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dimanche, 12 mai 2013

Mode réceptif

nadège steene,ivresse des possibles,révolution intérieure

 

Billet de Nadège S.

Je n'écoute plus seulement ce que les gens disent, j'écoute tout ce qu'ils ne disent pas. J'entends leur silence, je sonde leur regard, j'écoute sans contredire leur mensonge. J'essaie de pointer les étendues vides.

Je veux découvrir tous les aspects du monde, des gens, des relations, tout ce que je n'ai pas encore compris, tout ce qui m'a échappé, faute d'accès initiatique. À n'écouter que les mots, à croire aux idées, à ressasser les faits, les actes, on connaît une bonne part du réel mesurable. Mais il reste un monde obscur qui ne s'appréhende pas de même. Il reste un monde non-dit, un monde vécu de façon trop intérieure ou secrète pour éclater sur la scène. Il y a un monde obscur, impalpable, où se passent des phénomènes qui, sans que nous le sachions, nous touchent, nous blessent, nous sauvent, nous métamorphosent. Quelles sont les dimensions de cette réalité, cette réalité dont je n'ai pas les clefs et dans laquelle se vit une partie de ma vie ?

Je me tais de plus en plus, afin de créer un espace d'écoute dans lequel autrui peut se laisser aller à s'exprimer. Je limite tant que je peux mes réactions, je vainc mon envie de débattre ou de convaincre, pour enfin laisser cette place à l'expression de l'autre.

Peu à peu, j'entrevois des idées, des images, des opinions qui auparavant n'auraient pas frayé leur chemin jusqu'à moi. Ce n'est pas facile d'entendre tout. Où cela va-t-il me mener ?

J'ai peur de la transformation intérieure. J'ai peur de l'ivresse des possibles. Je suis prête.

Nadège Steene

 

Autres textes de Nadège St. sur AlmaSoror :

Amour fantôme de Nadège

Le diamant et la poussière du temps

5 règles de comportement relationnel

5 à 7 début mars

La musique de Nadège

Où est la folie ? (dédié à Esther)

dimanche, 10 mars 2013

5 à 7 début mars, par N Steene

« La pluie percussionne les toits, les trottoirs, les meubles urbains, une lumière d'orage descend sur la ville, en un instant la majorité des gens a disparu sous des auvents, dans des immeubles, et il ne reste que les chevaliers des tempêtes urbaines pour courir sous les gouttes froides. Je t'aime mais tu n'es plus là. Peu importe. La pluie lave tout, emporte tout, sous ses vibrations me voilà en apesanteur. Et j'écoute, j'écoute Chrysler, de Yellow, et j'écoute les Nuits fauves, de Fauve.
Se mêlent dans ma vie la nuit des sens et la musique du monde, la nuit du monde et la musique des sens. J'entends que peu à peu le soir tombe et abaisse ses barrières sur le flux des foules. J'attends en écoutant la pluie et leurs musiques, j'aspire à oublier ta voix, ton ombre, la charnelle présence qui était tienne, mienne, avant le fracas du téléphone. Tous les discours mourront dans le Poème. N'attachons plus d'importance aux idées, futiles comme un pot de nutella. Seul compte l'amour – de l'homme, de l'art, de l'eau.»

 

Nadège Steene

 

lundi, 07 novembre 2011

Cinq règles de comportement relationnel

Vélos du 13 et leur bache.jpg

Un billet de notre sororale Nadège Steene, qui partage ses recettes de cuisine relationnelle.

 

1

Ne jamais laisser deviner un préjugé, un calcul, une intention basse.

