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jeudi, 24 avril 2014

Eh, l'oisillon

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Affirme tranquillement ta personnalité et ton œuvre ;

chasse de ta vie les personnes qui te nient, te rabaissent, t'ignorent, t'humilient, te combattent, te détestent, t'en veulent.

Soutiens ce qui t'aide à être toi-même, aime ceux qui t'aident à devenir mieux.

Si le monde extérieur présente des normes mesurables auxquelles tu fais attention à t'adapter pour y survivre, ces normes n'influent pas sur l'appréciation que tu as de toi et de ta réussite, des autres et de leur trajectoire.

Car tu dois déterminer les accomplissements intérieurs et extérieurs qui te rendent fier de toi et en paix avec ton âge et la vie, selon les critères de ton propre cœur, le jugement de ton propre esprit.

Désormais, que ton cœur se tourne vers les personnes capables de juger d'après leur cœur et leur liberté : ce sont eux que tu choisis comme amis, et dont tu veux être l'ami digne.

Fidèle à ta propre vision du monde, tu acceptes sans broncher, comme un aléa normal et supportable de la vie, les solitudes, difficultés, fragilités, incompréhensions qui résultent des choix libres et fermes.

Celui qui ne rajeunit pas vieillit. Exerce-toi à supporter, et même aimer la jeunesse des autres ; cela consiste à accepter et même vouloir une certaine insécurité, sœur de l'aventure, et une certaine insouciance, sœur de l'exaltation. Accepte de mourir comme un jeune généreux et donne ta fougue et tes biens au monde, car on n'arrive pas au paradis avec les poches pleines.

Ne t'interroge pas sur la validité de la liberté, sur l'utilité de ton destin. Un combat mené n'est jamais perdu. Et, parfois, combattre, c'est déjà gagner.

lundi, 31 mars 2014

L'ambition de la lune noire

 ruelle, sables d'olonne

Je préfère développer la puissance qu'obtenir le pouvoir ; je préfère scruter les profondeurs que rebondir sur les surfaces ;

je choisis de miser sur la beauté de la prière plutôt que sur l'efficacité de la hargne ; je désire sonder et comprendre le tréfonds du cœur de tout homme plutôt que de dominer les corps et les esprits de la majorité.

Je préfère vivifier une personne dans le secret, même en l'ignorant moi-même, que faire semblant de faire du bien à plusieurs avec un cœur impur ;

je préfère m'élever au regard de Dieu qu'au regard de l'administration ou de l'Insee ;

j'aspire à accomplir la fraternité intégrale par la crucifixion de chacune de mes cellules, plutôt que que boire une coupe qui a couté un zeste de dignité à quelqu'un.

Je suis plus ambitieuse que les plus ambitieux de ce monde.

Invisible Seigneur, guide-moi vers mon destin.

 

samedi, 07 septembre 2013

Rue du Hasard

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« Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme.
Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe à chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec une prostituée ou un paillasson. »

Rebecca West (1892-1983)


Elle doit vraiment s'appeler la rue du Hasard, puisqu'à sept heures du soir j'y ai reconnu ton visage, sur lequel le temps avait laissé la trace de son passage.

Et ta voix peu à peu redevenait semblable à celle qui choisissait ses lunettes de soleil et ses bottines dans la rue de l'Annonciation.

Passy, années 2000 : tu marchais au bras d'un jeune homme si élégant que vous aviez l'air d'un petit couple de marquis des temps modernes. Les autres filles disaient "comme elle a de la chance !" et les garçons savaient que jamais ils n'auraient une fille comme toi, Héloïse.

Mais nous égrenions les prénoms du temps passé et je te répondais : oui, je le revois, il vit ici, oui, j'ai des nouvelles, elle fait cela. Et toi ? Toi, aux noms que je mentionnais, tu disais que tu ne sais plus rien d'eux.

Ce si beau jeune homme, que tu avais laissé un matin, seul dans son joli appartement du XVI°arrondissement où il révisait ses plaidoiries de la semaine à venir, je n'ai pas osé te le dire en apercevant la lueur inquiète valser dans ton regard : il s'est marié cet été, avec une autre belle, tout aussi belle que tu l'étais. Et dans le ventre d'Astrid un fœtus lentement se forme.

Mais je regardais dans cette rue du hasard tes mains crispées et tu me disais que non, tu ne retournais plus à Passy, chez tes parents.

Derrière toi, un homme tatoué faisait cling cling quand il bougeait, avec ses bagues, ses anneaux, ses colliers. Il portait dans ses bras sans amour un bébé endormi.

- Nous vivons rue Le Rouge et le Noir, là-bas. Et tu montrais une direction, vers le douzième et le vingtième arrondissement.

Nous nous quittâmes sans échanger de numéro. Tu marchais derrière lui, et en vous regardant disparaître au fond de la rue du Hasard dissipé, je me souvenais de tes bottines, de tes lunettes et de ton bras dans celui dont le nom t'a fait trembler.

Comment s'appelle ton destin ?

 

 

(Et si la musique de Schnittke qui accompagne ce billet vous a plu, c'est peut-être que vous ressemblez à Héloïse ou à J-F de Passy, ou à moi. Peut-être...)