vendredi, 05 septembre 2014
Les voix et ululements du monde
Je disais un soir à Anne que Sofia Tolstoï décrivait, dans son journal, le ululement du hibou comme un son désagréable. En l'écoutant sur internet, nous l'avons trouvé suprêmement beau. Nous nous sommes dit que dans notre monde où la nature est colonisée par l'homme, où la vie sauvage est réduite et lointaine, où tout est bétonné et chimique, un son d'animal est un trésor précieux. Anne en outre a noté que le cri de l'animal vient de son corps, tandis que le nôtre vient de notre mental, c'est là toute la différence. C'est vrai que notre voix, pourtant naturelle et corporelle, est trafiquée par notre vie mental.
À quoi sert une civilisation humaine qui coupe l'homme de la nature ? Comment faire pour que ma voix naisse du corps, comme celle d'un animal, et que cette voix animale porte le message le plus raffiné que la civilisation puisse exprimer ?
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