2

Ne jamais chercher à m'élever aux yeux d'autrui

3

Me mettre au diapason des gens et de la situation, tout en restant moi-même

4

La politesse l'emporte sur l'égoïsme ; la fermeté l'emporte sur la faiblesse (que cette faiblesse se traduise par de la soumission ou de la pitié)

5

Je donne quelque chose, de façon anonyme et gratuite, dans chaque lieu où je passe

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La belle Elisabeth Jacquet de La Guerre, grande musicienne du Grand  Siècle français.

jeudi, 11 mars 2010

Le diamant et la poussière du temps

Nadège, ce chant que tu viens de m'envoyer, je le mettrai bientôt dans l'album de poésie d'AlmaSoror. Il a sa place parmi les nostalgies

 

edith & olivier.jpg

Et de notre vie de toutes ces années de soleil et de vent, de bières sur la terrasse

Il me reste le diamant que tu avais volé et la poussière du temps

Le chandail d’un ami trépassé et la mémoire des gens

Et de notre amour de toutes ces années de jeunesse sans argent

Il me reste des images de ta bonté, des échos de ta voix

Ta voix qui disait dans la nuit, ne t’endors pas, attends.

Ta voix qui disais dans la nuit, ne t’endors pas maintenant.

 

Maintenant je m’endors facilement, trop vite,

Je ne vais plus jamais à Insomniapolis

J’aurais peur de ses carrefours de ses lumières artificielles

Je reste accrochée au sommeil

 

Tant de vies se succèdent en une seule vie

Tant de lieux tant d’êtres tant d’atmosphères

Seule l’enfance reste au port là bas, immuable

Et les vagues ne nous y ramènent jamais.

Tant de vies se succèdent en une seule vie

Quand l’âge avance et qu’on demeure

Au milieu des adieux, des pleurs, des peurs

 

Maintenant je me ride facilement, trop vite

Je ne danse plus jamais à Facilopolis

J’aurais honte de ma peau de mes fringues de mes gestes antiques

Je reste sur les bancs du dehors

 

Et de notre vie de toutes ces années de soleil et de vent, de bières sur la terrasse

Il me reste le diamant que tu avais volé et la poussière du temps

Quelques chansons qui passent en boucle et une paire de gants

Les mots que je disais quand tu disais n’importe quoi

La sensation d’avoir vécu quelque chose de grand

Avec un frère trouvé et perdu n’importe comment

Un ami qui disais dans la nuit, ne t’endors pas, attends.

 

Maintenant je m’endors facilement, trop vite,

Je ne vais plus jamais à Insomniapolis

J’aurais peur de ses carrefours de ses lumières artificielles

Je reste accrochée au sommeil

 

Nadège Steene

vendredi, 20 novembre 2009

L’eau de vie de pomme (et les archives d’AlmaSoror)

 

 

Dinde.jpg
Photo de Sara


 

Sais-tu que je bois de l’eau de vie, le soir, en dégustant mes bons fruits cuits, en écoutant le piano tendre de Ludovico Einaudi, mp3 volés à ma soeur un jour où je squattais son ordinateur, et sais-tu que je repense aux amitiés blessées, brisées, et aux rêves que je faisais lorsque j’avais quinze ans ? Et le piano accompagne ces moments lents et beaux et le feu crépite dans la vieille cheminée du vieil appartement du 13. Et la voix de mon frère dans ma mémoire, et le rire de ma soeur dans ma mémoire, et la présence-tension de mon père dans ma mémoire flottent autour de moi alors que leurs corps et leurs coeurs vivent leurs vies dans leurs villes. 


Et le caméscope filme : car je succombe aux règles de l’art individualiste qui ne chante plus son Dieu, mais son image dans le miroir. J’installe la caméra et je dîne aux chandelles, seule avec le film que je suis en train de faire et qui dévoilera ce que fut une vie anodine, esthétisée par goût et par nécessité. 


Et la musique se balance, nostalgique, tandis que mon regard intérieur remonte le temps, traverse ces années écoulées, retourne au Pérou, à la Casa Elena. Souvenir de visages et de voix si éloignées de ceux qu’on trouve par ici. 

Quelquefois j’ai l’impression que la vraie solitude, la plus belle, la plus pure, la plus déroutante, la plus dangeureuse, est une invention européenne. Une des grandes découvertes qui ont détruit et construit le monde.


