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Violence

 

"Nous sommes tous au bord de la tombe et l'aventure nous tend les bras".

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(photo vendéenne)

 

Il y a quelques années, à Bruxelles, en Belgique, j'ai passé quelques jours et une immense publicité recouvrait la façade d'un immeuble en réparation. C'était une publicité pour l'entreprise de ravalement, et elle montrait un visage extrêmement ridé, pétri de vieillesse. L'objet de la publicité était donc qu'on allait ravaler un immeuble trop vieux pour lui donner une nouvelle jeunesse.

Je marchais, sonnée, choquée par un tel message. Je regardais autour de moi les autres êtres humains marcher dans la ville. Nous étions tous de petits êtres minuscules dominés par une immense image qui nous surplombait et qui était d'une grande violence pour les vieux.

J'étais jeune et je le suis toujours - pas une ride. À l'époque je n'avais pas réussi à parler sur cette image et l'atroce publicité sur le ravalement qui l'accompagnait, qui en anéantissait la beauté ; ce qui m'assommait le plus était que nous la voyions tous, tous les jours, à cet endroit fréquenté de la ville, et que, quoi que nous en pensions, il n'y avait rien à faire, rien d'autre que d'écrire une petite lettre de protestation à une grande entreprise de ravalement.

Nous étions tous dominés par une violence faite à ces beaux visages de nos aînés, qui ressemblent à des couchers du soleil. Il ne faut pas ravaler, ni nos larmes, ni nos maisons, ni surtout nos visages. Nos visages sont le témoignage fragile de notre existence présente. Ils passeront vite, et aucun ravalement ne les maintiendra en vie.

Le ravalement de la peau, c'est la mort de l'âme. La teinture des cheveux, c'est la corruption des crinières.
La publicité, c'est le péché contre l'esprit.

 

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dimanche, 20 décembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)

Dictionnaire de la délivrance psychique 3

 

 

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Louvre, par Sara
 

 

 

Administration :
 

L’administration est l’entreprise de l’Etat, dont l’objet est la réification de la langue, de la pensée, de la culture et des êtres humains. 
 

De la naissance à la mort, du nom au genre, de la vie de famille à la vie professionnelle, de la santé à l’éducation des enfants, de la science aux arts, de la vie de la pensée à la vie corporelle, de l’organisation de la maison et du paysage à la religion, des langues parlées sur le sol qu’elle tient sous son emprise aux idées prononcées sur des supports par les gens qu’elle a sous sa domination, aucune parcelle de vie humaine n’échappe à sa discipline. 
 

Ce pouvoir s’exerce de droit et de force. De droit, en vertu d’un contrat léonin qui la lie au nouveau né, contrat qui ne pourra être modifiée que par sa volonté à elle. De force, par l’emploi de la force physique et par l’impossibilité matérielle et psychique de subsister hors de sa surpuissance.
 


Citations
 

« Je sais maintenant que ma patrie est classée dans des dossiers, je l’ai vue sous les espèces de fonctionnaires habiles à effacer en moi les dernières traces de patriotisme. Où donc est ma patrie ? Ma patrie est là où je suis, où personne ne me dérange, où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et ce que je fais. »
(Le Vaisseau des morts)
 

B Traven
 


"Un homme dans un fichier est pour ainsi dire déjà un homme mort".
E Von Salomon 

 

 

Sous la direction de Conan Kernoël

 

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lundi, 30 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)

...pour y entasser un nombre maximal d’êtres humains

 

 

architecture, fascisme, modernité, abattoirs, prisons, urbanisme, banlieues, villes nouvelles

A quoi pensaient les architectes des villes nouvelles et des banlieues ? N’habitaient-ils pas dans de magnifiques maisons anciennes, réaménagées de façon contemporaine, avec goût ? N’élevaient-ils pas leurs enfants dans de beaux quartiers où les ruelles anciennes s’ouvrent sur des places élégantes bordées d’églises et de boulangeries aux odeurs frémissantes, où les gens qui marchent dans la rue ne craignent pas les crachats d’individus plantés debout sur le pas des immeubles, où les femmes libres marchent à côté des hommes et conversent, sur des thèmes variés, sans censure ni contrainte, en toute égalité ?

