vendredi, 04 janvier 2019
Puisqu'il faudra mourir,
nous contemplons parfois, tantôt pleins d'ivresse, tantôt assaillis par la mélancolie, les arbres qui mènent au grand lac. Le vendredi nous faisons maigre, avec le maquereau aux herbes de Provence, le bouillon de poireau et les pommes cuites à la cannelle et au gingembre. Et le samedi nous faisons gras ! En passant par l'arrière du village, on entend les moines qui chantent dans leur abbaye close. Nous cueillons les dernières mûres de l'année. Nous nous souvenons du temps où nous vivions à cent à l'heure, dans la ville, au milieu des gens qui passent et des choses qui tournent. Mais nous ne saurions plus aujourd'hui y rester trop longtemps, par peur, peut-être, de voir tout ce que nous ne savons plus être.
| Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | Imprimer |
lundi, 18 août 2014
La perfection
Le luxe, c'est un chant grégorien qui s'écoule dans la tiédeur d'un après-midi baigné de vent léger, un livre posé sur une table ancienne, le bruissement des feuilles des plantes et des arbres, l'attente du dîner du soir en bonne compagnie et la certitude de contempler un tapis d'étoiles avant de regagner un lit dans une petite chambre au fond d'un couloir.
C'est l'odeur du bois d'un meuble, c'est le crépitement du feu, c'est le sourire de l'âme quand le nez hume le fumet d'un plat désiré.
C'est l'absence de douleur physique ou morale, l'oubli des soucis, le temps d'une seconde ou d'un long séjour.
C'est quand la pensée n'est plus barrière surgie entre soi et le monde, mais l'une des émanations de l'instant qui passe, en harmonie avec les autres éléments perceptibles ou imperceptibles.
| Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | Imprimer |
mardi, 24 juillet 2012
Je crois vous reconnaître, homme bizarre qui m'évitez
Marchand, étiez-vous au bar des désespérés le soir où Nayon s'est noyé ? Y buviez-vous cette bière oblongue, vers neuf heures du soir, le 23 ventôse de l'an 2087 ? Si oui, avez-vous noté la lueur falote qui dansait au fond des yeux de la barmaid noire, quand son amie l'a caressée aux cheveux ? Et croyez-vous qu'on puisse un jour réécrire l'histoire, cette histoire du pirate blessé qui chantait le rorate caeli grégorien en levant le regard vers le ciel ? Et savez-vous ce que sont devenus ces âmes éparses qui nous lorgnaient en vidant des verres de Côtes du Mont Ventoux ? Marchand, était-ce vous qui chantonniez l'angélus de Jean-Christian Michel en dépassant d'un pas rapide les trois hommes en noir, comme pour une procession funèbre ? Marchand, je crois vous reconnaître. Je crois me souvenir de votre nom : Marchand. Et de votre sourire : triste. Et de votre profession : maçon en préretraite. Et je crois que c'était vous, et que vous le savez, et que vous ne le direz pas.
Publié dans L'oiseau, Super flumina babylonis | Lien permanent | Commentaires (3) | | Facebook | Imprimer |
vendredi, 15 janvier 2010
L’hymne de Saint Jean
Vers l’an 800, Gerbert élabore la gamme ut, ré, mi, fa, sol, la, si, en empruntant les premières syllabes, qui correspondaient aux notes de cette gamme, à l’hymne de Saint Jean :
Ut queant laxis
Resonare fibris
Mira gestorum
Famuli Tuorum
Solve poliuti
Labii reatum
Sancte Johannes
C’est la lointaine origine de la chanson du film La mélodie du bonheur, de Robert Wise, qu’on regardait, tous les enfants, sur la télévision des voisins.
DN Steene
Publié dans L'oiseau | Lien permanent | Commentaires (9) | | Facebook | Imprimer |
jeudi, 22 octobre 2009
Réponse à Katharina
Katharina chérie, c’est parce que ça fait quelques semaines que les effets de mes soirs d’exil intérieur de ces longs derniers mois se font sentir : j’écoute Exit Music (Radiohead), Into my arms et Weeping song (Nick Cave & the Bad Seeds), et je danse. Alors que la journée, en général, j’ai écouté les disques de l’année liturgique en chant grégorien, enregistrés par la schola Bellarmina de l’abbé Lorber.
Au début, je ne sentais pas les effets. Peu à peu, j’ai compris que mon inconscient libérait des blocs de béton qui étaient enfermés là depuis trop longtemps. Ils ont coulé et sont redevenus sable et se sont écoulés partout, notamment sur ce blog que je te remercie de suivre assidûment.
Et il y a eu ce pouilly fumé lors des déjeuners de la SGDL, à l’hôtel de Massa. Et il y a eu ces souvenirs réémergés au cours d’une danse avec quatre inconnus dans au fond d’un hôtel du quartier Saint Roch, à Paris. Et tout cela fait exploser les barrières dont j’ignorais l’existence, et toi même j’aurais tellement de choses à te dire. Mais ce sera quand tu reviendras. Depuis quand ne nous sommes-nous pas serrées dans les bras ? Tu m’as soutenue, défendue, aidée et aimée dans un moment où j’avais justement besoin de cela, et je ne l’oublierai jamais.
Pour toi Katharina, mille baisers de cette nuit parisienne qui commence et que je vais peut-être passer à Insomniapolis.
Merci et tendrement,
édith
Publié dans L'oiseau, Ὄνειροι | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | Imprimer |