C’est au creux de cette drôle de solitude, frustration créatrice en mouvement insaisissable, que sont nées certaines photos et certains textes qu’AlmaSoror a publiés, depuis sa naissance en septembre de l’an 2006.


Et je voudrais me ressouvenirs des jours où je reçus, dans mon électro-boite aux lettres, ces textes qui firent le miel d’AlmaSoror et qui demeurent ses fondations. 

Il y eut l'épiphanie d'Esther Mar : sa quête d'intemporel. 
Il y eut ce mail, pas si vieux, de Katharina FB, que nous traduisimes, Kyra et édith, pour le rendre lisible ici. Ce mail qui parlait d'Anne-Pierre Lallande, l'ami parti.
Il y eut l'énervement de Nadège Steene, après un apéro chez ses voisins...
Le mélange de littératures sur les Italiennes, de Sara, court encore.
Le tout premier numéro d'AlmaSoror, celui qui sortit le 20 septembre 2006, contenait un hommage à Alan Turing, l'assassiné.
Laurent Moonens s'essayait aux "articles vidéo" pour la première fois en nous expliquant pourquoi on ne peut pas réaliser une carte géographique parfaite.
AlmaSoror a publié la première interview au monde de Fredy Ortiz, le chanteur du groupe péruvien Uchpa, en langue quechua. La traduction en espagnol est disponible pour d'éventuels non quechuaphones parmi les visiteurs d'AlmaSoror. 
Un SOS virtuel qui n'avait jamais trouvé de réponse a trouvé, au moins, une oreille ici.
Les manuels scolaires français n'éprouvent pas le besoin de la commémorer, cette journée. Pourquoi ? Cette photo pose la question.
Et merci aux deux Black Agnes de hanter le monde et les cerveaux des enfants noyés dans les corps des grands.
Terminons ce voyage avec une porte sur le grand voyage que pourrait être, pour toi, la lecture de Guerre et Paix.

 

vendredi, 06 novembre 2009

amour fantôme de Nadège

 

 

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Village de Poitou-Charente, par Sara

 

 

Toi dont j’ai vu le visage un jour dans la foule je t’aime depuis, malgré que j’avais baissé les yeux, de peur et de trouble, je te réinvente au fil des jours et j’imagine cette voix qui doit parler quelque part et que je n’ai jamais entendu. T’appelais-tu Karel Hactetsky, comme je l’avais cru deviner ? étais-tu pianiste et franco-slovaque ? Avais-tu connu le train Paris-Belgrade à l’époque où les rails n’avaient pas été refaits ? Ces questions n’ont, au fond, aucune importance. Ce qui compte, c’est que tu reviens me voir dès que je t’appelle, toujours le même, chaque fois différent, et qu’ainsi ton visage, sans que tu le saches, a changé le cours de ma vie. Merci à toi, l’inconnu de l’aéroport de Bâle. Sois heureux dans tes sphères, où et qui que tu sois. 
 

 

Nadège Steene

 

vendredi, 29 mai 2009

Apéro-dînatoire chez les voisins

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12 novembre 2005, Paris 17
(Réunion de voisins rue Rennequin)

 

 

Chère Bathilde,

 

Tu as du te demander quelles étaient les raisons de ce silence des derniers jours. Ah ! Elles tiennent simplement à une petite baisse de moral, une sorte de dépression qui suivit un dîner chez mes voisins Evène. Les Evène, tu sais, dont je t’ai souvent parlé. Ils fêtaient l’autre soir l’obtention du doctorat de physique par leur fille S.. S., tu t’en souviens ? S., qui eut une histoire d’amour avec un garçon extrêmement étrange, que son père brisa comme on brise un bâton, par la force, S. qui se maria peu après avec un garçon niais et névrosé, un grand dadais beaucoup trop sérieux et raide pour on âge, S., qui aujourd’hui est enceinte et qui nous accueillait, froide et courtoise, il y a trois soirs de cela, dans la grande maison de ses parents. 

