lundi, 08 juillet 2013
8 juillet, billet anniversaire
AlmaSoror, que faisiez-vous au 8 juillet, l'an dernier ?
Je méditais sur les vaches et la vie qu'elles mènent sous notre joug.
En 2010 ?
J'évoquais les stations service et Louis Aragon.
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jeudi, 08 novembre 2012
Soleil d'hiver
Par Hanno Buddenbrook
"Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend"
Louis Aragon
Mais tu parlais. Et je ne t'écoutais plus. J'étais parti. Je voguais en pensée sur la lame du couteau. Un matin, las de rêver d'ailleurs insaisissables, j'ai mis dans un sac quelques objets d'importance médiocre et j'ai pris la route. Le scooter ne tomba pas en panne, complice mystérieux de mon amour blessé.
Je roulai, des heures, sur l'autoroute du soleil gercé par les froidures d'hiver. J'écoutais mon coeur craquer ses chaines et retrouver sa libre respiration, loin de tes mépris du matin. Mon blouson laissait passer des flots de vent qui me délivraient. Envoloppée dans une joie nouvelle, je sentais aux yeux des larmes perler comme des présents d'une enfance depuis lontemps perdue.
J'arrivai dans un motel au bar paumé comme il y en a sur cette côte de France. Je savais que j'étais redevenu libre. Je savais que je n'avais plus rien.
Errances, vagabondages, rencontres, tentatives, déceptions, rires partagés : ce qui suivit n'a pas sa place ici.
Je me demande parfois ce que tu as pensé ce matin-là, si tu as crié. Je me demande où tu es, à quoi tu penses. Est-ce qu'un autre homme-esclave souffre à tes côtés, à ma place ?
Le jour où j'ai tout quitté, j'ai salué à nouveau l'enfant que j'avais été un jour et qui avait souffert de désamour. Je lui ai dit : "maintenant, ça va aller mieux. On va avoir faim, ou froid, ou mal, mais on va sourire aux étoiles, et on va s'aimer en se regardant dans le miroir du rétroviseur".
Et l'enfant et l'homme roulent ensemble, depuis. Amis. Guéris.
Hanno Buddenbrook
(traduction d'Edith de CL)
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jeudi, 08 juillet 2010
Les stations-service
Voulez-vous lire un extrait du Paysan de Paris, de Louis Aragon ?
Ce livre surréaliste exalte évidemment le progrès, et particulièrement le progrès du béton sur la forêt, le progrès du citadin sur l'homme de la terre, ce qui peut faire froid dans le dos, certes, aux frères des animaux, des arbres et de l'enfance va-nu-pieds. N'en admirons pas moins le style, la pensée, la poésie.
Admirons aussi la mystique presque médiévale du bâtisseur inconnu...
Enfin, admirons la naïveté d'un communiste pratiquant, c'est à dire adepte d'une religion sans dieu qui fit des millions de morts, face aux terribles moeurs des lointains peuples "primitifs".
Les stations service, donc. Voilà comme il les décrit - en 1926 :
"Ce sont de grands dieux rouges, de grands dieux jaunes, de grands dieux verts, fichés sur le bord des pistes spéculatives que l'esprit emprunte d'un sentiment à l'autre, d'une idée à sa conséquence dans sa course à l'accomplissement. Une étrange statuaire préside à la naissance de ces simulacres. Presque jamais les hommes ne s'étaient complus à un aspect aussi barbare de la destinée et de la force. Les sculpteurs sans nom qui ont élevé ces fantômes métalliques ignoraient se plier à une tradition aussi vivre que celle qui traçait les églises en croix. Ces idoles ont entre elles une parenté qui les rend redoutables. Bariolés de mots anglais et de mots de création nouvelle, avec un seul bras long et souple, une tête lumineuse sans visage, le pied unique et le ventre à la roue chiffrée, les distributeurs d'essence ont parfois l'allure des divinités de l'Egypte ou de celles des peuplades anthropophages qui n'adorent que la guerre. Ô Texaco motor oil, Eco, Shell, grandes inscriptions du potentiel humain ! bientôt nous nous signerons devant vos fontaines, et les plus jeunes d'entre nous périront d'avoir considéré leurs nymphes dans le naphte".
