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mardi, 11 septembre 2012

Mariage et patronyme

Michel Issindou, Assemblée nationale, nom des époux, nom du conjoint, patronyme, questions à l'Assemblée nationale, Ministère de l'intérieur, outre-mer, collectivités territoriales, immigration, état civil, hommes mariés, reglementation, Journal Officiel, JO

Peu de citoyens connaissent la loi qui régit leur nom de famille.

Certains croient que la femme DOIT prendre le nom de son mari, quand en fait elle DOIT conserver le sien et PEUT user de celui de son mari ("le mariage n'a pas d'effet sur le nom des époux").

Peu savent que le mari peut tout à fait user du nom de sa femme. Seul l'usage nous donne l'impression que cette prise de nom est unisens.

Le 12 juillet 2011, le député Michel Issindou a posé cette question du nom des époux au Ministre de l'Intérieur.

Le 18, une réponse précisément formulée et instructive est tombée. Voici la question et la réponse, qu'on trouvera à cet endroit sur le site de l'Assemblée nationale.


13ème législature

Question N° : 113910 de M. Michel Issindou ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Isère ) Question écrite
Ministère interrogé > Intérieur, outre-mer, collectivités territoriales et immigration Ministère attributaire > Justice et libertés
Rubrique > état civil Tête d'analyse > nom Analyse > hommes mariés. réglementation
Question publiée au JO le : 12/07/2011 page : 7540
Réponse publiée au JO le : 18/10/2011 page : 11151
Date de changement d'attribution : 02/08/2011

Texte de la question

M. Michel Issindou attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration sur la situation des époux qui souhaitent adopter le nom patronymique de leur épouse à titre de nom d'usage. Dans sa réponse à la question écrite n° 616 en date du 8 janvier 2008, le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique semblait considérer cette pratique comme légale en affirmant qu'en la matière " contrairement à une idée reçue ou une croyance commune, les textes applicables ne distinguent pas les situations en fonction de l'appartenance sexuelle ". En réalité, les intéressés continuent de se heurter au refus de l'administration qui invoque la circulaire du 26 juin 1986 relative à la mise en oeuvre de l'article 43 de la loi n° 85-1372 du 23 décembre 1885. Une réforme législative semble dès lors souhaitable afin de mettre fin à ces divergences d'appréciation et d'établir l'égalité des droits entre hommes et femmes dans ce domaine. Il le remercie de bien vouloir lui faire connaître sa position sur ce sujet.

Texte de la réponse

Le nom de chaque citoyen français est celui qui lui a été transmis selon les règles propres à chaque filiation ou attribué par l'autorité publique et qui figure sur son acte de naissance. Le mariage n'a pas d'effet sur le nom des époux ; chacun conservant son nom de famille. Cependant, en insérant à l'article 264 du code civil une disposition selon laquelle « à la suite du divorce, chacun des époux perd l'usage du nom de son conjoint », l'article 16 de la loi n° 2004-439 du 26 mai 2004 relative au divorce a consacré la possibilité, pour chacun des époux, pendant le mariage, de prendre, à titre d'usage, le nom de son conjoint sans faire de distinction entre l'homme et la femme. Les époux peuvent ainsi adjoindre ou substituer à leur nom de famille celui de leur conjoint dont ils souhaitent faire usage, sans que la circulaire du 26 juin 1986 relative à la mise en oeuvre de l'article 43 de la loi n° 85-1372 du 23 décembre 1985, qui n'est plus applicable sur ce point, ne puisse leur être opposée. Un arrêté modifiant le modèle de livret de famille sera prochainement publié afin de mettre à jour l'annexe II portant sur les renseignements relatifs à l'état civil et au droit de la famille, et de rappeler ces différentes règles.

