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dimanche, 11 novembre 2012

Ces bêtes qu’on abat : Des hurlements de porcs

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Des hurlements de porcs

 

Dans un abattoir de Bourgogne, l’étourdissement des porcs s’effectuait en pleine infraction, et sans que quiconque soit inquiété par les autorités compétentes présentes dans l’abattoir. À mon arrivée, j'assistai à l'étourdissement des porcs. Ceux-ci étaient conduits hors des stabulations par un large chemin d'amenée qui traversait la cour vers le local d'étourdissement. Ils y étaient entassés par dizaine et étourdis, sans piège d'immobilisation, à l’aide d’une pince électrique utilisée manuellement. Les porcs étaient étourdis et suspendus par la même personne, cependant, elle les étourdissait deux par deux (ce qui est interdit). Lorsque le premier s'effondrait, l’employé en étourdissait un autre dans le lot mis en place dans la case d’abattage. L'employé se saisissait d'un crochet pour enchaîner l'un des deux cochons afin de le suspendre, mais il avait beaucoup de mal, car la panique s’emparait des autres qui piétinaient ceux qui venaient d’être étourdis et qui gisaient sur le sol. Il fallait tenter de les dégager pour faire de la place. L'agitation était telle que l'employé devait s'équiper de protège-tibias. Non seulement la procédure était incorrecte, mais en plus l’employé perdait du temps en ne se pressant pas et en discutant avec d’autres employés. De façon générale, il s'écoulait trop de temps entre l'électronarcose et la saignée, alors que cela doit être réalisé le plus tôt possible et avant que l’animal ne reprenne conscience. Plusieurs cochons se réveillaient pendant la saignée : en effet, lorsque j’effectuais le test occulopalpébral, certains cochons clignaient des yeux et suivaient mon doigt du regard. L’étourdissement n’avait servi à rien.

 

Les vétérinaires et les techniciens vétérinaires travaillant dans l'enceinte de l'abattoir semblaient ne pas s’en préoccuper. Le responsable m'a même demandé ce que je pensais de l'abattage des porcs. Je lui avais répondu que l'électronarcose était insuffisante, qu'il fallait étourdir les porcs un par un et les saigner immédiatement. Mais l'activité s'est poursuivie de la même façon jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de porcs.

 

L'abattage des porcelets se déroulait d’une façon identique. Étourdies deux par deux, les petites bêtes donnaient l'impression d'agoniser au sol tant elles s’agitaient. L'employé, muni de sa pince électrique devait leur courir après et pratiquement leur sauter dessus pour pouvoir les étourdir. Affolés, les porcelets couraient partout, parfois jusque dans le local d'à côté. Une fois suspendus, ils s'agitaient énormément et, même saignés, bougeaient encore. Certains tombaient en se décrochant, se vidaient de leur sang dans le bac de récupération du sang ou directement sur le sol.

 

L'étourdissement des porcs et des porcelets était extrêmement critiquable. Il n’était pas difficile, pour les services vétérinaires, de faire procéder à un étourdissement individuel, suivi de la saignée, en prenant les porcs un par un. Pour l'abattage rituel des veaux et ovins, les animaux étaient suspendus vivants avant la saignée. Le responsable de l’abattoir m'avait dit que la direction des services vétérinaires le savait, qu’elle était au courant et qu'elle n'avait jamais rien dit, alors pourquoi devrait-il faire autrement ?

 

Dans un petit abattoir de Bretagne, je suis rentré par ce qui me semblait être une remise ou un vestiaire où étaient entreposés des caisses, du matériel, des affaires de bureau, des papiers. C'était humide. On s'échangeait du poisson et on ouvrait une bouteille de cidre. Mais en fait, je crois qu’il s’agissait des bureaux. Dans la salle d'abattage, ce n'était pas mieux. On pouvait y circuler en habit civil. C'était d'une grande insalubrité : du papier brûlé, du matériel sale était entreposé, des lattes de bois... Je ne sais pas si cet abattoir est encore en fonction, mais des bâtiments en construction étaient visiblement destinés à une mise en conformité.

