jeudi, 25 juin 2020
Ne déglingue rien
C'était une passacaille de Haëndel sous tes doigts. C'était un bébé goéland qui criait sur le toit. C'était un monsieur qui mourait près de nous, doucement. C'était un confit qui cuisait dans la cuisine, lentement. C'était un après-midi qui n'en finissait pas.
Et c'est ta peau encore, presque vieillie mais toujours tendre, qui s'éveille à nouveau après ces lacs de cendres. Ne déglingue rien, tout est parfait quand tu reviens, ta flûte traversière dans les mains et ton incandescence au creux des reins.
Tous ces appartements seront bombardés évidemment, pas par les bombes des États fous qui lapident aux droits de l'homme, mais par les nouvelles modes très chères que les bourgeois payent pour rafraîchir les lieux jaunis par les années.
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samedi, 20 juin 2020
& la mécanique...
« L’année 1952 est en outre celle des fameuses 4’33’’. Inspirée par les toiles blanches de Rauschenberg, 4’33’’ de silence pour n’importe quel(s) instrument(s) est l’œuvre que John Cage jugera la plus décisive, la plus radicale de toutes celles qu’il a pu écrire. Il s’y référera sans cesse et confiera même qu’il y pense toujours avant d’entreprendre une nouvelle composition. Pour un John Cage émerveillé, la musique n’a pour fonction que de nous faire prendre conscience du miracle de l’existence, dans sa globalité, et c’est ainsi qu’il faut entendre cette pièce silencieuse entièrement ouverte aux sons de l’environnement. Avec ses trois mouvements d’une durée respective de 30 secondes, 2 minutes 23 secondes et 1 minute 40 secondes, cette œuvre est créée le 29 août 1952 au Maverick Concert Hall de Woodstock par David Tudor au piano, qui marque le passage d’un mouvement à l’autre en fermant et en rouvrant en silence le couvercle d’un clavier ».
Extrait de Daniel Caux, Le Silence, les couleurs du prisme & la mécanique du temps qui passe, chapitre Musiques Hors Limites, Éditions de l’Eclat
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mardi, 09 juin 2020
Sentiment d'inconstance
La beauté des masques qui effacent les visages dissimule les scories des émotions anciennes.
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samedi, 06 juin 2020
Pour un remix intime de mon être
Remixez-moi, que je souris comme une étudiante à lunettes aux longs cheveux sur les épaules au chandail trop long au regard encore chaud de l'enfance qui s'enfuit.
Remixez-moi au tempo d'une transe longue et trépidante, mais immobile, au milieu du temps qui ne passe plus, qui demeure comme un halo de protection.
Remixez-moi avec un peu de Schütz, un peu de Vivaldi, un peu de Pärt, un peu de Tétris et beaucoup de Bach, enrobés dans des boumboums et dans des riffs aux bémols distordus.
Remixez-moi car telle que je suis devenue, je ne peux plus me voir ni m'entendre : trop peur du vide, du rien, du néant qui avale les désirs encore forts malgré l'absence du destin. Tout est pornographique, vos mains, vos cravates, vos chemises, vos jupes et vos stylos bic.
Remixez-moi, que je salue à nouveau l'aurore, ses fumées bleues grises, ses montagnes à pic, ses nuages destructurés.
Que mon corps danse encore et que j'oublie les interstices que nous venons de traverser.
Remixez-moi, DJ sine nomine, pour un dernier jour, un jour sans fin, le jour éternel de ma jeunesse délivrée.
Les remix d'AlmaSoror :
Vivaldi remixé fait trembler les meubles d'un antre solitaire
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