lundi, 11 janvier 2010
Fragment de Moréas et commentaire d'Esther Mar
Fragment de Moréas (commenté par Esther Mar)
Quand je viendrai m’asseoir dans le vent, dans la nuit,
Au bout du rocher solitaire,
Que je n’entendrai plus, en t’écoutant, le bruit
Que fait mon cœur sur cette terre,
Ne te contente pas, Océan, de jeter
Sur mon visage un peu d’écume :
D’un coup de lame alors il te faut m’emporter
Pour dormir dans ton amertume.
(Moréas, el Greco de la poésie française)
Commentaire d’Esther Mar
Ton visage accusait trop d’ans. L’océan s’étendait sous la nappe nocturne. Tu voulais dormir dans son amertume : tu savais que ce grand flot mouvant nous emporte dans son lit indéfinissable et que le sommeil éternel a le goûts des lendemains de fêtes ratées. Tu t’en es allé comme tu avais dit et je lis tes vers au bord de la Marne. Je songe aussi à partir. D’un coup de lame alors il faudra m’emporter, au-delà de la solitude.
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