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dimanche, 10 novembre 2019

Un don doux et amer

andreï tarkovski,le temps scellé

« Le temps d'une vie est une opportunité donnée à l'homme pour prendre conscience de lui-même et de son aspiration à la vérité en tant qu'être moral. Un don à la fois doux et amer. Une vie alors est comme un délai au cours duquel l'homme peut, et a le devoir, de mettre son esprit en accord avec la compréhension qu'il a du but de l'existence humaine. Ce cadre étroit ne fait qu'accentuer sa responsabilité devant lui-même et devant les autres. Ainsi, la conscience humaine est tributaire du temps. Elle n'existe qu'à travers lui. »

Andreï Tarkovski IN Le temps scellé, Chapitre intitulé Fixer le temps
Traduit du russe par Anne Kichilov et Charles H de Brantes – Petite Bibliothèque des Cahiers du Cinéma

 

Tarkovski sur AlmaSoror :

En parallèle

Andreï : fragment d'un cinéaste

Comme un dimanche

Miroirs

Demain, peut-être ?

samedi, 28 juillet 2018

En parallèle (parole de Tarkovski)

« En parallèle au problème de la liberté, se pose celui de l'expérience et de l'éducation. Dans son combat pour la liberté, en effet, l'humanité moderne réclame la libération de l'individu, c'est-à-dire la possibilité concrète de faire tout ce qui lui passe par la tête. Ce ne peut être là qu'une libération illusoire, et la voie vers de nouveaux désenchantements. Libérer l'énergie de la spiritualité humaine ne peut être que le fruit d'un énorme travail intérieur, que l'individu seul doit se décider à entreprendre. Dès lors, l'éducation reçue fait place à l'autoéducation, sans laquelle il est impossible de savoir quoi faire de cette liberté tant recherchée, ou comment éviter de ne l'interpréter qu'en termes utilitaires ou de consommation.

À cet égard, l'expérience de l'Occident fournit un matériau extraordinairement riche à la réflexion. Les libertés démocratiques y sont indéniables. Pourtant ses citoyens, réputés « libres », traversent une invraisemblable crise spirituelle. Que se passe-t-il ? Pourquoi existe-t-il un conflit aussi aigu entre l'individu et la société malgré les libertés laissées à la personne en Occident ? Je pense que l'expérience occidentale prouve que se servir de la liberté comme d'un don gratuit, comme d'une eau de source qui ne coûterait pas un kopeck, sans faire sur soi le moindre effort spirituel, met l'homme dans la situation d'une impossibilité de jouir des bienfaits de cette liberté, et d'en changer sa vie vers un mieux. La liberté n'est pas quelque chose qui peut s'intégrer une fois pour toutes à la vie d'un homme. Elle est le salaire d'un travail spirituel permanent. Dans ses manifestations extérieures, l'homme n'est pas libre parce qu'il n'est pas seul. Mais la liberté intérieure est donnée à chacun dès l'origine. Reste à avoir le courage et la volonté nécessaires pour s'en servir, après avoir pris conscience de l'importance sociale de sa liberté intérieure ».

 

Andreï Tarkovski, IN Le temps scellé, Conclusion, traduit du russe par Anne Kichilov et Charles H de Brantes

 

Sur AlmaSoror déjà en 2014 Le temps scellé : Fragment d'un cinéaste

et aussi, quoiqu'hors sujet, Les crachats du temps