Pourquoi construisaient-ils des halls d’immeubles voués à devenir pissotières ?

Comment imaginaient-ils, confortablement lovés dans leurs beaux fauteuils, ces blocs de béton qui ressemblent à des prisons, ces barres de fer qui rappellent les camps de concentration, ces longs couloirs qui évoquent les abattoirs pour y entasser un nombre maximal d’êtres humains qui ne se ressemblent ni dans leur mode de vie, ni dans leurs aspirations ?

Il y a un mystère des architectes du XXème siècle, un grand mystère qu’il faudra éclaircir un jour. De qui sont-ils les messagers ? Quel art les inspire, quelles écoles les formèrent, quelles politiques les missionnèrent ?

 

DN Steene

 

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mercredi, 03 avril 2013 | Lien permanent | Commentaires (2)

Maryvonne, fille de la rêvolution

 , CNT, Sara, Révolution

Un jour, un peu avant l'an 2000.

J'étais chez toi, rue Boissonade, et au cours d'un dialogue que nous avons eu, en quelques phrases tu as ouvert de nombreuses portes en moi. Ces portes m'ont dévoilé des jardins luxuriants dans lesquels je flâne encore aujourd'hui, étonnée de l'étendue de ta liberté.

 Tu es partie, parait-il, en offrant un dernier sourire éblouissant aux gens qui t'aimaient. Tu as demandé à tes petites filles de vivre ta mort dans la joie et la paix. Tu es partie là-bas dans le Nord, dans cette maison que je ne connais pas.

Quelque temps après, tes amis, tes enfants t'ont fêtée une dernière fois tous ensemble.

Nous savions par ton exemple que la vie peut suivre la voie du rêve, se multiplier dans des baisers, tracer des routes pour la révolution. Tu nous as montré par ta mort que la mort peut être un rêve, un baiser, une révolution.

 Ton héritage, j'en prends ma part.

 Je vivrai de rêves, de baisers, de révolutions. Je mourrai dans un dernier rêve, dans un dernier baiser, en accomplissant mon ultime révolution.

 Merci de m'avoir appris à penser d'une certaine manière. Merci de nous avoir appris à mourir en offrant un radieux sourire à ceux qui restent encore quelque temps sur la terre.

 

Sur le site de la CNT, un salut à Maryvonne

On peut lire en ligne son Texte L'invention d'un zéro

 

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vendredi, 19 avril 2013 | Lien permanent

Un soir sans étoile

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Tant de choses font tant de peine dans notre vie quotidienne. Et la voix de Magkor Sérivij psalmodie de vieilles douleurs poétiques, accompagnée par un orgue religieux. C'est un disque qui appartenait à mon père, qui avait appartenu à son propre père, hommes que je n'ai pas connus mais dont j'ai hanté la maison morte.

 

Vraiment, en enfance, je rêvais et souriais au monde qui s'offrait. Je pardonnais tout à tous, croyant quand quelque chose me semblait laid ou mal que c'était moi qui me trompais.

 

Comment rester pur, quand tant de regards torves se sont posés sur vous ?

 

Je meurs sans en avoir l'air, peu à peu, d'avoir trop vu les adultes mentir.

 

J'ai l'âge d'être mère mais je ne berce aucun enfant.

 

J'ai l'âge d'être forte et je mens à mon tour.