 

L’abattage des porcs était à la hauteur des lieux, c’est-à-dire plus que catastrophique. À mon arrivée, je vis dans la porcherie un porc blessé à l'arrière-train. Il était en position assise et avait perdu beaucoup de sang. J’assistais à l’abattage de cinq porcs. Deux employés ont rentré trois cochons dans un petit local. L'un a présenté la pince d'étourdissement sur la tête d'un cochon. La bête hurlait de douleur pendant l'électronarcose, car l'intensité du courant n'était pas assez forte pour effectuer un électrochoc. L’application de la pince durait longtemps. Voyant le cochon souffrir, j'ai crié pour que les employés arrêtent d’appliquer la pince inefficace. L'un d'entre eux est alors allé chercher un tuyau pour arroser d'eau les cochons. On a repris la pince pour continuer l'anesthésie de celui qui avait été assommé par les chocs électriques, mais encore tout à fait conscient et souffrant.

 

Cela allait un peu mieux, l’eau permettant une meilleure transmission du courant. Toutefois, l’électronarcose était inefficace, les cochons hurlaient et s'agitaient sous les décharges électriques. Suspendus par une patte arrière pour être ensuite saignés, ils n’étaient pas vraiment étourdis, leurs yeux étaient grands ouverts, regardant ce qui se passait autour d’eux, voyant le tueur s’approcher avec son couteau, et pratiquer la saignée. Le test occulopalpébral confirmait que les animaux étaient encore conscients.

 

Un employé est ensuite allé chercher celui qui était blessé, en le traînant par les deux pattes de devant. L'étourdissement de ce dernier fut effectué dans les mêmes conditions.

 

Dans un autre petit abattoir de Bretagne, l’abattage des porcs était également plus que critiquable. En raison de travaux, la porte d'accès au poste d'étourdissement était condamnée. Les employés faisaient entrer les porcs par l'intérieur, c'est-à-dire qu'ils traversaient la salle de dépouillage. Avec des planches et des palettes, on avait obstrué les endroits où les bêtes ne devaient pas aller. Toutefois elles passaient entre les carcasses, allaient se coincer sous le bac d'eau chaude et sautaient dans le bac d'égouttement du sang. Les employés avaient beaucoup de difficulté à mener les cochons jusqu’au poste d'étourdissement. Cinq petits cochons avaient été conduits dans l'étroit local d'étourdissement et de saignée. Quatre d'entre eux ont été tués. Le cinquième, un cochon appartenant à un particulier, était resté dans le local sans être abattu pendant une heure. Celui-ci avait

assisté aux abattages de ses congénères et s'était réfugié dans un coin du local. Il tremblait de tout son corps, sans oser bouger tellement il avait peur. J’en garde une image assez triste, tellement on pouvait lire la peur dans l’attitude de repli de cet animal. J’ai envie de dire ici : « Mais comment peut-on faire cela ? »

 

Dans l'étroit local, les employés avaient fait rentrer dix cochons alors que pour travailler dans de bonnes conditions cinq aurait été un grand maximum. Un employé s'était muni d’une pince électrique dont je n’avais jamais vu le modèle, mais qui datait de Mathusalem. Une longue barre en fer avec au bout des cosses en laiton fixées sur un support métallique en V. L'intensité de la pince était très faible, on me l'a confirmé en me disant que l'on pouvait la toucher avec les mains sans rien risquer. Aucun numéro d’agrément n'y figurait, pas même le type et la marque de la pince. Lorsque le responsable se servait de la pince pour étourdir les animaux, il tentait d'immobiliser les porcs dans un coin et plaçait celle-ci convenablement, mais malgré cela les bêtes restaient insuffisamment étourdies. Par contre, l'employé, lui, plaçait la pince n'importe comment, dans la gueule, sur le côté ou sur le groin. De plus, les cochons affolés montaient les uns sur les autres, au point que parfois celui qui subissait l'électronarcose se sauvait. Ce qui faisait que l’employé ne savait plus sur lequel il avait commencé l’étourdissement. Les cochons recouvraient complètement celui dont l'employé était en train d'effectuer l'étourdissement, si bien qu'il ne voyait pas ce qu'il faisait au risque d'électrocuter les autres et de faire n'importe quoi avec la pince. L'électronarcose durait de quarante secondes à plus d'une minute. Les porcs étaient mal étourdis, et subissaient des douleurs dues aux décharges électriques. Ils reprenaient connaissance dés la suspension et étaient conscients pendant la saignée. J'ai effectué le test occulopalpébral qui confirmait l’inefficacité de l’étourdissement.

