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mardi, 20 octobre 2009

Rock antispéciste

3 contributions animales et musicales. 

 

visuel_tribunal animal.jpg

 

 

Le rock est une musique qui a jailli d'un coup et l'antispécisme est une pensée qui montera peu à peu. Le rock s'est explosé et il faut faire sa généalogie pour pouvoir en comprendre l'essence. Ce sera sans doute pareil pour l'antispécisme. 
Je ne sais pas si les deux musiques présentées ici entrent dans la catégorie rock, mais comme j'aime ce mot, je les intègre. S'agissant de Robert Wyatt, il a quand même beaucoup du rocker. Pour Tribunal Animal, c'est beaucoup moins certain.
 

Mais ces deux musiques sont des témoignages de guerre et de torture. Ou bien ce sont des messes.
Robert Wyatt a composé une oeuvre autour de l'expérimentation animale. L'album de Tribunal animal tourne beaucoup autour des processus qui entourent l'alimentation carnée. 
 

Les deux pochettes sont sublimes et sans fard. Le singe de The animal film et la vache de Tribunal animal ornent ces pochettes et nous ne pouvons plus ignorer que l'animal a un visage. Chaque animal a un visage, un coeur une âme, des amours, des souffrances. 
 

Dire "ils ne ressentent pas", c'est fermer la porte de notre propre conscience ; c'est jeter dans dans la poubelle d'un parking de supermarché les clefs de notre sensibilité. 
 

Les bébés ne ressentaient pas la souffrance, jusque dans les années 80 : seule l'hystérie des mères leur faisaient croire que leur bébé opéré à vif souffrait "comme nous". 
 

Et si, les bébés qu'on opérait à vif souffraient comme nous. 
 

Et tous les animaux abattus, opérés, "expérimentés", souffrent comme nous. 


Les repentances viennent toujours trop tard. Les médailles ne relèvent pas les millions de visages humains et animaux, sacrifiés à l'autel de la consommation et de la guerre, ces visages originaux, ces visages uniques qui se sont tordus en un même rictus d'horreur au moment de mourir.

Mais les musiques éveillent les sens, les coeurs, les âmes des consommateurs et des soldats "qu'on avait habillés pour un autre destin". 
 

The animal film de Robert Wyatt et Tribunal animal de Tribunal Animal sont les oeuvres-mères. Elles ont tiré du néant la future immense et intarissable musique antispéciste. 

 

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Et demain sera bien : les artistes écarquilleront les yeux en cherchant en vain chez leurs aînés les traces d'une sensibilité qui leur paraîtra si évidente. 
Mais c'est un triste fait : l'homme branché du début du XXème siècle pavanait avec des idéologies que l'homme branché du début du XXIème siècle récuse haut et fort. Mais celui ci pavane avec des idéologies dont il ignore que les hommes branchés de demain les récuseront haut et fort.
Le long et obscur travail de la militance est ardu et cruel ; il ne rapportera rien à celui qui le fait ; il sera forcément récupéré un jour. Mais il est essentiel. 
Chaque animal a toujours eu un visage unique depuis la nuit des temps. Mais notre regard utilitaire ne l'a pas encore remarqué. Nous voyons les visages de ceux que nous n'exploitons pas. Si nous voyions les visages de ceux que nous exploitions, "que nous resterait-il donc pour nous sauver du désespoir ?"

 


Après une pause de quelques semaines, je reviens à cet article :

 

Une troisième contribution animale et musicale, découverte ce soir, mardi dix-sept novembre de l'an MMIX : The Red Paintings. The Red Paintings ont écrit la chanson du film des défenseurs de baleines qui agissent autour de Paul Watson, en mer du Japon. 

 

Leur texte de présentation :
 

IS THE REVOLUTION COMING? (la révolution est-elle entrain d'arriver ?)

 

RedPaintingsSeaShepherdBenefit.jpg

 

 

"What do we love? SAVING ANIMALS from the animal holocaust, supplying canvases and paints and having people paint to the music. Oh, and hamsters, mermaids, alien fetuses, the Virgin Mary, green coats, kimonos, UFO's, Medusa, The Sea Shepherd and the list goes on..."

