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mardi, 30 mai 2017

Ô Nuit !

La musique du requiem for a friend de Zbignew Preisner embellit la soirée. Contrairement à tant de maisons où les lumières très intensives ne laissent pas de zones d'ombre, ici, nous n'avons que trois petites lampes allumées, avec des abats-jours beige, rouge et vert, qui diffusent des halos de lumière tendre et laissent des pans d'ombre et permettent la rêverie et le mystère.

Depuis combien de temps n'ai-je pas vu la nuit, la vraie nuit, la nuit noire, ou la nuit éclairée uniquement par les astres ? Les lumières artificielles sont partout. Oh, nuit ! Nuit ! Nuit ! Je voudrais te contempler telle que tu es, dans ta splendeur noire, dans ta réalité brute, sans que t'atténuent les éclairages des humains.

 

dimanche, 28 mai 2017

De Pierre à Anne-Elisabeth

 

J'en parle à Anne-Elisabeth par mail. Je lui écris : « Je repense à la famille de Margelain-Bouvent, à Rupt sur Othain... à ce rêve illusoire, dont je voudrais me rapprocher sans en sentir les entailles meurtrières ». Elle répond : « Quel est le rêve Margelain-Bouvent et que sont les entailles meurtrières ? »

Je m'explique alors : « le rêve ? Celui d'une famille élégante, excentrique, cultivée, proche des bêtes, loufoque, avec beaucoup de tenue, pleine de châteaux anciens, une immense beauté et aucun confort.

Les entailles : le narcissisme familial, la cruauté des relations, la noyade de l'individu dans le clan, le crash de la noblesse dans le platane de la modernité ».

Anne-Elisabeth m'écrit aussi : « Le rêve se fait réalité pour certains. Probablement une question de disposition d'esprit. Eh bien, Pierre, pourquoi ne pas entrer dans la bonne disposition d'esprit ? »

 

Sur AlmaSoror :

Comme la colombe inaperçue

jeudi, 25 mai 2017

Nostalgie

 

Nostalgie de ce que l'on va perdre... mélancolie qui flotte au fond d'une petite joie. Amour de toi, amour du monde, malgré parfois le manque de foi.

La mort me fait à moitié peur ce soir, d'autres soirs, elle me terrifie. Je prie l'angélus, trois fois par jour, mais je suis seule : les cloches ne sonnent plus, les paysans, les commerçants ne s'arrêtent plus s'agenouillant dans le champ, dans la boutique...

Je mène une vie déconsidérée par vous, mes frères, une vie de péché, une vie en discordance, et pourtant le Rosaire m'accompagne, je l'effeuille au fil des jours. Il est écrit : Désordre, sur la porte de ma maison. Mais il est écrit : Amour, sur la porte de mon cœur. Il est écrit Péché sur ma carte d'identité, mais il est écrit : Pardon sur la partie cachée de mon front.

Certains matins, la vie me fait si peur que je voudrais me blottir à nouveau au fond du ventre de ma mère, dont j'ai je crois des souvenirs. M'y blottir à neuf mois, puis à huit, puis à sept, et remonter le temps jusqu'à la petite graine, qui rapetisse, devient goutte de néant dans le Néant.

Hélas, la vie ne se donne pas à l'envers. Elle se déroule et se dévide dans le sens des aiguilles d'une montre. Je suis le fil du temps, comme un cheval dans un manège, je cours sans savoir pourquoi, ou bien je m'arrête et personne n'est content de moi.

Nostalgie de ce que l'on va perdre. Car la nuit recouvre ce qui a été. Mélancolie qui flotte au fond d'une petite joie. Car la paix n'est jamais complète ici-bas. Amour de toi, amour du monde, malgré tes défauts qui m’obsèdent, malgré les combats perdus et les chemins renoncés. Au fond de moi encore un peu de foi.

 

mercredi, 24 mai 2017

Ce que je sais

 

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Je sais que tu ne dors pas. Je fais semblant d'y croire. De croire à ton long souffle, de croire à ton silence.

Je sais que tu ne m'aimes pas. Je fais semblant d'y croire. De croire à l'avenir, de croire à ta présence.

Je sais que tu ne pleures pas. Je fais semblant d'y croire. De croire à tes sourires et à tes sentiments.

Il est tard, vraiment tard et par la baie vitrée, les tours de la banlieue s'éteignent lentement.

Je sais que j'ai eu tort, je voudrais réparer la peur de prendre un risque et mes médicaments.

Je t'attendrai pourtant, je t'attendrai toujours, que veux-tu, j'ai trop mal à la séparation.

J'attendrais doucement que tu perdes raison dans le studio bruyant place de la Nation.

 

Nous avons des remords, tous autant que nous sommes. Dans la nuit qui commence, les miens me revisitent.

Nous avons des douleurs qui guident nos chemins, vers les impossibles délices de face à face trop composites.

Nous avons des ardeurs qui calment nos matins et creusent nos arthrites.

 

Je sais que tu ne mords pas, je fais semblant d'y croire. De croire à ta violence, de croire à autre chose qu'à ton indifférence.

 

mercredi, 10 mai 2017

Le silence du lointain

Dans le jardin, entre l'épicéa et le chêne, les deux chiens, Tolstoï et Yourcenar, paressent sur la marche de pierre. 

Il n'y a pas de bruit dans la ruelle, ruelle ouverte par trouées sur la vallée. 

Des oiseaux de proie de temps en temps traversent le ciel. Un engoulevent se tait. 

Le temps coule lentement. C'est la fin de l'hiver. 

Le potager recouvre peu à peu ses parures comestibles. 

Tu as quitté la ville, depuis deux ans, jour pour jour.

Tu n'es plus qu'un souvenir (ton visage, ton rire), pour beaucoup de gens.

Peu viennent te voir.

Tu ne t'y rends presque plus.

dimanche, 07 mai 2017

Le trident dominical

Le trident dominical se poursuit tant bien que mal, vaille que vaille, et son sens s'éloigne de nos sens pour mieux les ébaudir - ou les énerver. 

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Il se lit en entier par là-bas, voici toutefois les plus récentes strophes : 

 

Soudain ravagée,

Ma mémoire

De corps outragé,

 

Opulente moire

Au fond d'une

Mystérieuse armoire,

 

Discerne les runes

Que tes gestes

Tracèrent en dunes

 

Au cours de nos siestes

Où se fit

Le long palimpseste.

 

Allons si le cœur nous en dit voir la page du Trident dominical