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vendredi, 28 septembre 2012

Deux amants

Capitaine Morhange, Hanno Buddenbrook, Jean-Christophe Krafft, Sables d'Olonne

Capitaine Morhange et Hanno Buddenbrook, je vous ai aimés tous les deux, chacun d'une manière différente. On médisait de moi pour cela, mais vous, vous me compreniez si bien ! Et c'était ma façon aussi de vous aimer que de chanter nos amours sur la harpe celtique du Grec Alexis, cette harpe qu'il avait oubliée au fond d'un bar des Sables d'Olonne, un soir, après la pluie, avant la lune, pas loin des vagues.
Et toi, Anthony M-C, tu étais là aussi, ignorant peut-être nos vagissements intérieurs, au milieu des bières et des nuages de fumée - il n'était pas encore interdit de fumer - et tu priais, tu priais ce Dieu que tu rencontrais chaque jour un peu plus et dont nous nous éloignions chaque aube un peu plus. 

Il y avait d'autres êtres qui sévissaient et chantaient au fond de la pièce tamisée. Jean-Christophe Krafft, l'ami revenu de si loin, Vincent S et Vincent P-Sterne (et nous tentions de savoir lequel était du pôle Nord, lequel venait du pôle Sud). Il fallait jouer de cette harpe oubliée et Dominique LB cherchait à décrypter le sens du mythique phare de la mer des noyés.
Et puis il y avait l'heure, l'heure qui tournait, et il y avait l'amour des chants silencieux. 
Capitaine Morhange, nous consumâmes cet amour ; depuis, on m'a accusée d'être la cause de ta déchéance. Hanno Buddenbrook, nous restâmes chastes ; souvent, on m'a accusée d'être la cause de ta décadence. 
Et personne n'a jamais accusé personne d'être la cause de ma déshérence. Mais ceci est une autre histoire. Une histoire qui pourrait bien tourner autour de ce nom : Alix Durand-Boucher.
 
E CL

mardi, 17 juillet 2012

s'apprêter à soutenir vaillamment le combat qu'on a provoqué

Jean-Christophe, Romain Rolland

"Elle s'ennuyait, s'ennuyait... Elle s'ennuyait d'autant plus qu'elle ne pouvait se donner comme excuse qu'elle n'était pas aimée, ou qu'elle ne pouvait souffrir Olivier. Sa vie lui paraissait bloquée, murée, sans avenir, elle aspirait à un bonheur nouveau, sans cesse renouvelé, - rêve enfantin que ne légitimait point la médiocrité de son aptitude au bonheur. Elle était comme tant d'autres femmes, tant de ménages désoeuvrés, qui ont toutes les raisons d'être heureux, et qui ne cessent de se torturer. On en voit qui sont riches, qui ont de beaux enfants, une bonne santé, qui sont intelligents et capables de sentir les belles choses, qui possèdent tous les moyens d'agir, de faire du bien, d'enrichir leur vie et celle des autres. Et ils passent leur temps à gémir qu'ils ne s'aiment pas, qu'ils en aiment d'autres, ou qu'ils n'en aiment pas d'autres, - perpétuellement occupés d'eux-mêmes, de leurs rapports sentimentaux ou sexuels, de leurs prétendus droits au bonheur, de leurs égoïsmes contradictoires, et discutant, discutant, jouant la comédie du grand amour, la comédie de la grande souffrance, et finissant par y croire... Qui leur dira :

- Vous n'êtes aucunement intéressants. Il est indécent de se plaindre, quand on a tant de moyens de bonheur !

Qui leur arrachera leur fortune, leur santé, tous ces dons merveilleux, dont ils sont indignes ! Qui remettra sous le joug de la misère et de la peine véritable ces esclaves incapables d'être libres, que leur liberté affole ! S'ils avaient à gagner durement leur pain, ils seraient contents de le manger. Et s'ils voyaient en face le visage terrible de la souffrance, ils n'oseraient plus en jouer la comédie révoltante...

Mais, au bout du compte, ils souffrent. Ils sont des malades. Comment ne pas les plaindre ?  - La pauvre Jacqueline était aussi innocente de se détacher d'Olivier qu'Olivier l'était de ne pas la tenir attachée. Elle était ce que la nature l'avait faite. Elle ne savait pas que le mariage est un défi à la nature, et que, quand on a jeté le gant à la nature, il faut s'attendre à ce qu'elle le relève, et s'apprêter à soutenir vaillamment le combat qu'on a provoqué".

In Jean Christophe, de Romain Rolland.

mercredi, 09 novembre 2011

Jean-Christophe - 8 novembre 2011

 

"La cruauté envers les animaux et même déjà l’indifférence envers leur souffrance est à mon avis l’un des péchés les plus lourds de l’humanité. Il est la base de la perversité humaine. Si l’homme crée tant de souffrance, quel droit a-t-il de se plaindre de ses propres souffrances ?"

Romain Rolland

 

Romain Rolland, Madeleine Rolland

Frère et Soeur Rolland

 

 

Romain Rolland a inventé l'expression « roman-fleuve » ; il a inventé l'expression « sentiment océanique », qu'on trouve dans sa correspondance avec Sigmund Freud. Il a milité pour l'Europe fraternelle ; il a été l'ami de Tolstoï et de son disciple Gandhi ; il a, comme eux, défendu les animaux. Il a été un pionnier de la musicologie.

Son roman Jean-Christophe, qui lui a fait obtenir le prix Nobel, a rendu ardents et fébriles d'enthousiasme des jeunes gens du monde entier pendant toute la première partie du XXème siècle. Dans le monde communiste il est demeuré un héros. Aujourd'hui, il est plus lu et étudié à l'étranger qu'en France.

Mais son Jean-Christophe a été conçu, et les premiers jets ont été écrits au 162 boulevard du Montparnasse, dans l'obscurité.

C'est pourquoi, aujourd'hui, dans l'obscurité, un petit groupe de têtes fêlées se rassemble au 13 boulevard du Montparnasse le mardi soir, pour lire à voix haute le premier roman-fleuve, l'histoire de Jean-Christophe Krafft.

 

SaraPhot Sara

 

La première « lecture du mardi » a eu lieu hier. Elle était accompagnée d'un Monbazillac blanc moelleux et d'une fourme du Puy de Dôme.

A mardi prochain, frères lecteurs, pour un autre chapitre, un autre fromage, un autre vin. A mardi prochain, pour la messe de Jean-Christophe.


Les officiants d'hier : Laure ; Alexandre ; Francis ; Vincent ; Dominique ; Jean-Pierre ; Stéphanie ; Emmanuel ; Edith


Conseils de lecture :

Ce passage sur la musique, de Jean-Christophe

La nouvelle "Le prophète", de Thomas Mann

ciel de Mavra, Biarritz

Ciel Mental, par Mavra