De la tournée The Animal Rebellion (la révolte animale), écoutez les titres We belong to the sea et Feed the Wolf. La chanson écrite en collaboration avec Paul Watson et les sauveurs de baleines du Sea Shepherd s'appelle Whales are dying (les baleines meurent).

Trash McSweeney dirige ce groupe musical antispéciste et fait appel à des peintres et autres artistes pour donner à ses concerts un multiexpressivité artistique passionnante. 

 

édith de CL

 

Liens :

Robert Wyatt 

Tribunal animal

The Red Paintings

Une marche humaine (sur animauzine)

One Voice

L214

 

lundi, 05 janvier 2009

La liberté d'échouer

 

 



 

 

BtedansJungle-medium.jpgLa bête dans la jungle

Henry James

Traduit par Fabrice Hugot

(Première publication : 1903)

Criterion

 

 

 

MonteCristo-full.jpgLe Comte de Monte-Cristo

Par Alexandre Dumas

(Première publication :1846)

Gallimard (La Pléiade)

 

Ces deux livres décrivent l'amer regret d'avoir échoué la rencontre avec l'être aimé. La lâcheté, l'égoïsme, le manque de foi dans la vie, la complaisance à soi-même ont été les raisons d'un tel désastre. Le personnage du roman, qui est en cause, recule, effrayé, atterré, au moment où - après des années d'aveuglement - il a soudain la vision lucide de son échec. Il résiste furieusement devant l'évidence : il aurait pu se déterminer autrement. Il aurait pu être libre.

 

"Malheureux ! s'écria Mercédès, si je croyais que Dieu m'eût donné le libre arbitre, que me resterait-il donc pour me sauver du désespoir !" (chapitre CXII. Le Départ). Oui, toute la question est là. La fiancée d'Edmond Dantès aurait-elle du lui rester fidèle au lieu d'épouser son cousin ? Elle a beaucoup de circonstances atténuantes : elle était pauvre, seule. Elle n'avait aucun moyen de sauver son fiancé. Elle ne savait même pas où la police l'avait emmené, dans quel cachot la justice l'avait jeté. Elle n'était même pas sûre qu'il était encore en vie. Quand un demi-siècle plus tard, elle revoit Edmond Dantès devenu le richissime Comte de Monte-Cristo dans toute sa gloire, c'est au moment exact où elle-même chute dans l'opprobre et le malheur. Comment pourrait-elle alors entrevoir qu'elle a librement fait le mauvais choix? Il est plus facile de croire que c'était son destin d'être ainsi broyée. Sauf à sombrer dans le désespoir et la rage impuissante des regrets et des remords.

 

John Marcher, le héros de La bête dans la jungle, savait qu'un jour, inéluctablement, la "bête"-  qu'il sentait rôder autour de lui depuis tant d'années - allait bondir. Mais il ne l'avait pas prévue aussi effrayante, diabolique. "C'était là l'horrible secret, la réponse à tout ce qui s'était passé, la vision dont l'effroyable limpidité le glaça d'un froid aussi grand que celui de la tombe qui était à ses pieds". Cette fulgurante vision c'est qu'il est passé, par sa faute, à côté de la femme de sa vie. Il sait que c'est son arrogance et son égoïsme qui l'ont aveuglé toutes ces années. Il est plus impardonnable que Mercédès. Mais plus qu'elle, il a le courage de la lucidité. "Il avait rempli sa mesure, celle d'un homme à qui rien ne devait jamais arriver. Il aurait pu échapper à son destin en l'aimant, alors, oui, alors, il aurait vécu. C'est ce que la compagne de son attente avait à un moment compris et elle lui avait alors offert d'échapper à son destin." Il avait refusé de le comprendre. La vision "immense et effroyable" de la liberté qu'il avait eu de choisir son malheur le foudroie sur le tombeau même de l'être aimé.

Sara www.universdesara.org