jeudi, 12 septembre 2013
Ange - de l'abandon des chiens
Les abandons de chiens ne sont pas rares et se ressemblent. Le chiot grandit parmi des êtres humains ; il apprend à aimer ces êtres bizarres qui se tiennent debout sur leurs pattes arrière. Un jour, les humains énervés par une bêtise décident d’en finir avec cet aboyeur gênant. Ils le portent à un refuge ou l’attachent à un arbre sur le bord de la route. Le cœur du chien s’emplit de tristesse.
La suite de l’histoire est incertaine. Certains chiens passent toute leur vie dans un chenil. D’autres sont tués. D’autres rencontrent de nouveaux humains qui essaient de les consoler.
Ce chien-là s’appelait Ange. Au bord d’une route, le père l’avait attaché à un poteau électrique, pendant que la mère distrayait les enfants pour qu’ils ne se s’aperçoivent de rien. La voiture était repartie en trombe, et Ange était resté attaché.
Pendant trente jours et trente nuits, les enfants demandèrent où leur ami avait disparu. On leur dit qu’il s’était enfui parce qu’il était tombé amoureux. Mais ils ne le crurent pas. On leur dit qu’il avait trouvé un copain. Mais ils ne le crurent pas. On leur dit que s’ils continuaient à demander, ils recevraient une bonne torgnole.
Ils le crurent.
Après avoir hurlé jusqu’au fond de la nuit, Ange s’écroula de fatigue au pied du poteau, dans le froid de la nuit automnale. Il s’endormit.
Au petit matin, il réussit à détacher la laisse du poteau. Il était seul, au bord de la route déserte : aucun humain, aucune bête ne passait aux alentours. Il s’élança en courant sur la route.
Il partit dans la direction qu’avait prit la voiture de sa famille bien aimée. Son corps, son cœur et son esprit s’accrochaient à cette idée : retrouver ses humains. Peu importait si leur cruauté lui donnait une douleur insupportable.
A bout de souffle, le corps meurtri, il courut sur le bord de l’autoroute depuis l’aube jusqu’au soir.
Au bout de cette course effrénée, il aperçut quelque chose de magnifique dans le ciel lointain. C’était le soleil, qui voulait se coucher, et s’installait confortablement sur l’horizon. Une tâche rouge traversa l’astre fatigué, comme un sourire, et Ange crut que le soleil l'invitait à venir dormir auprès de lui. Ému, il reprit une dernière fois son souffle, et courut vers ce grand frère jaune. L’horizon ressemblait à un lit, douillet et moelleux. Ange se dépêchait, et songeait que lorsqu’il serait au creux de ce lit, tout au bout du ciel, il pourrait boire un peu d’océan et manger des nuages. Il courut de plus en plus vite, chargé d’espoir.
Quand il vit qu’un grand chien attendait dans le soleil, et frétillait de la queue en le voyant venir, prêt à jouer, il sentit une joie chaude envahir son cœur. Cela lui donna des ailes, à lui qui courait depuis l’aube.
Heureux, dans un dernier élan, Ange plongea dans le soleil.
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dimanche, 11 août 2013
Extrait du journal de Baude Fastoul de Kevin de M-L
11 août 2013
Je t'aime, monde. Je t'aime, vie. Mais j'ai du mal à vous supporter, la plupart du temps. Peu à peu je calmerai mon cœur, j'approfondirai la connaissance de mon corps et je laisserai mon âme les emplir d'une paix plus large que les tribulations du mental, ce drôle de capitaine qui court sur le pont pour ne pas perdre le Nord, toujours un peu trop à l'Ouest, de bonne volonté, de moins bonne compétence...
Peu à peu j'apprendrai la simplicité du bonheur, la solidarité des êtres déchargés de leur ego malfaisant, la douceur de l'amitié dénuée des comparaisons pernicieuses. Peu à peu je comprendrai comment on doit vivre et mourir en accord avec la Nature.
Peu à peu j'adapterai mon souffle au souffle des dauphins, qui savent si bien unir l'air et la mer, l'homme et le poisson. Ils sont les anges de cette planète.
Peu à peu je deviendrai un ange.
Kevin de Motz-Loviet
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jeudi, 01 novembre 2012
Archange
N'ayez pas peur de lui... N'ayez pas peur de vous. Ecoutez ce chant funèbre, somptueusement déployé par un ange poignardé :
What power art thou,
Who from below,
Hast made me rise,
Unwillingly and slow,
From beds of everlasting snow!
See'st thou not how stiff,
And wondrous old,
Far unfit to bear the bitter cold.
I can scarcely move,
Or draw my breath,
I can scarcely move,
Or draw my breath.
Let me, let me,
Let me, let me,
Freeze again...
Let me, let me,
Freeze again to death!
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