 

Les abattages des porcs étaient effectués dans de mauvaises conditions. Je m’étais rendu compte de la médiocrité des tueries ; les employés en furent irrités et m'invitèrent à le faire moi-même pour me rendre compte de la difficulté. Je mis en avant le fait que cela n'était pas mon travail et de toute façon avec une pince aussi inefficace ce n'était même pas la peine d'y penser.

 

 

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Cochons morts pendant le transport et déchargés à l’abattoir.
Phot Jean-Luc Daub

 

 

 

 

 

samedi, 10 novembre 2012

Pression atmosphérique : 55 degrés KZF dans les nuages

Pat Metheny

Il y a dans le silence du monde, une place pour ta guitare électrique, Pat Metheny.

vendredi, 09 novembre 2012

La confrérie de Baude Fastoul

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«Quid dulcius quam habere quicum omnia audeas sic loqui ut tecum?»
Cicero

La Confrérie de Baude Fastoul a été créée à la fin du mois de septembre, de l'an 2012.

De quoi s'agit-il ?

Un petit groupe de gens prend la décision de tenir un journal, quotidien si possible. Ils y consignent les faits du jour. Certains restent dans le domaine de leur profession, d'autres notent tout ce qui a lieu dans leur vie. Certains parlent de façon intime, d'autres écrivent quelques notations amusantes à propos de la journée. Certains couchent deux phrases, d'autres détaillent leurs achats, leurs émotions, le déroulement de leurs actions...

Tous sont Compagnons de Baude Fastoul. Tous participent à une grande fresque.

 

Une fresque ?

Une fresque littéraire ! Cette fresque, constituée de tous les journaux, sera le témoignage d'une époque donnée, par divers lorgnettes. Le lecteur du futur y trouvera des informations sur les professions des Compagnons, l'état des villes à notre époque, et tout ce qu'on trouve dans les textes d'époque.

Nous sommes issus d'univers politiques, sociaux, professionnels, différents, quelque fois antagonistes... La fresque sera bigarrée ! 

Afin que chacun reste libre d'écrire ce qu'il pense, nul n'est obligé de dévoiler son journal avant sa mort.

 

Post-Mortem...

Lorsque le dernier d'entre nous sera mort, un site Internet dévoilera tous les journaux. Trois sortes d'accès seront possibles. Un accès chrolologique : on clique sur une date - 3 novembre 2017, par exemple - et toutes les pages de journal écrites ce jour là apparaissent. Un accès lexical : on tape "mosquée" et toutes les pages de journal contenant ce mot apparaissent. La troisième entrée, est tout simplement l'entrée par personne : On clique sur "Sonia Branci" et son journal défile.

 

Moi, par exemple...

Je tiens mon journal depuis le 23 septembre.

Alors ?

L'impression de laisser quelque chose du jour en consignant quelques faits, quelques émotions dans ce journal, me soulage. Comme si j'avais trouvé une arme, une feinte, contre le temps.

La déception que ce que j'y consigne ne vaut pas tripette et ne ressemble pas à l'oeuvre que j'aimerais faire me dépite.

La structure que constitue cette confrérie de Baude Fastoul, l'espoir qu'un jour une grande fresque faite de dizaines de journaux se déroulera devant l'esprit de lecteurs qui n'auront pas connu les temps où nous écrivons, me donne du courage, en ôtant de l'importance à la qualité de mon journal, qui prend sa valeur conjointement aux autres journaux.

 

Les compagnons de Baude Fastoul à l'heure d'aujourd'hui :

Vincent Stanislas

Samuel de Cornulier

Sonia Branci

Jérémie Gallois

Anne de La Roche Saint-André

Jean-Pierre Bret

Dominique Le Brun

Axel Randers

Édith de Cornulier

Aleixandre Loisnac

Katharina Barrows

Javiera Coussieu

Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva

Maud Martin

Pascal Guimard

 

Mais qui est Baude Fastoul ?

Un trouvère picard du XIII°siècle.

Atteint de la lèpre, il savait qu'il lui fallait entrer dans une léproserie dont il ne sortirai jamais.

Alors il composa son congé : un chant en vers, pour dire adieu au monde et faire chanter son coeur avant de s'enfoncer dans le noir.

