samedi, 07 septembre 2013
Axel Randers
Photo prise par Axel Randers au Pont-Hus, dans les années 70
Axel est né en 1966. Il vit (et meurt de plus en plus, comme il le rappelle cruellement) à Zurich.
Je (Édith, qui rédige sa note biographique) l'avais rencontré quand j'étais petite fille, on m'avait laissée entrer dans le mystérieux salon et il était là, en visite, amené par un de ses copains.
Bien plus tard, dans la crypte du monastère où avait lieu l'étrange conférence sur la dynamique des fluides appliquée aux âmes canines et humaines, nous avons mis longtemps à se rendre compte que nous nous étions s'était déjà vus.
Il se rappelait de deux ou trois enfants, effectivement, qui couraient dans le vestibule.
Quelques articles d'Axel Randers, seul ou en collaboration, pour AlmaSoror :
Hétérosapiens ? Amour, sexe, filiation & liberté
Lettre d'un Suisse à une Allemande qui étudie la colonisation française
Université d'antan, amis de demain
Echec de l'école ou réussite de la télévision ?
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mercredi, 27 février 2013
Une jeunesse dunkerquoise
Extrait de la lettre de Jean-Pierre Liénard à Jacques Bertin
«Il reste heureusement toujours quelques chanteurs-citoyens - bien qu'épiés par les sirènes de la renommée - suffisamment âpres pour que leur épice surnage au dessus du brouet des radios commerciales.
La nostalgie, la tristesse sont parties prenantes de la beauté. Les chants les plus beaux sont-ils désespérés ou de revendication comme le clamait Léo Ferré ?»
Lisible ici, cette lettre retrace l'atmosphère étudiante provinciale et studieuse des années 70, emplie de chansons, de rêveries politiques et amoureuses.
Elle a été écrite par Jean-Pierre Liénard (un ancien condisciple de la tenancière d'AlmaSoror au cours de langue amharique des Langues O) au chanteur Jacques Bertin, en 2004, et ce dernier en a dévoilé de longs extraits sur son site.
Je conseille la lecture de la lettre entière, sur le site où elle nous attend. Elle nous plonge dans une jeunesse de beauté et de tristesse, de rêves fous et de sagesses, à Dunkerque, dans les années 70. Cette lettre elle-même est un chant.
«Je suis revenu dans ma ville natale fin 78. Me voilà en charge de la maison familiale, et d'un frère fragilisé par les événements liés à la perte de nos parents. La maison est grande. Vide, la villa "Le Cygne", pour deux frères et un chien. Alors nous allons créer petit à petit une sorte de communauté, un phalanstère où je suis seul à travailler. Les autres, lycéens, jeunes gens en rupture, jeunes filles en fleur, viennent là réviser leurs cours, boire le thé, jouer au tarot, oublier leurs soucis familiaux, et écouter les disques d'une collection qui s'enrichit peu à peu. A chacun son favori. Cathy préfère Harmonium, José ne jure que par Béranger, Florian bouscule toute la maison avec Trust et AC-DC, Patrick, joueur de trombone, opère de façon systématique en commençant par les Léo Ferré, puis en continuant par les Ferrat, au rythme d'un achat par mois. La chaîne Hi-Fi et le magnétocassette Nakamichi tournent en continu au long des longues parties de tarot. Au hit-parade de ces "années-sandwich" figurent en bonne place les deux premiers Dick Annegarn, les Béranger, les Beau Dommage, un Brua ("Dis-moi le feu") et les Bertin. J'entends encore votre voix nue monter au dessus des rumeurs de la salle en ouverture du récital en public… "Indien". J'entends cette même voix emplir le salon de la villa : il y a au moins deux chiens, une jeune fille toute à sa lecture, un autre qui bricole une moto dans la rue, moi qui corrige des copies peut-être, et le temps suspendu qui se fracassera au prochain coup de sonnette. "Le bonheur est l'algèbre intime des sourciers". Voilà notre "Domaine de joie", entre les échappées belles en vélo vers la Belgique et les parties de foot sur la plage à marée basse. L'ambiance est bon enfant, les cœurs et les corps sont pudiques, les amours platoniques, les lettres de l'époque sont drôles et rédigées en commun à l'adresse des déserteurs, partis garder une colo, ou expédiés dans un collège privé au fond de la Bretagne. Avec des instants magiques, tous devoirs faits, vaisselle et copies, certains soirs à Dunkerque. Volets baissés, écho de la corne de brume. Mon frère étudie sa philo (il est plongé dans Nietzsche, qui lui parle de thermodynamique) et moi j'écris à un ami. Régulièrement l'un de nous se lève et change de face sur la platine le disque Alvarès C 470 "Si je savais les mots" »…
Jean-Pierre Liénard, lettre à Jacques Bertin
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mardi, 04 mai 2010
Karamazov-archivage IV
AlmaSoror entame l'archivage de Karamazov, numéro spécimen d'un journal qui a failli exister, dans la décennie 1970.
Mais plutôt que d'être un début, Karamazov fut en fait une fin : la clôture d'une ère de rencontres au fond d'une cour du boulevard du Montparnasse, à Paris. Rencontres où se fermaient les bienpensances du dehors pour allumer les libertés des cerveaux.
Par des matins brisés,
par Anne de La Roche Saint-André
Par des matins brisés
Comme un enfant perdu
Sur les Champs Élysées
Le visage tendu
Je me suis réveillée
Et ce n'était qu'un rêve
Le jour ensoleillé
Le soleil qui se lève
Car au fond de mon âme
Le mal d'être, l'angoisse,
La solitude infâme
Sont des réalités
Que je hais plus que tout
Étant l'éternité.
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