de bois, un décor les enlace.
 Les arcades légères entourent de pisé
 Le sable de l’arène qui aime la trace
 Des élégants pas de danse et du sang figé.
Arrivent alors les jeunes femmes en ombrelles
 Qui entrent aux bras d’hommes fiers et distingués.
 La tête inclinée elles arrangent leurs dentelles
 Et s’assoient avec soin sur les bancs disposés.
La foule murmure et ronronne au soleil.
 L’un chuchote savamment les mots de feria.
 L’autre dit précieusement la merveille
 De ceux qui donnent la mort avec maestria.
Justement ils entrent éblouissant de leurs ors.
 Puis en cavalcade réglée viennent saluer.
 Les premiers rangs détaillent le matamore,
 Mais on entend tueur au pied des Pyrénées.
La multitude excusée par son nombre
 Se lève, espérant des bêtes athlétiques.
 En ce temple, brillant pour les âmes sombres,
 Le taureau est prêt pour une mort esthétique.
25 septembre 2002
Rwanda, Corrida
L’homme est choisi, poussé dans la cour.
 Un instant libre, debout, ébloui.
 A la clameur la foule accourt
 Les rangs s’écartent devant lui.
Vers la vie, les bras levés, il court.
 Il n’a pas d’ennemis, il le crie.
 Ils sont ensemble ils sont sourds.
 C’est un jeu pour eux qui s’ennuient.
Dans l’air la machette luit
 Et manque l’épaule qui s’esquive.
 Une autre a tranché, geste exquis
 Les lames le vrillent, le plaisir s’avive.
Le colonel et la foule incertains
 Attendent le geste élégant.
 L’infirme déchiqueté implore d’une main,
 Ses larmes inutiles sont de sang.
Oh qu’elle est belle la scène
 Toute de rouge sur du noir.
 Elle rappelle les coutumes anciennes,
 Tue la peur et redonne l’espoir.
L’agonie est amère
 Pour celui qui n’a pas d’ennemis.
 Sa vie aura servie, éphémère
 Au plaisir de mort, dans l’oubli.
Devant lui la fosse est remplie
 Des chiens grignotent des oreilles.
25 août 2002
Bruno Echalier
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