 

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Photos de Mavra

mardi, 19 octobre 2010

état civil, état des personnes

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Photo : Mavra Nicolaievna Vonogrochneïeva

 

Ainsi s’ouvre le livre de Philippe Ariès : L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime :

« Un homme du XVIème ou du XVIIème siècle s’étonnerait des exigences d’état civil auxquelles nous nous soumettons naturellement. Nous apprenons à nos enfants, dès qu’ils commencent à parler, leur nom, celui de leurs parents, et aussi leur âge. On est très fier quand le petit Paul, interrogé sur son âge, répond qu’il a deux ans et demi. Nous sentons en effet qu’il est important que petit Paul ne se trompe pas : que deviendrait-il s’il ne savait plus son âge ? Dans la brousse africaine, c’est encore une notion bien obscure, quelque chose qui n’est pas si important qu’on ne puisse l’oublier. Mais, dans nos civilisations techniciennes, comment oublierait-on la date exacte de sa naissance, alors qu’à chaque déplacement nous devons l’écrire sur la fiche de police à l’hôtel ; à chaque candidature, à chaque démarche, à chaque formule à remplir, et Dieu sait s’il y en a et s’il y en aura de plus en plus, il faut toujours la rappeler. Petit Paul donnera son âge à l’école, il deviendra vite Paul N. de la classe x, et quand il prendra son premier emploi, il recevra avec sa carte de Sécurité sociale un numéro d’inscription qui doublera son propre nom. En même temps, et plutôt que Paul N., il sera un numéro, qui commencera par son sexe, son année de naissance, et le mois de l’année. Un jour viendra où tous les citoyens auront leur numéro matricule : c’est le but des services d’identité. Notre personnalité civile s’exprime désormais avec plus de précision par nos coordonnées de naissance que par notre nom patronymique. Celui-ci pourrait très bien, à la limite, non pas disparaître, mais être réservé à la vie privée, tandis qu’un numéro d’identité le remplacerait pour l’usage civil, dont la date de naissance serait l’un des éléments constitutifs. Le prénom avait été, au Moyen Âge, considéré comme une désignation trop imprécise, il avait fallu le compléter par un nom de famille, souvent un nom de lieu. Et voilà qu’il convient maintenant d’ajouter une nouvelle précision, de caractère numérique, l’âge. Mais le prénom et même le nom appartiennent à un monde de fantaisie – le prénom – ou de tradition – le nom. L’âge, quantité mesurable légalement à quelques heures près, ressort d’un autre monde, celui de l’exactitude et du chiffre. A ce jour nos habitudes d’état civil tiennent à la fois de l’un et l’autre monde ».

 

Philippe Ariès

L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime

1973

vendredi, 04 décembre 2009

Etat civil sans regard

Le regard et les morts d'un homme

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“Au fond, quel merveilleux phénomène que l'oeil de l'homme, ce joyau entre toutes les formations organiques, lorsqu'il s'ajuste pour concentrer son éclat humide sur une autre forme humaine ! Précieuse gélatine composée d'une substance aussi commune que le reste de la création, il montre, tout comme les gemmes précieuses, que les diverses matières n'importent point en soi et que tout est dans leur assemblage ingénieux et heureux. Mucilage enchâssé dans une caverne osseuse, une fois privé de l'âme il est destiné à pourrir quelque jour dans la tombe, à se dissoudre de nouveau en boue liquide ; mais aussi longtemps que subsiste en lui l'étincelle de vie, il sait jeter d'admirables ponts éthérés par dessus tous les gouffres de l'extranéité qui se peuvent interposer entre un humain et un autre".

Thomas Mann
Photos de Sara

 

C’était tes yeux qui disaient tout. Tes lèvres ne murmuraient jamais. Il y avait les souvenirs chauds de l’Espagne et le froid blanc de Finlande. Les traces des doigts sur les vitres, la maison de bois dans laquelle on n’allait jamais. Croyait-on alors que nous vivrions pour toujours ? Le mystère de ma jeunesse m’est fermé. Je n’ai plus la clef. Je ne comprends plus qui j’étais.

Je me souviens de quelqu’un dont j’oublie le visage et le nom de famille, avec qui je vivais et que je pensais accompagner toute ma vie.

Il ne me reste que ce regard qui me connaissait et qui ne se doutait pas de ce que je serai devenu, quarante ans et des poussières plus tard.

Ce regard d’une femme qui vit peut-être encore, quelque part.

Comment se peut-il que le temps passe autant ? Que les êtres s’oublient ? Que les hommes changent au point que je ne suis plus celui qui vivait alors, au fond de la Scandinavie ?

Nous mourrons mille fois ; seul notre Etat Civil nous reconnaît au delà de ces morts. C’est parce que notre Etat Civil est un marquage dénué de réalité humaine.

 

David Nathanaël Steene

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