Merci à lui.

Merci à vous, mes Compagnons.

 

Edith de CL

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 Parmi les journaux passionnants qu'on peut lire, citons celui d'un bourgeois de Paris, datant du XV°siècle, celui de Dangeau (tenu à la Cour de Louis XIV), celui de l'armateur sablais André Collinet, celui de Cosima Wagner, qui nous révèle l'homme dont sortit Tannhauser...
Mentionnons enfin les correspondances (de Madame de Sévigné pour ne citer qu'elle), les mémoires (du Chancelier von Bülow, de Saint-Simon, etc mille autres mémoires).

Le témoignage direct de la vie d'une époque est ce qui nous intéresse. Et notre fresque fastoulienne permettra aux lecteurs de faire face à la multiplicité des façons de vivre, des idées, des interprétations... En plus de permettre une vision plus complète de la vie quotidienne de notre époque, puisque nous ne mentionnerons pas les mêmes types de détail.

 

POST-SCRIPTUM

Si d'aventure vous lisez ce message entre le 9 novembre et le 29, que vous êtes né avant 1990 et qu'en profondeur l'envie de participer vous prend, n'hésitez pas à nous le dire en commentant ce billet.

La minute hypocondriaque VI

La minute hypocondrique du vendredi : le rendez-vous préféré de tous les névrosés !

jeudi, 08 novembre 2012

Soleil d'hiver

Par Hanno Buddenbrook

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"Un grand soleil d'hiver éclaire la colline

Que la nature est belle et que le coeur me fend"

Louis Aragon

 

Mais tu parlais. Et je ne t'écoutais plus. J'étais parti. Je voguais en pensée sur la lame du couteau. Un matin, las de rêver d'ailleurs insaisissables, j'ai mis dans un sac quelques objets d'importance médiocre et j'ai pris la route. Le scooter ne tomba pas en panne, complice mystérieux de mon amour blessé.

Je roulai, des heures, sur l'autoroute du soleil gercé par les froidures d'hiver. J'écoutais mon coeur craquer ses chaines et retrouver sa libre respiration, loin de tes mépris du matin. Mon blouson laissait passer des flots de vent qui me délivraient. Envoloppée dans une joie nouvelle, je sentais aux yeux des larmes perler comme des présents d'une enfance depuis lontemps perdue.

J'arrivai dans un motel au bar paumé comme il y en a sur cette côte de France. Je savais que j'étais redevenu libre. Je savais que je n'avais plus rien.

Errances, vagabondages, rencontres, tentatives, déceptions, rires partagés : ce qui suivit n'a pas sa place ici.

Je me demande parfois ce que tu as pensé ce matin-là, si tu as crié. Je me demande où tu es, à quoi tu penses. Est-ce qu'un autre homme-esclave souffre à tes côtés, à ma place ?

Le jour où j'ai tout quitté, j'ai salué à nouveau l'enfant que j'avais été un jour et qui avait souffert de désamour. Je lui ai dit : "maintenant, ça va aller mieux. On va avoir faim, ou froid, ou mal, mais on va sourire aux étoiles, et on va s'aimer en se regardant dans le miroir du rétroviseur".

Et l'enfant et l'homme roulent ensemble, depuis. Amis. Guéris.

Hanno Buddenbrook

(traduction d'Edith de CL)

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mercredi, 07 novembre 2012

Grégoire de Tours VI

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Hier mardi, soir, sixième lecture de l'Histoire des Francs.

Etaient présents : Dominique LB, Olivier, Christine, Alexandre, Emmanuelle, Marc, Marie-Aurore, Anthony, Mavra, Vincent P, Fabien, Laure, Edith

Cette phrase ouvrit la soirée : "Il me répugne de rappeler les vicissitudes des guerres civiles qui épuisent fort la nation et le royaume des Francs."

Celle-ci la clôtura : "Après cela, Weroc, oublant sa promesse et voulant rompre le traité qu'il avait conclu, envoie Eunius, évêque de la ville de Vannes, au roi Chilpéric ; mais celui-ci pris de colère le fait condamner à l'exil après l'avoir gourmandé".

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"Wiwi, il s'appelle Wiwi et je chante comme lui...