Louis Aragon, le Paysan de Paris, 1926
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mardi, 20 avril 2010
Les mains d'Elsa
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli
Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet des sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu
Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.
Louis Aragon
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mardi, 20 octobre 2009
Rock antispéciste
3 contributions animales et musicales.
Le rock est une musique qui a jailli d'un coup et l'antispécisme est une pensée qui montera peu à peu. Le rock s'est explosé et il faut faire sa généalogie pour pouvoir en comprendre l'essence. Ce sera sans doute pareil pour l'antispécisme.
Je ne sais pas si les deux musiques présentées ici entrent dans la catégorie rock, mais comme j'aime ce mot, je les intègre. S'agissant de Robert Wyatt, il a quand même beaucoup du rocker. Pour Tribunal Animal, c'est beaucoup moins certain.
Mais ces deux musiques sont des témoignages de guerre et de torture. Ou bien ce sont des messes.
Robert Wyatt a composé une oeuvre autour de l'expérimentation animale. L'album de Tribunal animal tourne beaucoup autour des processus qui entourent l'alimentation carnée.
Les deux pochettes sont sublimes et sans fard. Le singe de The animal film et la vache de Tribunal animal ornent ces pochettes et nous ne pouvons plus ignorer que l'animal a un visage. Chaque animal a un visage, un coeur une âme, des amours, des souffrances.
Dire "ils ne ressentent pas", c'est fermer la porte de notre propre conscience ; c'est jeter dans dans la poubelle d'un parking de supermarché les clefs de notre sensibilité.
Les bébés ne ressentaient pas la souffrance, jusque dans les années 80 : seule l'hystérie des mères leur faisaient croire que leur bébé opéré à vif souffrait "comme nous".
Et si, les bébés qu'on opérait à vif souffraient comme nous.
Et tous les animaux abattus, opérés, "expérimentés", souffrent comme nous.
Les repentances viennent toujours trop tard. Les médailles ne relèvent pas les millions de visages humains et animaux, sacrifiés à l'autel de la consommation et de la guerre, ces visages originaux, ces visages uniques qui se sont tordus en un même rictus d'horreur au moment de mourir.
Mais les musiques éveillent les sens, les coeurs, les âmes des consommateurs et des soldats "qu'on avait habillés pour un autre destin".
The animal film de Robert Wyatt et Tribunal animal de Tribunal Animal sont les oeuvres-mères. Elles ont tiré du néant la future immense et intarissable musique antispéciste.
Et demain sera bien : les artistes écarquilleront les yeux en cherchant en vain chez leurs aînés les traces d'une sensibilité qui leur paraîtra si évidente.
Mais c'est un triste fait : l'homme branché du début du XXème siècle pavanait avec des idéologies que l'homme branché du début du XXIème siècle récuse haut et fort. Mais celui ci pavane avec des idéologies dont il ignore que les hommes branchés de demain les récuseront haut et fort.
Le long et obscur travail de la militance est ardu et cruel ; il ne rapportera rien à celui qui le fait ; il sera forcément récupéré un jour. Mais il est essentiel.
Chaque animal a toujours eu un visage unique depuis la nuit des temps. Mais notre regard utilitaire ne l'a pas encore remarqué. Nous voyons les visages de ceux que nous n'exploitons pas. Si nous voyions les visages de ceux que nous exploitions, "que nous resterait-il donc pour nous sauver du désespoir ?"
Après une pause de quelques semaines, je reviens à cet article :
Une troisième contribution animale et musicale, découverte ce soir, mardi dix-sept novembre de l'an MMIX : The Red Paintings. The Red Paintings ont écrit la chanson du film des défenseurs de baleines qui agissent autour de Paul Watson, en mer du Japon.
Leur texte de présentation :
IS THE REVOLUTION COMING? (la révolution est-elle entrain d'arriver ?)
De la tournée The Animal Rebellion (la révolte animale), écoutez les titres We belong to the sea et Feed the Wolf. La chanson écrite en collaboration avec Paul Watson et les sauveurs de baleines du Sea Shepherd s'appelle Whales are dying (les baleines meurent).
Trash McSweeney dirige ce groupe musical antispéciste et fait appel à des peintres et autres artistes pour donner à ses concerts un multiexpressivité artistique passionnante.
Liens :
Une marche humaine (sur animauzine)
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