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vendredi, 02 août 2019

... la chouette qui ulule

Je m'éloigne de ce château au milieu de la forêt, de la bibliothèque savamment éclairée pour pouvoir lire tout en observant les coins obscurs et les ombres bizarres, où j'ai passé tant d'heures à croire que je lisais... Je m'éloigne de la table parée de chandeliers qui diffusent la lueur de l'amour tandis que des mets sont servis sur un plat en argent. Je m'éloigne d'un monde élégant et majestueux, je m'éloigne de ce monde clos, loin du monde, où les étoiles, les livres et les pensées ont repris toute la place qui leur est due.

Et cela m'est difficile de savoir que tout à l'heure, je serai dans un train, puis dans un métro, puis dans la rue bruyante de la métropole, au fond de ce quartier surgi de terre il y a quelques décennies. Tandis que le château dont je viens demeure depuis des siècles au fond de la forêt.

Tu y es seul, ce soir. Seul au milieu des bougies, seul sous les étoiles, seul avec tes chiens, tes juments, tes ânes, tes chèvres, et Bossuet, le corbeau apprivoisé qui boite dans l'escalier d'honneur aux pierres usées par les bottes de tes prédécesseurs.

Tu vis seul dans un monde qui n'existe plus, ce n'est que dans ce monde, auprès de toi, que j'ai soudain la sensation d'exister.

Sensation fugace et salutaire.

Et le grouillement des grenouilles dans la marre, et la chouette qui ulule, et la chorégraphie des chauve-souris.

 

Sur AlmaSoror : Les voix et ululements du monde

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