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lundi, 18 novembre 2013

18 novembre : billet anniversaire

Au 18 novembre 2012, dans AlmaSoror :

L'orgueil, extrait du manuel de spiritualité de l'abbé Saudreau

Et : Ces bêtes qu'on abat, des chevaux qui attendent...

 

Au 18 novembre 2011 :

Vigny aux temps électros

 

Au 18 novembre 2010 :

Une mère présente Hommes sans mère, d'Hubert Mingarelli

 

Au 18 novembre 2009 :

L'archivage de Karamazov avec les Songes, de Paul de Cornulier

1974.Alice,Tovaritch,AnnedeLaRocheSaintAndré346.jpg

samedi, 18 août 2012

Mystique littéraire

Le petit garçon à la vie de bohème a joué un jeu sur son blog, et j'ai eu envie de jouer aussi.
Il s'agit de répondre à une série de questions en utilisant des titres de livres. J'ai ajouté cinq questions à celles qui existaient.

Jack Kerouak,Eugène Savitskaya,Léon Tolstoï,Victor Hugo,Janet Frame,Maurice Druon,John Fante,Robert Musil,Truman Capote,Saint Jean de la Croix,Dante Alighieri,André Dhôtel,Paul Féval,Thomas Mann,Marcel Brion,Marcel Proust,Alfred de Vigny,Hubert Mingarelli,Saint François de Sales,Jean Marie Gustave Le Clezio,,Louis Ferdinand Céline,Terence Edward Lawrence d'Arabie, la beauté des loutres, demande à la poussière,le pays où l'on n'arrive jamais ,
Photo prise à l'orgue de ND d'Auteuil
, par Sara

 

Comment te sens-tu ? Sur la route
(Jack Kerouak)

La condition actuelle de ton âme ? Marin mon cœur
(Eugène Savitskaya)

Qu'est-ce que la vie pour toi ? La guerre et la paix
(Léon Tolstoï)

Ta peur ? Les châtiments
(Victor Hugo)

Ton histoire d'amour ? Un ange à ma table
(Janet Frame)

Tes meilleurs amis sont ? Les rois maudits
(Maurice Druon)

Quel est le meilleur conseil que tu aies à donner ? Demande à la poussière...
(John Fante)

Le défaut qui t'horripile le plus ? L'homme sans qualité
(Robert Musil)

Comment est le temps ? Un été indien
(Truman Capote)

 Ton moment préféré de la journée ? La nuit obscure
(Saint Jean de la Croix)

 Décris où tu vis actuellement: Le Purgatoire
(Dante Alighieri)


Ton moyen de transport préféré ? Vol de nuit
(Antoine de Saint-Exupéry)

Si tu pouvais aller n'importe où, où irais-tu ? Le pays où l'on n'arrive jamais
(André Dhôtel)

Ton animal préféré ? Le loup blanc
(Paul Féval)

Comment aimerais-tu mourir ? La mort à Venise
(Thomas Mann)

Ton rêve le plus cher ? La résurrection des villes mortes
(Marcel Brion)

Le métier qui te fait rêver ? Grandeur et servitude militaire
(Alfred de Vigny)

Ta passion ? La recherche du temps perdu
(Marcel Proust)
 
Une faiblesse : la beauté des loutres
Hubert Mingarelli
 
Un aveu : L'amour de Dieu
(Saint François de Sales)
 
Un souvenir cuisant : Le procès verbal
(Jean Marie Gustave Le Clezio)

Ton plus beau souvenir : Voyage au bout de la nuit 
(Louis Ferdinand Céline)
 
Que cherches-tu ? : Les sept piliers de la sagesse
(Terence Edward Lawrence d'Arabie)

jeudi, 18 novembre 2010

“Hommes sans mère” d’Hubert Mingarelli

 

 

Hommes sans mèrePH.jpg

Photo Sara pour VillaBar

 

“Ils s’éloignèrent sous la pluie et la brume, leurs silhouettes flottèrent et tremblotèrent comme s’ils s’enfonçaient dans l’eau, et, finalement ils échappèrent à la vue.”

