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mercredi, 23 décembre 2009

Commentaire de Mirimonde sur une Vanité

 

Commentaire d'Albert-Pomme de Mirimonde,
in Le langage secret de certains tableaux du Musée du Louvre
Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1984

 

Vieillard méditant. Bol.jpg

 

 

Vieillard en méditation

Peintre : Ferdinand Bol

Hollande XVIIème siècle (1616-1680)

 

Ce tableau fournit un bon exemple de "vanité à personnage". Pour animer l'allégorie de la vie, les artistes ont choisi, tour à tour, un bébé insouciant de l'avenir, un jeune garçon ou une jolie femme méditant sur la condition humaine ou un vieillard désabusé jugeant les activités illusoires de son existence. Les rembranesques étaient restés fidèles à ce thème : ce tableau en fournit une interprétation caractéristique.

 

La composition est soigneusement ordonnée et met en valeur les divers éléments du sujet. Les objets, symboliquement les trois vies possibles, sont posés sur une table recouverte d'un riche tapis. La vita pratica est consacrée à la recherche de la fortune, des honneurs et du pouvoir. Ici, un casque militaire, au plumet impressionnant, et une écharpe soyeuse, insigne de commandement, rappelle le rôle joué par celui qui les porta jadis. La vita voluptuaria se passe à assouvir les désirs des sens et l'amour charnel. Les "enfants" de Vénus qui s'y livrent éprouvent une passion pour la musique en raison de son influence aphrodisiaque. Comme l'a montré M. Bergström, dans les tableaux moralisateurs, les instruments ne sont pas une allusion à l'art sonore, mais à la luxure. Ici, le choix est significatif. La flûte traversière, placée devant le livre, suggère, comme la flûte à bec, une métaphore phallique - qui subsiste encore dans le langage populaire. Ce sens grivois transparaît dans les nombreuses Leçons de flûte peintes par de petits Maîtres au XVIIème siècle. Quant au beau luth, couché sur sa face, au second plan, il était le complice des séducteurs pour charmer les belles ou apitoyer les cruelles qui affectaient l'indifférence ou simulaient le dédain. Bien en vue, ouvert sur un pupitre, un grand livre, que nul ne consulte plus, laisse apercevoir des feuillets froissés. La vita contemplativa consacrée à l'étude est, elle aussi transitoire, donc décevante.

 

Une chandelle éteinte indique que la vie touche à son terme. Au premier plan, un crâne édenté semble ricaner en guettant le vieillard assis devant lui. Frileusement vêtu d'une robe de chambre, les mains appuyées sur une canne devenue indispensable pour faciliter sa marche, le vieil homme tient sans le regarder un papier - peut-être quelque memento mori. Il se détourne pour ne plus voir les épaves de son passé : honneurs abolis, amours défuntes, savoir périmé. Tout ceci va retourner au néant et il en a conscience. Immobile, solitaire, entouré d'une pénombre qui s'épaissit, il regarde fixement le vide. Sans rien de théâtral, l'oeuvre retrace le drame qui marque la fin d'une vie mal vécue, lorsque l'homme, laissé à lui-même, n'a plus le secours des gestes quotidiens et qu'il aperçoit la futilité de ce qu'il a tenté. Impuissant, il survit à ses illusions : amère leçon. Au fond, l'artiste a placé une sphère, symbole du monde, pour attester l'universalité de cet enseignement destiné à mettre en garde les spectateurs.

 

mardi, 10 mars 2009

Les litanies de la bonne mort

Les litanies de la bonne mort, prière traditionnelle

Scala_36_Oies_Henry.jpg
phot Sara

 

Seigneur Jésus, Dieu de bonté, Père de miséricorde, je me présente devant vous avec un cœur humilié, contrit et repentant. Je vous recommande ma dernière heure et ce qui doit la suivre.

Quand mes pieds immobiles m'avertiront que ma course en ce monde est près de finir,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi,

quand mes mains engourdies et tremblantes ne pourront plus presser le crucifix contre mon cœur et que, malgré moi, elles le laisseront tomber sur mon lit de souffrances,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand mes yeux, voilés et troublés par l'effroi d'une mort imminente, porteront vers vous leurs regards vagues et expirants,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand mes lèvres tremblantes et froides prononceront pour la dernière fois votre adorable nom,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand mes joues pâles et livides inspireront aux assistants la compassion et la terreur ; que mes cheveux, baignés des sueurs de l'agonie, se dresseront sur ma tête, annonçant ma fin prochaine,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand mes oreilles, près de se fermer à jamais aux discours des hommes, s'ouvriront pour entendre de votre bouche la sentence irrévocable qui fixera mon sort pour l'éternité,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand mon imagination, agitée par des fantômes effrayants et terribles, sera plongée dans les tristesses mortelles et que mon esprit, troublé par le souvenir de mes iniquités et par la crainte de votre justice, luttera contre l'Ange des ténèbres qui voudra me dérober la vue consolante de vos miséricordes et me jeter dans le désespoir,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand je verserai mes dernières larmes, symptômes de ma dissolution prochaine, recevez-les, ô mon Jésus, en sacrifice d'expiation, afin que je meure comme une victime de pénitence ; et, dans ce terrible moment,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand j'aurai perdu l'usage de tous les sens, que le monde entier aura disparu pour moi, et que je gémirai dans les angoisses de la dernière agonie et les affres de la mort,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand les derniers soupirs de mon cœur presseront mon âme de sortir de mon corps, acceptez-les comme venant d'une sainte impatience d'aller à vous; et alors,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

quand au dernier instant mon âme se détachant de mon corps, sortira pour toujours de ce monde, et laissera mon corps pâle, glacé et sans vie, acceptez la destruction de tout mon être comme un hommage que je veux offrir dès aujourd'hui à votre Majesté divine ; et, à cette heure suprême,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi

enfin, quand mon âme paraîtra devant vous, et qu'elle verra, pour la première fois, la splendeur immortelle de votre divine Majesté, ne la rejetez pas de votre présence, mais daignez me recevoir dans le sein de vos miséricordes, afin que je chante éternellement vos louanges ; et, en ce moment solennel,

Miséricordieux Jésus, ayez pitié de moi.