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jeudi, 04 août 2011

Monsieur Kraus et la politique, un petit extrait

jeudi, 02 septembre 2010

Loges d'antan

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La Malibran

 

J'annonçais la fin d'un triptyque Vignyste. A tort. Cette série de posts, c'est un polyptyque ! Car je ne peux manquer d'ajouter ce passage, encore extrait de la biographie d'Alfred de Vigny par Maurice Allem, et qui relate d'une belle façon la rencontre entre deux grandes actrices du XIXème siècle : la Malibran vieillissante et mystérieuse, et Marie Dorval, comédenne inégale, dont Vigny fut fou.

"Ecoutons" Maurice Allem, donc :

"Un soir de mars 1830, au cours de la représentation d'un mélodrame quelconque, dans lequel elle avait obtenu un prodigieux succès, Vigny alla féliciter Marie Dorval pendant un entr'acte, et la tragédienne lui dit qu'elle se trouvait fort intriguée par la présence, depuis plusieurs soirées, dans la même loge, d'une dame vêtue de noir et voilée, qui ne cessait, sous son voile, de s'essuyer les yeux.

Vigny répondit qu'il connaissait très bien cette dame, qu'elle était une des ses bonnes amies, et il offrit à Mme Dorval de lui présenter l'inconnue à la fin du spectacle.

Dorval accepta ; après le spectacle, l'inconnue parut, en effet, accompagnée d'Alfred de Vigny, et, prenant les deux mains de la tragédienne, elle lui dit d'une voix pleine encore de larmes :

- Ah ! madame, que vous êtes belle et touchante dans cette pièce !

Mme Dorval touchée, par un tel éloge, pria l'inconnue de vouloir bien se nommer ; et celle-ci relevant doucement son voile, dit :

- Je suis la Malibran.

Ce seul nom émut davantage encore Mme Dorval ; elle avait justement dans sa loge le portrait de la Malibran chantant la Romance du Saule ; elle la lui montra et lui déclara qu'elle regardait cette image comme "la Madone de l'art".

Les deux actrices tombèrent alors dans les bras l'une de l'autre.

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Marie Dorval

 

mercredi, 16 décembre 2009

La Guerre Civile

Par Henry de Montherlant

"Je n'ai voulu que rêver un peu sur un immense retournement de fortune,
et en sortir quelques circonstances dorées par la mélancolie de l'Histoire".

 

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photo Sara

 

 

Le début de la pièce de théâtre "La Guerre Civile" commence par le chant d'un choeur : le choeur qui joue la guerre civile.

"Je suis la Guerre Civile. Et j'en ai marre de voir ces andouilles se regarder en vis-à-vis sur deux lignes, comme s'il s'agissait de leurs sottes guerres nationales. Je ne suis pas la guerre des fourrées et des champs. Je suis la guerre du forum farouche, la guerre des prisons et des rues, celle du voisin contre le voisin, celle du rival contre le rival, celle de l'ami contre l'ami. Je suis la Guerre Civile, je suis la bonne guerre, celle où l'on sait pourquoi l'on tue et qui l'on tue : le loup dévore l'agneau, mais il ne le hait pas ; tandis que le loup hait le loup. Je régénère et je retrempe un peuple ; il y a des peuples qui ont disparu dans une guerre nationale ; il n'y en a pas qui ait disparu dans une guerre civile. Je réveille les plus démunis des hommes de leur vie hébétée et moutonnière ; leur pensée endormie se réveille sur un point, ensuite se réveille sur tous les autres, comme un feu qui avance. Je suis le feu qui avance et qui brûle, et qui éclaire en brûlant. Je suis la Guerre Civile. Je suis la bonne guerre".


Henry de Montherlant