dimanche, 04 mars 2012
Qu'un sang pur abreuve nos fantasmes !
Chevreaux et agneaux, mes frères, mes petits martyrisés, voici comment Philostrate le sophiste parlait de vous et trouvant son propre foie trop chargé de bile pour contenir des indications sur l'avenir, vous vouait, vous autres, aux sacrifices.
Ah ! Le temps des religions qui égorgent n'est pas fini ! Et quand ce ne sont pas les religions, c'est l'arrogance et l'argent qui vous sacrifient sur l'autel de la consommation.
Je profite de ce billet pour rappeler quelques textes qu'AlmaSoror fit pour les animaux, et pour donner quelques liens vers de plus fraternelles pensées envers les bêtes.
Extrait de la Vie d'Apollonios de Tyane
"Il est concevable que des animaux dépourvus de raison, du fait même qu'on les égorge alors qu'ils n'ont aucune idée de la mort, aient des entrailles dépourvues de trouble, parce qu'ils ignorent le sort qui les attend ; mais un être humain, qui a toujours la crainte de la mort présente à l'esprit, même lorsque celle-ci n'est pas menaçante, comment penser que, lorsqu'elle est là sous ses yeux, il sera capable de donner, par ses entrailles, des indications sur le futur, ou même qu'il est susceptible d'être offert aux dieux ?
Pour te prouver que ma conjecture est exacte et conforme à la nature, je te prie, Seigneur, de réfléchir à ceci : le foie, où, selon les praticiens de cet art, réside comme le trépied de leur divination, n'est pas composé de sang pur - tout le sang pur, en effet, est contenu dans le cœur, qui l'envoie, par les canaux sanguins, à travers tout le corps ; la bile qui est enfermée dans le foie est enflée par la colère et, sous l'action de la peur, rentre dans les cavités du foie. Bouillonnant sous l'action d'excitants, incapable de demeurer à l'intérieur de son réceptacle, elle déborde et se répand dans tout le foie, ce qui fait que la bile occupe toutes les parties lisses et prophétiques des entrailles ; inversement, sous l'action de la peur, elle se rétracte et condense en elle en même temps la lumière qui brille dans les parties lisses, car ce qu'il y a dans le foie de sang pur se retire alors, ce sang qui gonfle le foie en coulant sous sa membranes extérieure et qui recouvre sa partie turbide. À quoi bon, alors, un meurtre, si les entrailles ne doivent donner aucun présages ? Or, la nature humaine fait qu'elle a conscience de la mort et que les victimes au moment de mourir, si elle périssent courageusement, sont remplies de colère et, si elles se laissent abattre, meurent dans la crainte. C'est pourquoi l'art divinatoire, sauf chez quelques barbares ignorants, conseille d'immoler des chevreaux et des agneaux, car ce sont des animaux stupides et presque dénués de sensibilité, mais considère que les coqs, les porcs, les taureaux, qui sont des animaux d'un tempérament passionné, ne sont pas aptes à servir à ses mystères."
Philostrate le Sophiste, "La vie d'Apollonios de Tyane"
Sur nos terres de poussières virtuelles, allez lire :
L'abattoir, dans l'album poétique d'AlmaSoror
La phrase qui ouvrit l'année 2010
Ailleurs, vous trouverez des hérauts frissonnants d'horreur et de nervosité qui se battent au milieu des silences et des fêtes pour les autres animaux, ceux qui ne parlent pas.
L'oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir
L214, éthique animale
La Protection mondiale des animaux de ferme
En musique, écoutons ensemble :
The Animal Film, la musique d'un documentaire sur toutes les formes d'exploitation animale par le musicien Robert Wyatt
The Red Paintings, groupe de rock animaliste
LIVRES à explorer...
Eternel Treblinka
De Charles Patterson
Sur les camps de concentration et de massacre pour animaux (l'analogie est de l'écrivain Isaac Bashevis Singer)
Ethique animale
De Jean-Baptiste Jeangène Vilmer
Quand les éléphants pleurent
De Jeffrey Moussaieff Masson
Sur la vie émotionnelle des animaux
Ces bêtes qu'on abat : journal d'un enquêteur dans les abattoirs français
de Jean-Luc Daub
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jeudi, 29 décembre 2011
Poules des usines, poules des chansons : un documentaire, une comptine
Voici une enquête intéressante de l'association L214 sur les poules en batterie :
Et voilà la comptine, qu'on peut entendre chantée ici et là sur Internet :
L’était une p’tite poule grise
Qui allait pondre dans l’Eglise
Pondait un p’tit coco
Pour l’enfant s’il dort bientôt
L’était une p’tite poule noire
Qui allait pondre dans l’armoire
Pondait un p’tit coco
Pour l’enfant s’il dort bientôt
L’était une p’tite poule blanche
Qui allait pondre dans la grange
Pondait un p’tit coco
Pour l’enfant s’il dort bientôt
L’était une p’tite poule rousse
Qui allait pondre dans la mousse
Pondait un p’tit coco
Pour l’enfant s’il dort bientôt
J'ai glané les vidéos sur le site d'L214 et sur YouTube.
