Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 16 août 2014

Tcha tcha tcha !

 « - Sur les talus, ces tâches sombres ?

- Les gens ».

M Duras

IMG05999-20140731-2208.jpg

 

Pendant que vous faites la nouba, nous dansons la rumba. Les averses dansent leurs gouttes de pluie dans l'air et le soleil. Une sorte de bleu se pose tout doucement sur la ville, les jardins, les artères et la plage, là-bas. « Il n'y aura bientôt plus d'arbres », chantaient les enfants de l'école des jours sombres. Il en reste encore, pourtant, sur les places et le long de la promenade de la côte. Qui connaît encore des personnes qui craignent les abbés du monastère de l'étoile filante ? On danse, cela danse, tout le monde danse ! La théorie des péchés n'a plus cours au cœur même des familles. Un moine traverse la ville, il porte un chapelet, un grand chien à côté de lui, une clochette autour du cou, sonne l'appel du denier. Oh, lueur, tu t'échappes de la villa de Moonsmile. À l'intérieur, les riches dansent, comme nous – pas comme nous. Ils ont des blancheurs sur leurs soies, des reflets sur leurs ongles, que nous ne pouvons pas nous offrir. Les pauvres, eux, dansent aussi. Ils dansent en bas, du côté des docks, là où la gnôle se troque contre des bouteilles vides. Ils ont des déchirures à leurs vêtements, des trous à leurs chaussures, et crient trop fort – pas comme nous. Salsa ? Oui. Tango, non. Pas ce soir. Aujourd'hui, 15 août, la bonne vierge monte au ciel, en souvenir des premières communions nous dansons comme des fous sur des musiques qu'on aime. Le moine et son chien, la clochette, personne ne descend – on rit ! Ai-je déjà pensé dans ma vie ? C'était la question du mendiant philosophe, hier, au marché, quel idiot ! Je suis remontée sur mon scooter et je suis partie en filant comme un poisson volant. Le buffet se vide, les couleurs des aliments se réduisent, il ne restera bientôt que des cacahuètes et des loukoums. Ah ! C'est ce que je préfère, quand on a tout mangé, qu'on ne mange plus, qu'on oublie la vie, qu'on se remue dans la musique, qu'Abel m'appelle, que j'observe les autres, que je descends par l'escalier, que je le retrouve, qu'il me dit qu'il va bientôt quitter Lena pour moi, qu'il veut m'embrasser, que je m'enfuis, qu'il me rattrape derrière la statue, que je dis non, qu'il dit si, que je bouscule la table blanche, que l'on revient, qu'il me dit « marche devant », que je traverse la terrasse, que je vois Lena qui attend, que je vois des garçons qui m'attendent, qui me sourient, je suis la reine, qui pourrait vouloir penser ? Des mendiants, des pauvres moines, des philosophes, tous ces ratés qui ne connaissent pas la joie de se trémousser dans la splendeur d'une fête.

nouba,rumba,rumba des îles,marguerite duras,moine-mendiant,moine-philosophe,moonsmile,cha cha cha,fête,danse,riches,pauvres,scooter,inégalités urbaines

 

mercredi, 28 mai 2014

Charade

baie de cayola,paris-les sables d'olonne,arthur rimbaud,ethiopie,viol,danse,transe,charles baudelaire,baudelairien,île de la désolation,nécropole,nécropolis,insomniapolis,célibataire,cité,joug,buveur,zénith,lagune,lacune,magnanimité,ballade,charade,parade,minuit

Ballade, ballade,
Que vas-tu nous chanter
Quand la nuit descend dans la moiteur d'été ?

Insomniapolis,
La ville où les amants avides du sommeil
Passent leur exil -
Arthurs Rimbauds dégénérés, violeurs d’Éthiopies !

Quelle est cette danse qui tient mon corps en transe ?

Je suis solitaire et vous ne me connaissez pas.
Voici que vient l'heure de la douceur et des grillons,
Mais mes pas, même lents, trébuchent sur la pierre
Et j'ai le vague à mon âme isolée,
Île de désolation à la lagune en cœur brisé.

Exode, exil, j'ai laissé ma vie, ma ville grouillante, la plus riche cité.
Dans son amplitude, ma solitude avale l'espérance et la charité.
Je suis trop près de la mer pour la foi du charbonnier
Et les marins partis ne prient plus pour mon cœur.
Paris c'était la vie, la vile, la ville
Je ne sais pas lui pardonner de m'avoir laissée la quitter.

Parade, parade,
Que vas-tu nous danser
Quand le zénith descend le long du jour brûlé ?

La nécropolis,
Cité célibataire où le buveur d'amour
Abreuve son joug -
Baudelairien désespéré, charmeur d'aliénées !

Tiens, d'où vient ce chant qui altère mon ouïe ?

Moi, velléitaire, et vous qui ne me voyez pas,
Voici l'air qui sonorise un bateau d'oxygène.
N'est-ce pas, même lent, le chant de la sirène,
Au fond du flot, sa voix immaculée
Pousse la complainte tendre au cœur brisé dans ses lacunes.

Exsangue exil, j'ai lassé la vie, la ville bruyante, la folle magnanime,
Dans ses turpitudes, d'habitude, j'arborais la chance et la probité.
Je suis trop loin : l'autoroute a nargué ma péninsule
Et mes amis enfuis méprisent ma pendule.
La baie de Cayola, c'est l'aune, c'est là !
Je ne peux pas lui pardonner de m'avoir laissée la rejoindre.