On pourrait penser que l’auteur décrit la frustration d’hommes sans femmes à la lecture du livre. Mais il a choisi comme titre “Hommes sans mère”. Dans son livre, il y a bien un orphelin : c’est le gardien muet qui a perdu sa maman, non pas qu’elle soit morte, mais il l’a perdue quand il était enfant. 

Les deux héros, des marins, sont pourtant bien des orphelins - même s’ils ont sûrement une mère là-bas - : ils ressemblent à deux frères perdus dans la grande vie, le plus grand protège le plus petit qui fait des bêtises.

La couverture du livre, collection Points, est dessinée par Pierre Mornet : trois jeunes femmes identiques à toutes les femmes qu’il dessine.HSM.jpg L’éventail et le sein dénudé sont les seuls détails qui permet de ne pas les prendre pour des petites bourgeoises faisant tapisserie au bal.

Le style évoque Faulkner, en moins violent et plus tendre. Dans “La beauté des loutres” et “Le voyage d’Eladio”, les deux seuls livres que j’ai lu jusque là d’Hubert Mingarelli, il décrit l’âme des hommes à travers leur silence frustre. Ce sont des livres sur les hommes. Mais contrairement à la plupart des livres sur ce thème, les siens sont tendres. Même les femmes sont tendres, irréelles, mais tendres. Irréelles car elles ne sont pas préoccupées de leur corps qu’elles vendent pour vivre. Corps qui malheureusement dans la vie réelle se rappellent durement au souvenir des femmes à travers leurs organes de procréation, mais que les hommes oublient ou ignorent quand ils écrivent sur les femmes. Elles sont là, finalement, pour le décor. 

Souvenir. Rue Quincampoix où Paul et moi avons habité un an en 1974 ou 1975, nous avions fait connaissance d’une jeune femme, parmi toutes celles qui “faisaient le trottoir”, avec qui nous prenions des cafés au bar d’en bas, tenu par un vieil homme, sale et glauque qui habitait dans notre immeuble. La femme parlait de son “père” qui l’emmenait faire des voyages dans les pays chauds. Nous n’en croyions rien et espérions apercevoir ce “père” un jour ou l’autre, main en vain. Un jour elle disparut, peut-être à cause de nous.

C’est là que j’ai vu une femme de milieu très pauvre, très populaire, se mettre sur les rangs, dans cette rue. De femme du peuple démunie de tout, elle s’est transformée jour après jour, en pimpante jeune femme. Cela a commencé par un manteau rouge. Ensuite, ça a été le coiffeur. Elle a mis du temps a dénudé ses cuisses même en plein hiver, comme faisaient les autres, même les plus vieilles, grasses, peinturlurées, vulgaires.

C’étaient les bourgeois qui venaient, de quarante à soixante ans. Ils avaient de l’argent pour les payer. Rue aux Ours, une nuée d’arabes bouchait la rue, se tenant debout sans bouger, agglutinés les uns aux autres, mornes, silencieux, les yeux en direction de la rue Quincampoix. Je ne suis même pas sûre qu’ils regardaient les femmes. Ils venaient après le boulot, vers cinq heures du soir et ne bougeaient plus. On était obligé de traverser leurs rangs serrés pour rentrer chez nous. Ils étaient collés les uns aux autres, lourds, immobiles, muets et faisaient contraste avec la vie vulgaire et colorée de la rue, ponctuée par l’arrivée des bourgeois qui négociait le tarif avec une “fille” et la suivaient la regardant sans vergogne de la tête aux pieds en franchissant le seuil de l’immeuble pour s’enfoncer dans un long couloir mal éclairé d’une ampoule au plafond qui menait je ne sais où. Certains hommes avaient leur habituée. 

Parfois les femmes s’enfuyaient dans les maisons comme une nuée d’oiseaux. C’était un sifflement bref et strident qui provoquait cette échappée. Puis une voiture de flics remontait lentement la rue Quincampoix jusqu’à la rue aux Ours. Tout le monde s’écartait au fur et à mesure pour les laisser passer.

À d’autres moments, une voiture de sport décapotable débouchait du fond de la rue, conduite par un jeune homme, la trentaine, roux. Il garait la voiture et venait prendre le fric. C’était le souteneur. Nous le regardions de là-haut, de notre fenêtre, avec respect et inquiétude. C’était un homme puissant.

 

À mes enfants, votre mère