Je m’ennuyais beaucoup, n’ayant rien à dire à personne. La plupart des gens n’étaient pas encore arrivés, et les quelques membres de la famille présents étaient absorbés par l’organisation de cette petite sauterie. Je m’ennuyais, et, habillée, maquillée, je souriais agréablement au vide. Le père, Philippe, au chômage depuis peu – personne n’est censé le savoir, chacun le sait – s’occupait de mettre des disques de sa jeunesse, et battait la mesure opiniâtrement, pour ne pas parler à son gendre, ce fameux Pierre. Celui ce se tourna donc vers moi et m’interrogea sur ce que je fais cette année. Je sais, bien sûr, parfaitement comment répondre à cette question. Je sais toujours, tout le temps, partout, comment répondre à cette fameuse, à cette inévitable, à cette imperturbable, à cette épouvantable, à cette fatigante, à cette éprouvante, à cette fatidique question. D’ailleurs, chaque fois que je sors, je relis avant ma leçon : dans mon ordinateur j’ai créé un document au doux titre interrogatif : « qui je suis ? » et qui répond implacablement à la question éternelle. J’ai des réponses pour les bourgeois, j’ai des réponses pour les étudiants, j’ai des réponses pour les émigrés et d’autres pour les immigrés. J’ai des réponses pour les gens d’orientations politiques diverses. J’ai des réponses pour les militants antiracistes et des réponses pour les gens relevant des minorités identitaires vindicatives. 

Je me répète ma leçon sur la route, et toute la soirée je récite patiemment, sagement ma réponse, deux, dix ou trente fois, aux gens qui m’interrogent. 

Ne me trouvais-je pas, ce soir là, en face d’un bourgeois bon teint, au teint jaunâtre, raide et méprisant, bien pensant, orgueilleux de ses études ? Je lui répondis donc que n’ayant pas obtenu d’allocation de recherche pour achever mes études universitaires aux frais de l’Etat, je me lançais dans des activités d’écriture – de scénarios, de documentaires – pour gagner ma vie, tandis que je cherchais, parallèlement, une université où faire ma thèse l’année prochaine. 

Ses lunettes me scrutèrent inhabituellement. 

Et, euh… Tu ne cherches pas à partir ? Tu n’as pas envie de partir ? Tu es certaine qu’il ne serait pas intéressant de partir ? 

Il avait l’air terrifié à l’idée que je ne parte pas. La vie que je mène, sans doute, ici, lui paraît, justement, ne pas mériter ce mot : vie. Je n’ai pas de vie. Cela me rappela la conversation entendue au café Chez Mimi, rue Rennequin, entre deux jeunes filles surmaquillées et surcoiffées, qui s’apprêtaient sans doute à embrasser, l’une la profession d’assistante publiciste, et l’autre, celle de secrétaire bilingue, et qui parlaient d’une troisième, sans doute moins maquillée, et à la coupe démodée. « Elle n’a pas de mec, elle n’a pas de vie. » 

Enfin, après quelques habiles phrases me laissant entendre qu’il faudrait peut-être que je parte habiter ailleurs, il me dit, convaincu :

il faudrait peut-être que tu trouves une thèse à faire, parce que tu ne vas tout de même pas écrire des scénarios toute ta vie. 

Euh, eh bien… C'est-à-dire… Certes.

Je m’étais rendu compte que mon métier lui paraissait plus que ridicule. Evidemment. Qu’y a-t-il de mieux, de toutes façons, qu’être ingénieur-gestionnaire chez Renault ? Comment peut-on avoir l’idée absurde et dégénérée de vivre de l’écriture de scénarios quand on peut être ingénieur-gestionnaire chez Renault ? Il était gonflé de mépris, rempli de pitié, un mépris, une pitié, qui fort heureusement se tournèrent vire en désintérêt total : des ingénieurs, des gestionnaires et des spécialistes du marketing, assortis de quelques chercheurs dans des disciplines scientifiques sérieuses, venaient d’arriver. 