Charade, charade !

 

27.5.14. Avant minuit ?

baie de cayola,paris-les sables d'olonne,arthur rimbaud,ethiopie,viol,danse,transe,charles baudelaire,baudelairien,île de la désolation,nécropole,nécropolis,insomniapolis,célibataire,cité,joug,buveur,zénith,lagune,lacune,magnanimité,ballade,charade,parade,minuit

vendredi, 21 juin 2013

Solstice d'été ou la Saint-Jean

 lucienne delyle,mon amant de saint-jean,tovaritch,solstice,saint-éloi,danse,chant,diable,diabolique,saint-jean

«Que nul à la fête de saint Jean ne célèbre les solstices par des danses et des chants diaboliques».


Saint Eloi

 

(Phot : Tovaritch et ses deux amies, années 70)

jeudi, 10 décembre 2009

figures célestes

 

Nous créâmes la rubrique deltaplane puisque après Laurent Moonens et ses mathématiques pétillantes et réflexives, après Sara et ses mélanges de littératures, après Axel Randers et ses maladives saines révoltes, après tant d’autres qu’on retrouve dans ce dédale flou de pages virtuelles, Siobhan H accepta de nous rejoindre et de cracher des mots sur la seule activité qui remplit son coeur de joie : le vol libre en deltaplane.

 

Prague, du pont.jpg
photo de Sara

 

 

Je veux vous dire aujourd’hui qu’il n’y a aucune différence entre le vol en deltaplane et la chorégraphie. Nous sommes les créateurs de danses fabuleuses, nous sommes les créateurs de peintures mouvantes du corps dans l’espace. Nos solos chorégraphiques s’imaginent en marchant sur les routes et se réalisent dans le ciel, aux bras de notre deltaplane avec lequel nous faisons corps. 

La danse en solo est libératrice d’une énergie intangible. On ne sait qu’elle existe avant de l’avoir expérimentée ; on l’oublie presque après. La danse est une énergie qui n’existe qu’à partir du moment où on l’actionne, en esquissant un premier pas. On peut continuer les pas, les gestes, même artificiellement, jusqu’à ce qu’une possession ait lieu dans le corps, ou plutôt une passassion de pouvoir : la tête renonce et cède ses droits aux inspirations du corps. 

Je ne danse jamais sur terre : je ne danse qu’en deltaplane, loin des regards. J’improvise des chorégraphies auxquelles je donne des titres. Certaines n’ont lieu qu’une fois et tombent dans l’oubli. Comme les chansons qu’inventent les enfants et qu’ils oublient dès qu’ils cessent de chanter. Un air et des mots nés pour un moment, et morts quand ce moment s’en est allé. D’autres chorégraphies se construirent dans la longueur. Il me faut plusieurs vols pour comprendre ce que je veux dire en mouvements et dessiner ainsi un solo structuré, que j’accomplis jusqu’à ce qu’il soit parfait. J’atteins une telle précision que je regrette que personne n’assiste à ces ébats célestes, j’imagine un moyen de transcrire ces vols chorégraphiques - ou danses volées, danses célestes, comment les appeler ? - afin que des deltaplanistes puissent les reprendre et les accomplir à leur tour, chacun selon un style personnel.

L’écriture céleste est à ses débuts. Peut-être arriverons nous à un art, à des ballets diurnes ou nocturnes, où des gradins surélevés et meublés de longues vues  accueilleraient un public vaste et respectueux, comme à l’opéra, amoureux des figures tracées dans le ciel par ses héros volants. 

Il me semble que le deltaplane n’est pas encore né : il est entrain d’être conçu, et se révèlera au monde comme un art divin, un jour du XXI ou du XXIIème siècle.


Siobhan Hollow

 

jeudi, 22 octobre 2009

Réponse à Katharina

 

 

Roll1_édith+Mathilde-28.jpg

 

 

Katharina chérie, c’est parce que ça fait quelques semaines que les effets de mes soirs d’exil intérieur de ces longs derniers mois se font sentir : j’écoute Exit Music (Radiohead), Into my arms et Weeping song (Nick Cave & the Bad Seeds), et je danse. Alors que la journée, en général, j’ai écouté les disques de l’année liturgique en chant grégorien, enregistrés par la schola Bellarmina de l’abbé Lorber. 
 

Au début, je ne sentais pas les effets. Peu à peu, j’ai compris que mon inconscient libérait des blocs de béton qui étaient enfermés là depuis trop longtemps. Ils ont coulé et sont redevenus sable et se sont écoulés partout, notamment sur ce blog que je te remercie de suivre assidûment. 
 

Et il y a eu ce pouilly fumé lors des déjeuners de la SGDL, à l’hôtel de Massa. Et il y a eu ces souvenirs réémergés au cours d’une danse avec quatre inconnus dans au fond d’un hôtel du quartier Saint Roch, à Paris. Et tout cela fait exploser les barrières dont j’ignorais l’existence, et toi même j’aurais tellement de choses à te dire. Mais ce sera quand tu reviendras. Depuis quand ne nous sommes-nous pas serrées dans les bras ? Tu m’as soutenue, défendue, aidée et aimée dans un moment où j’avais justement besoin de cela, et je ne l’oublierai jamais.
Pour toi Katharina, mille baisers de cette nuit parisienne qui commence et que je vais peut-être passer à Insomniapolis.
Merci et tendrement,

édith