"C'est un garçon pas comme les autres... Mais moi je l'aime c'est pas de ma faute... Même si je sais qu'il ne m'aimera jamais".

wiwibulle,wiwi,chanson

Wiwi est un grand artiste dont l'art consiste à faire éclater en plein jour les misères de nos vies d'adolescents pris en charge par la société du spectacle. De ses vidéos émanent une intensité rare et poignante. Il fait vibrer au plus profond de nous même la corde douloureuse de nos ratages personnels. Mais au même moment où nous sentons que nous allons nous effondrer, ses prestations désopilantes nous portent vers l'éclat de rire.

La fascination se poursuit à travers plusieurs vidéos. Si l'art consiste à "nous faire voir que nous n'avions pas vu ce que nous avons vu", comme l'écrivit Paul Valéry, alors l'ensemble des vidéos de Wiwi constitue une oeuvre en construction, pleine de sens, d'amour et de désespoir.


Wiwi égratigne "suspens" de Jeanne Mas par wiwibulle

 


Wiwi égratigne "Cold song" par wiwibulle


Wiwi égratigne "l'enfant aux cheveux blancs" de... par wiwibulle


Wiwi égratigne "qu'est ce qui t'as pris" de Jean... par wiwibulle


Wiwi égratigne "je veux pleurer comme Soraya" de... par wiwibulle

Les vidéos de wiwibulle sur Dailymotion

mardi, 06 novembre 2012

La fugitive

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Je suis la fugitive vêtue des parures de l'ampleur des normes. Bouffantes, mes manches de quotidienneté. Précieux, les petits boutons qui m'enserrent dans la prison partagée de nos censures.

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L'ange s'avance et vous sentez sa présence, invisible, intangible, androgyne. Son nom ? Judicaël. Son âme ? La douleur. Son arme ? La splendeur. Son rêve ? La douceur. Son aile ? La voilure. Son île ? L'aventure. Son mal ? La biture. Son amie ?

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Je suis Celle qu'il aime, malgré toutes mes turpitudes. Je suis Celle qu'il accompagne. Je suis Celle qu'il sauve, de jour, de nuit et de tous temps. Il est l'ange de mes routes, l'ange de mes insomnies. Il est l'ange de mes jambes brisées, l'ange de mes crises larvées, l'ange de mes voies abandonnées.

Edith de Cornulier-Lucinière, androgynie, voiture, route, autoroute

Et dans mon naufrage il me murmure qu'il m'aime quand même, quand bien même j'ai échoué.

 

E CL

lundi, 05 novembre 2012

Jour de Sleipnir

Jour de Sleipnir, Sleipnir, Venexiana Atlantica, Saint-Isidore de Séville


à Vénéxiana Atlantica, malgré tout :
en dépit de la haine qui se dresse entre nous comme une vague insurfable,

en réponse à ton autobiographie, aux allusions incertaines.


Les oiseaux fantômes ont passé la frontière
Sous les ciels gris, plombés,
Écoute leurs chants sans sommeil
- Entends leurs cris désespérés.
On ne trouve plus d'amour dans les boutiques,
La musique ne s'écoule plus sous les portiques,
Je repense aux jours de notre été...
J'entendais ta guitare pleurer.

Comme des ombres maigres, les cyborgs ont passé
Le pont Saint-Isidore de Séville ;
La cathédrale de verre les a abrités
Le temps d'une prière sans quête, sans sébile.
Il n'y a plus de noir, les nuits sont imparfaites,
Les aubes semblent fatiguées par toutes les fêtes,
J'ai rêvé du temps où, sans m'inquiéter,
J'entendais ta guitare pleurer.

Les chevaux psychopompes ont ouvert une cohorte,
C'est Sleipnir qui marchait le premier.
L'âme est le cœur de l'homme, c'est le corps qui la porte,
Et le cœur n'est qu'une pompe à brasser.
Je n'écoute que les bûches qui crépitent.
Le soir s'étire, au jardin l'enfant s'agite...
Savais-je ce que tes mains voulaient plaider ?
J'entendais ta guitare pleurer.