 

Esther Mar

 

 

«À force de tout voir, l’on finit par tout supporter. À force de tout supporter, l’on finit par tout tolérer. À force de tout tolérer, l’on finit par tout accepter. À force de tout accepter, on finit par tout approuver. »

Saint Augustin

 

à lire aussi : L'amour ignoré

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lundi, 15 avril 2013 | Lien permanent

Chronique de Lu cie & co

"Le livre s'ouvre sur l'esquisse d'un paysage: une silhouette, deux oiseaux, trois arbres, pas de texte. En page suivante, "Les eaux printanières se répandent au nord et au sud de ma maison" est la première phrase qui sous-titre le même paysage, vu avec un effet de zoom avant. On se rapproche ensuite encore un peu pour lire "tandis que des nuées de mouettes passent jour après jour."

L'homme apparu en silhouette sombre est assis sur une marche dans son jardin. Trois mouettes lui tiennent compagnie durant ses réflexions. Il entame ensuite ses préparatifs pour accueillir son invité".

Lu cie & co

 

Ainsi parle Lucie Cauwe de l'Invité d'un jour (éditions Hong Feï) sur son blog "Livres utiles - Lu cie & co", dans une note sur l'éloge de l'hospitalité en papier déchiré. Elle mentionne ensuite l'album qui raconte la vie de Paul Imbert, marin sablais qui fut esclave du caïd de Marrakech à un siècle où les fraternités et les esclavages se tissaient autour de la Méditerranée des rois d'Europe et des sultans du Maghreb, jusqu'à Tombouctou.

L'homme des villes des sables illu 2.JPG

Image extraite de L'homme des villes de sable,
éditions Chandeigne
Texte d'Edith de CL et illustrations en papiers déchirés de Sara

Les auteurs dédicaceront L'homme des villes de sable à l'Institut du monde arabe le 13 décembre 2014

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jeudi, 07 août 2014 | Lien permanent

Le dimanche, l'hiver et la mort

Il faudra bien vivre un dernier hiver. Souffrir du froid une dernière fois. Chercher la chaleur des bougies en haut des escaliers dégradés. Regarder les silhouettes difformes des humains et des voitures longer le ravin où poussent des orties.

Il faudra écrire une dernière phrase. Anodine ou profonde, anodine et profonde peut-être, tant l'essence de la vie épouse la banalité des moments de chaque jour.

Il faudra boire un dernier verre de vin, sans le savoir, peut-être, en croyant encore au lendemain.

La vie est courte, les après-midi sont longues : paradoxe du sentiment humain.

Certains se préparent à la mort. Comme c'est sage. Apprendre à se retirer, à dire Adieu sans se presser ni traînasser, à mettre en ordre son cœur et sa maisonnée pour partir un beau jour sur un chemin d'éternité. Ou, si l'on croit que la mort est la fin de l'être, comme une lampe qui s'éteint définitivement, apprendre à scintiller une dernière fois et à entrer dans le noir sans s'inquiéter.

 

Le dimanche ressemble quelquefois à la mort, dans son absence de vie, dans son silence, dans sa lenteur qui fait croire à la suspension du temps. Le dimanche a ses petits gâteaux de vide, ses thés de rien, ses guirlandes d'ennui, surtout quand il est posé au milieu de l'hiver. J'ai envie parfois de me noyer passionnément au fond de la fascinante déréliction d'un dimanche d'hiver dans une petite ville de province au climat semi-sévère, entre deux arbres morts et des maisons fermées.

 

 

Sur AlmaSoror :

Entre deux sentiments

Encore un adieu

La rencontre du car

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dimanche, 29 novembre 2015 | Lien permanent

La Parole attendue

 

Esmerine ta musique coule dans la maison au bord de la route et accompagne mes aspirations en déroute.

Sainte Thérèse d'Avila, deux ou trois phrases de toi lancinent mon cœur, oscillation de ton océan spirituel inaccessible.

Louis XVII, tu ressembles aux enfants d'aujourd'hui qu'on suicide et qu'on bat dans le silence feutré des appartements. De temps en temps, l'un de vous meurt et l'on fait un procès qui retentit dans le fatras pouilleux des médias officiels, et puis voilà.