Je demeurai coite, moite, hébétée, dépitée, amusée et terrifiée, tandis qu’il se balançait avec des airs de secrétaire de sénateur vers l’entrée pour aller accueillir ses joyeuses relations. 

Plus tard, je me remettais tranquillement, tandis qu’on s’affairait autour d’S. pour la féliciter. Elle a obtenu son doctorat brillamment, au terme de trois ans d’un travail sérieux et endurant. De surcroît, elle est enceinte, ce qui, comme chacun sait, est admirable, surtout quand on est mariée. Certes le mari n’est pas polytechnicien. Mais il est tout de même ingénieur-gestionnaire chez Renault. 

La mère d’S. (Christa, mais si, tu te souviens, qui boit un tout petit peu trop, parfois), oui, elle, qui sait que je n’ai pas reçu mes allocations de recherche, sembla l’oublier pour quelques instants, puisqu’elle interrompit le concert de félicitations qui de toutes façons faiblissait, pour se tourner vers moi et me crier à la cantonade, si je puis dire :

ben alors et toi !!! quand esketunoulafè, cette thèse ? 

Un grand silence suivit. Je m’accrochai à mon verre de vin pour ne pas tomber. Les gens s’étaient tous tournés vers moi, et eux et moi restions interdits.

Ben alors, et toi alors ? Hein ? cria-t-elle, déchirant le silence récent. 

Eh bien, moi, je n’ai pas obtenu mon allocation de recherche, commençai-je.

AH ! cria-t-elle d’un ton triomphant.

Eh oui, comme tu le sais. Je cherche donc à…

Mais elle s’était détournée de moi, et parcourait l’assistance d’un sourire satisfait. 

Un peu écrasée par les évènements, j’entrepris de finir méthodiquement, par gorgées égales, sirotées à intervalles égaux, mon verre de vin rouge. 

Je me souvins alors qu’il y a quelques jours – je ne suis pas censée le savoir, mais, vois-tu, tout le monde le sait -, lors d’une réunion de famille, entre les frère et sœurs, elle se disputait avec sa sœur Marie (si, je t’en ai parlé, la juriste, professeur à l’université chic d’une banlieue bien fréquentée), elle lui jeta à la figure :

Va te faire soigner à Sainte-Anne !

Nul ne dit rien. La conversation reprit sur autre chose. 

Le fils de Marie avait été interné la veille, à Sainte-Anne, aux urgences psychiatriques, ramassé dans la rue par la police alors qu’il divaguait. 

J’achevai mon verre et me remis à sourire au vide.

Plus tard, Pierre se tourna à nouveau vers moi, terrifié. De nouvelles personnes – un couple- venaient d’arriver. Il semblait affolé.

Je ne les connais pas, je ne les connais pas, me répéta-t-il plusieurs fois. J’eus soudainement l’impression que nous faisions partie du même clan. Il ne me donne pas très souvent cette impression. J’eus la tentation de lui faire un clin d’œil. Je n’y cédai pas.

Eh bien, lui dis-je, voyant que sa belle-famille s’affairait avec plaisir autour des nouveaux venus, un homme simple et fort d’apparence, plutôt sympathique, et une très jolie femme, tous les deux entre quarante-cinq et cinquante ans, eh bien, je pense que ce sont des amis de tes beaux-parents.

Je ne les connais pas, je ne les connais pas, répéta-t-il, buté.

Je compris alors ce qui se passait. L’homme était en jean et pull over. Il ressemblait à un travailleur manuel. Quant à la jolie femme, très charmante, elle semblait une femme d’origine populaire, intelligente et très courtoise. Pauvre Pierre. Il allait devoir leur serrer la main !

Je ne pus m’empêcher de lui mettre la main sur l’épaule, pour l’encourager. Mais alors il eut un mouvement nerveux de cette épaule là, que j’avais eu l’idée incongrue de toucher. Il eut quelques petits sursauts, et ses lunettes me scrutèrent de travers. Nous n’étions plus du même clan. 

 

Nadège Steene