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mardi, 28 février 2017

Matines

Le matin a cassé ma colère,

le matin l’a brisée en mille morceaux de douceur.

Fenouil braisé aux deux carottes et à l'orange confites

C’est ainsi que je fis braiser dans de l’huile d’olive, un bulbe de fenouil. Lentement.

Plus tard (ma cuisinière étant petite, ma poêle unique), j’ai fait confire dans du beurre, du curcuma et du paprika, deux carottes et une orange (coupée en lamelle, avec la peau).

J’ai déposé l’ensemble dans un plat que j’ai enfourné un quart d’heure. Au dernier moment, j’ai déposé deux crottins de chèvre qui ont fondu quelques minutes supplémentaires.

 

A lire ailleurs sur AlmaSoror : 

La rentrée des classes

samedi, 25 février 2017

À jamais inconnus l'un à l'autre

Un temps qu'il fait, une bière, une musique, un roman, un état d'âme. C’est ce que je voulais partager avec vous hier. Vous étiez beau, dans votre chandail gris clair, en laine chaude. Vous sembliez absorbé par une contemplation dont j’aurais voulu connaître la cause. Le climat doux et frais réjouissait mon âme – et la vôtre ?

Je buvais une bière blanche de Belgique et vous restiez debout au comptoir, sans porter aucun verre à vos lèvres. La radio du bar diffusait une musique sans caractère mais j’avais entendu le matin même le requiem d’Howells, et je savais que le soir, j’assisterais à un concert de Nils Petter Molvaer. Vous m’avez demandé : « avez-vous terminé l’écriture de votre roman ? » et je ne sus que vous répondre, mais j’aurais voulu vous demander qui vous préfériez parmi les personnages de Guerre et Paix, et quel roman vous emporteriez pour un trop long voyage en train.

Je n’éprouvais qu’un contentement impatient d’être là, en présence de vous, et vous, quel était votre état d’âme ? Vous parlez si peu de vous, vous parlez si peu. Je parlais de tout et de rien et vous répondiez d’un air vague.

Depuis deux ans, combien de fois n’ai-je pas réussi à vous rencontrer ? C’est dommage, car j’aime vous voir enfourcher votre moto dans la ville hivernale, et j’ai souvent rêvé de me hisser derrière vous pour filer dans les latitudes des après-midi perdues.

 

Lire encore sur AlmaSoror :

Angélisation lente, Extrait du journal de Kevin Motz-Loviet

dimanche, 12 février 2017

Comme un dimanche

 

Je descends dans une zone de brume depuis ce matin, je m'enfonce à chaque seconde. J'essaie en tâtonnant des mains dans la tourbe rouillée de trouver des racines, de les arracher pour m'en nourrir à travers ces moments indistinctement laids. J'aurais besoin d'une attelle pour mon âme, d'une assistance respiratoire pour mes relations interpersonnelles. J'aurais besoin d'un grand chien noir qui marche à côté de moi.

Je m'asphyxie avec de la poudre anesthésiante. Des sons dans mon oreille ressemblent à des cloaques. J'ai mal à l'insuffisance émotionnelle de mes reins. Je vous regarde passer, vous tous qui vivez dans un monde structuré, là-bas, dans cet espace si clair où les gens se lèvent le matin, se rassemblent le soir et suivent des règles communes. Immuable, ce sentiment d'une chair en incapacité d'adaptation.

Comme c'est drôle : bonnes et mauvaises nouvelles se confondent en une lente contusion des sens. Je délaisse l'Evangile de Jean, je délaisse les films de Tarkovski. Les formes du monde se défont, la nasse se dessine et je vogue immobile, transie, pétrifiée, à l'abandon.

 

dimanche, 05 février 2017

Conte, fleurette !

Il me semble que si une petite fleur pouvait parler, elle dirait simplement ce que le Bon Dieu a fait pour elle, sans essayer de cacher ses bienfaits. Sous le prétexte d'une fausse humilité elle ne dirait pas qu'elle est disgracieuse et sans parfum, que le soleil lui a ravi son éclat et que les orages ont brisé sa tige, alors qu'elle reconnaîtrait en elle-même tout le contraire.

Thérèse Martin, dite Sainte Thérèse de Lisieux, IN Histoire d'une âme