L'auteur de ce billet (Edith) avait déjà écrit, en 2007, Une marche humaine, sur le sujet de la condition animale. Car de nos jours où tout est bétonné, enserré, mécanisé, qu’il soit homme ou bête, désert est le jour de l’animal concret.
AlmaSoror avait évoqué, en 2009, le désastre animal au moment de Noël.
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mardi, 20 octobre 2009
Rock antispéciste
3 contributions animales et musicales.
Le rock est une musique qui a jailli d'un coup et l'antispécisme est une pensée qui montera peu à peu. Le rock s'est explosé et il faut faire sa généalogie pour pouvoir en comprendre l'essence. Ce sera sans doute pareil pour l'antispécisme.
Je ne sais pas si les deux musiques présentées ici entrent dans la catégorie rock, mais comme j'aime ce mot, je les intègre. S'agissant de Robert Wyatt, il a quand même beaucoup du rocker. Pour Tribunal Animal, c'est beaucoup moins certain.
Mais ces deux musiques sont des témoignages de guerre et de torture. Ou bien ce sont des messes.
Robert Wyatt a composé une oeuvre autour de l'expérimentation animale. L'album de Tribunal animal tourne beaucoup autour des processus qui entourent l'alimentation carnée.
Les deux pochettes sont sublimes et sans fard. Le singe de The animal film et la vache de Tribunal animal ornent ces pochettes et nous ne pouvons plus ignorer que l'animal a un visage. Chaque animal a un visage, un coeur une âme, des amours, des souffrances.
Dire "ils ne ressentent pas", c'est fermer la porte de notre propre conscience ; c'est jeter dans dans la poubelle d'un parking de supermarché les clefs de notre sensibilité.
Les bébés ne ressentaient pas la souffrance, jusque dans les années 80 : seule l'hystérie des mères leur faisaient croire que leur bébé opéré à vif souffrait "comme nous".
Et si, les bébés qu'on opérait à vif souffraient comme nous.
Et tous les animaux abattus, opérés, "expérimentés", souffrent comme nous.
Les repentances viennent toujours trop tard. Les médailles ne relèvent pas les millions de visages humains et animaux, sacrifiés à l'autel de la consommation et de la guerre, ces visages originaux, ces visages uniques qui se sont tordus en un même rictus d'horreur au moment de mourir.
Mais les musiques éveillent les sens, les coeurs, les âmes des consommateurs et des soldats "qu'on avait habillés pour un autre destin".
The animal film de Robert Wyatt et Tribunal animal de Tribunal Animal sont les oeuvres-mères. Elles ont tiré du néant la future immense et intarissable musique antispéciste.
Et demain sera bien : les artistes écarquilleront les yeux en cherchant en vain chez leurs aînés les traces d'une sensibilité qui leur paraîtra si évidente.
Mais c'est un triste fait : l'homme branché du début du XXème siècle pavanait avec des idéologies que l'homme branché du début du XXIème siècle récuse haut et fort. Mais celui ci pavane avec des idéologies dont il ignore que les hommes branchés de demain les récuseront haut et fort.
Le long et obscur travail de la militance est ardu et cruel ; il ne rapportera rien à celui qui le fait ; il sera forcément récupéré un jour. Mais il est essentiel.
Chaque animal a toujours eu un visage unique depuis la nuit des temps. Mais notre regard utilitaire ne l'a pas encore remarqué. Nous voyons les visages de ceux que nous n'exploitons pas. Si nous voyions les visages de ceux que nous exploitions, "que nous resterait-il donc pour nous sauver du désespoir ?"
Après une pause de quelques semaines, je reviens à cet article :
Une troisième contribution animale et musicale, découverte ce soir, mardi dix-sept novembre de l'an MMIX : The Red Paintings. The Red Paintings ont écrit la chanson du film des défenseurs de baleines qui agissent autour de Paul Watson, en mer du Japon.
Leur texte de présentation :
IS THE REVOLUTION COMING? (la révolution est-elle entrain d'arriver ?)
De la tournée The Animal Rebellion (la révolte animale), écoutez les titres We belong to the sea et Feed the Wolf. La chanson écrite en collaboration avec Paul Watson et les sauveurs de baleines du Sea Shepherd s'appelle Whales are dying (les baleines meurent).
Trash McSweeney dirige ce groupe musical antispéciste et fait appel à des peintres et autres artistes pour donner à ses concerts un multiexpressivité artistique passionnante.
Liens :
Une marche humaine (sur animauzine)
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