Édith  CL, début avril 2012

dimanche, 04 novembre 2012

Ces bêtes qu’on abat : Dernier sursaut d’un veau

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Dernier sursaut d’un veau

 

Dans un abattoir de Bretagne qui abattait des veaux provenant d’élevages en batterie (élevés les uns à côté des autres dans des cases en bois si étroites qu’ils ne pouvaient pas se retourner et étaient condamnés à garder toujours la même position), j’assistais aux égorgements de l’abattage rituel juif. Les veaux empruntaient un chemin d’amenée bien aménagé qui montait progressivement vers un piège de contention mécanique. Ce piège était fixe, en forme de case, il était en inox et en plastique blanc. Les veaux étaient saignés debout. Tandis qu’une mentonnière relevait la tête des veaux, le sacrificateur juif les saignait en passant son couteau par-dessous la gorge. Il était équipé d’un couteau extrêmement tranchant. Entre les saignées, il passait son temps à l’entretien du couteau. Le piège de contention debout était moins stressant pour les veaux. Néanmoins après la saignée, on pouvait se rendre compte de la façon et de la durée que mettaient les veaux à mourir en se débattant, après l’égorgement, de toutes leurs forces.

 

Durant la journée réservée à l’abattage rituel, c’est avec dégoût que l’ensemble du personnel travaillait. Selon ses dires : « Cela s’apparente à un massacre ». Tels sont les propos tenus par des bouchers professionnels. Ils me disaient ne pas comprendre pourquoi cette forme d’abattage est encore autorisée. Ils préféraient, de loin, l’utilisation d’un procédé d’étourdissement avant la saignée, car selon leurs expériences cela fait moins souffrir les animaux.

 

Après avoir été saigné par le sacrificateur, et alors que la porte latérale du piège avait été ouverte trop tôt, un des veaux s’est relevé alors qu’il agonisait et s’est mis à courir en direction de la chaîne d’abattage où les employés étaient postés. Il a fallu lui sauter dessus pour l’intercepter. La bête fut ramenée devant le piège pour y être suspendue par une patte, alors même qu’elle n’était pas encore morte. Le veau avait été suffisamment égorgé, mais avant de perdre suffisamment de sang pour s’évanouir, il avait trouvé la force de tenter d’échapper à sa situation en voyant la porte du piège ouverte. Cela prouve qu’une bête saignée sans étourdissement ne meurt pas tout de suite. Les autres veaux se débattaient aussi beaucoup dans le piège après l’égorgement. Étant prisonniers du piège, ils donnaient des coups de pattes contre les parois.

 

Le plus consternant était l’attitude du sacrificateur, car lorsque le veau sortit du piège en courant, il ne bougea pas d’un pouce, ne manifesta aucune émotion, n’eut pas même le réflexe d’attraper le veau. Impassible, indifférent, il a continué à s’occuper de son couteau, à l’affûter, alors que le veau passait devant lui. La responsable et les employés étaient dégoûtés. L’activité rituelle représentait 25% de l’activité de cet abattoir sur les 62 400 veaux abattus l’année précédente.

 

 

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Égorgement rituel d’un mouton, suspendu par une patte.
Phot Jean-Luc Daub

 

vendredi, 02 novembre 2012

La minute hypocondriaque V

Tous les vendredi, suivez la minute hypocondriaque, sitcom préférée de tous les névrosés !

Avec Francis Coffinet, docteur ès hypocondrie, et Jean-Pierre Bret, malade de la guitare

 

(On peut voir Francis Coffinet dans Jean Croque
On peut voir Jean-Pierre Bret dans John Peshran-Boor...)

jeudi, 01 novembre 2012

Archange

Klaus Nomi, Purcell, ange, archange, aria, the Cold Song

N'ayez pas peur de lui... N'ayez pas peur de vous. Ecoutez ce chant funèbre, somptueusement déployé par un ange poignardé :

What power art thou,
Who from below,
Hast made me rise,
Unwillingly and slow,
From beds of everlasting snow!

See'st thou not how stiff,
And wondrous old,
Far unfit to bear the bitter cold.

I can scarcely move,
Or draw my breath,
I can scarcely move,
Or draw my breath.

Let me, let me,
Let me, let me,
Freeze again...
Let me, let me,
Freeze again to death!

Cold Song, Klaus Nomi, archange, purcell, aria
Un autre billet d'AlmaSoror sur la lutte de l'archange et de l'ange...

 

(Merci à l'internaute qui mit sur YouTube cette vidéo de l'Aria de Purcell The Cold Song, interprété par Klaus Nomi)