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samedi, 20 décembre 2014

L'épisode du violon

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Le violon posé sur la table parle des années d'enfance, du conservatoire, du grincement des cordes sous un archet démotivé. La musique qui s'écoule de l'ordinateur évoque plutôt les soirées tardives d'une jeunesse d'alcool, de sexualité et de dépression nerveuse. Rien qu'un long malheur sans drame entrecoupé de joies courtes et, surtout, d'énormes crises d'espérance. Il nous reste quelques belles années devant nous et des choix à faire. L'éthique ? La fête permanente ? Un rangement guindé ? Un doux mélange des trois ?

Grisaille sur la cour, dans laquelle, battu par les vents, danse le pauvre palmier posé là dans cette ville de l'Atlantique où il n'y a pas assez de chaleur ni de soleil pour son corps sec.

Quand l'été reviendra, quelques éléments auront changé, pour une vie plus en cohérence avec le destin que je suis en train de choisir.

 

jeudi, 21 mars 2013

Dix allumettes s'éteignent un soir de tempête à Concarneau

Concarneau, Simenon, Maigret, douanier, polar, polar breton

Nous présentons l'ouverture du Chien jaune, un polar de Simenon, une des meilleures aventures du commissaire Maigret.

Il se passe à Concarneau, dans le vent, sous la pluie, au fin fond des tumultes enfouis des villes de province.

« Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.

C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent s'engouffre dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.

Quai de l'Aiguillon, il n'y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules les trois fenêtres de l'hôtel de l'Amiral, à l'angle de la place et du quai, sont encore éclairées.
Elles n'ont pas de volets mais, à travers les vitraux verdâtres, c'est à peine si on devine des silhouettes. Et ces gens attardés au café, le douanier de garde les envie, blotti dans sa guérite, à moins de cent mètres.

En face de lui, dans le bassin, un caboteur qui, l'après-midi, est venu se mettre à l'abri. Personne sur le pont. Les poulies grincent et un foc mal cargué claque au vent. Puis il y a le vacarme continu du ressac, un déclic à l'horloge, qui va sonner onze heures.

La porte de l'hôtel de l'Amiral s'ouvre. Un homme paraît, qui continue à parler un instant par l'entrebâillement à des gens restés à l'intérieur. La tempête le happe, agite les pans de son manteau, soulève son chapeau melon qu'il rattrape à temps et qu'il maintient sur sa tête tout en marchant.

Même de loin, on sent qu'il est tout guilleret, mal assuré sur ses jambes et qu'il fredonne. Le douanier le suit des yeux, sourit quand l'homme se met en tête d'allumer un cigare. Car c'est une lutte comique qui commence entre l'ivrogne, son manteau que le vent veut lui arracher et son chapeau qui fuit le long du trottoir. Dix allumettes s'éteignent.

Et l'homme au chapeau melon avise un seuil de deux marches, s'y abrite, se penche. Une lueur tremble, très brève. Le fumeur vacille, se raccroche au bouton de la porte.

Est-ce que le douanier n'a pas perçu un bruit étranger à la tempête ?»

Simenon

 

Nous avions déjà présenté un très beau polar de Jean Bruce, Visa pour Caracas

Si vous avez des enfants, il trembleront en vous entendant leur lire une autre histoire, dans un autre port.

Et nous avions déjà parlé d'insomnies bretonnes, de célèbres souvenirs d'enfance bretons. Notre blog publia également un article en langue bretonne.