Étoile, mon étoile, tu es partie dans ton village natal, où les tracteurs escaladent les collines pour toucher les vignes proches du ciel.

Âme, mon âme, personne n'a pu encore démontrer ton existence.

Frère, sœur, devenus adultes vous vous êtes éloignés de moi, où pétillait l'intimité retentit désormais votre part de mystère et vous ne pleurez plus sur mon épaule.

Mon fils, tu n'es pas (encore) né.

Couvent de ma retraite, je ne t'ai pas encore trouvé.

Mes premiers cheveux blancs il y a quelques jours, cachés pour l'instant sous les autres cheveux.

Je cherche la Parole, qu'elle soit tienne ou divine, je cherche la voix qui me sauvera, ou qui me consolera.

 

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vendredi, 07 avril 2017 | Lien permanent

Violence

Sacrifice !

Ton Sacrifice, seigneur, comme tous les sacrifices, ne fut qu’un préjudice accepté. Celui, sans doute, de n’être pas le fils de ton père. Ou un autre fait, un détail douloureux que les évangiles ne nous ont pas transmis.

Marécage !

Taper, cogner sur quelque chose, en s’interrogeant sur l’étymologie du « marécage », taper sur quelque chose en rêvant de taper sur quelqu’un, non pas quelqu’un qu’on hait ; non pas un vulgaire inconnu qui a brûlé un feu rouge, non pas l’horrible femme dont le sourire faux nous exècre dans cette grande maison de Niort, non !

Sacrilège !

Taper sur quelqu’un qu’on aime, parce qu’en passer par le sacrilège est la porte, non pas du salut, hélas, mais de la respiration, parfois.

Salut !

Or, pardon, le salut terrestre passe par la respiration. Qui ne respire plus meurt.

Marchands !

As-tu déjà tapé quelqu’un, Jésus ? Tu as fouetté les marchands du temple.

Sanctuaire !

Tes coreligionnaires, qui t’agaçaient, te parlaient du temple, mais toi tu parlais du sanctuaire de ton corps. Tu parlais de ton corps, seule viande végétarienne, seule chair qui n’est que du pain, seul sang qui n’est que du vin. Tu délirais, ton imagination vive a créé un nouveau monde.

Pire !

Je ne veux pas taper alors je vais communier. C’est pire. Je sais que tu m’aimes, pourquoi ne sais-je pas si je suis sauvée ?

Nid !

Pourquoi ne suis-je pas une colombe ? J’aurais construit un nid, j’aurais marché sur le muret. J’aurais chanté à tue-tête. J’aurais connu la signification merveilleuse d’une vie sans mot.

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mardi, 27 juin 2017 | Lien permanent

Dans la chambrée

(Tu disais des poèmes aux quatre saisons. J'ai pris ta suite. Il y eut le poème de l'hiver 2017. Il y eut le poème du printemps 2017. Voici celui de l'été 2017). 

 

Un salve regina coule dans la chambrée.

Le soleil catapulte la pierre blanche.

Dans les embrasures, les pigeons bâtissent des nids de brindilles.

La civilisation brûle sa dernière bougie.

 

Passe un homme au visage familier ;

Sa petite dame nomme une maladie.

Leurs silhouettes errent à travers les champs de gliales.

La crainte étend son ombre sur le mur de leur vie.

 

J’aurais voulu aimer cet homme qui me ressemble,

Sourire à ce sourire vieilli.

Nos enfances sont des peaux dont la brûlure craquelle,

Quand vient midi.

 

Une femme s'endort, nue sur un transat blanc ;

L’eau ne pétille plus dans la carafe ;

Je cherche un fils et une fille pour terminer ma route ;

Et ma sœur reviendra panser mon oreille droite.

 

Le salve regina de Porpora s’éteint.

Il faut attendre encore, dans la maison du vide,

Assise, de longues heures, sur la chaise de solitude

Jusqu’au jaillissement du crépuscule.

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vendredi, 30 juin 2017 | Lien permanent

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