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lundi, 29 juillet 2019

La vie de bureau

J’ai de la chance, parce que le dôme de l’Observatoire me contemple comme si j’étais une étrange comète et que les chants des oiseaux, depuis les feuilles bruissantes des arbres, me parviennent distinctement.

Mais la vie de bureau est si terrible, que je me lève le matin avec l’idée de me comporter comme une femme digne, capable de hauteur, humainement fiable, et que je me couche le soir en ne comprenant pas pourquoi j’ai dit ceci, fait cela, harassée par les conflits qui n’éclatent pas, par les amitiés qui n’existent pas.

Un si léger vent passe par la majestueuse fenêtre du XVIIIème siècle ! Les livres autour de moi se taisent, trop nombreux, trop récents pour insuffler un sens à une vie à la dérive.
Je parle de dérive sans onde, sans courant, sans peur, sans inconfort. C’est la dérive des gens assis devant les ordinateurs des bureaux.

samedi, 27 juillet 2019

Le moine-soldat (12)

Le doute est un espace de liberté.

 

(Moine-Soldaterie)

jeudi, 25 juillet 2019

Le bœuf à la mode de chez madame E. Saint-Ange (1927)

J'ouvre au hasard ce beau livre de cuisine pour me laisser transporter dans l'univers langagier et domestique d'une autre époque, pas si éloignée que cela de la nôtre (1927).

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« Si le bœuf à la mode varie dans quelques unes de ses formes, le fond reste toujours le même : une pièce de bœuf, préférablement prise dans la culotte, lardée de part en part de gros lardons, cuite avec oignons et carottes, auxquels s'ajoute l'indispensable pied de veau dont la fonction est d'apporter l'élément gélatineux caractéristique du jus de bœuf à la mode. Jamais de liaison au roux. Mouillement de bouillon léger – ou même d'eau – auquel s'ajoute du vin blanc ou rouge. Cuisson lente et prolongée feu dessus et dessous : c'est-à-dire, actuellement, au four.

En très simple cuisine ménagère, les oignons et carottes du fonds de cuisson sont cuits avec de la viande. Mais il se conçoit qu'ayant abandonné tous leurs sucs dans cette cuisson, leur saveur en soit diminuée. D'autre part, l'oignon désagrégé durant une aussi longue cuisson, n'est plus présentable et ne se distingue même guère.
C'est pourquoi, en cuisine plus soignée, le bœuf à la mode s'accompagne d'une garniture d'oignons et de carottes préparée à part, absolument indépendante des légumes de la cuisson ; ceux-ci sont considérés seulement comme éléments aromatiques du jus et utilisés ensuite d'autre manière. La garniture est réunie au bœuf, juste le temps de fusionner, si l'on peut dire, avec le jus. Ce procédé est à mettre en pratique courante, au moins pour l'oignon. Les carottes, à la rigueur, pourront être celles qui auront servi à la cuisson, si l'on a pris le soin de les tailler en conséquence.

Une marinade préalable du bœuf dans le vin et les aromates destinés à la cuisson communique une agréable saveur à la viande. Cette marinade n'est pas à considérer comme un supplément de dépense, puisque ses éléments sont ceux mêmes de la cuisson : la façon de les employer créée la seule différence. Ce n'est donc qu'une question de temps. Comptez au moins 6 heures pour que la viande soit suffisamment imprégnée ; on peut, selon les circonstances et température, la laisser mariner 24 heures, en ayant soin de bien retourner la pièce de temps à autre.

Le procédé de mise en cuisson du bœuf, généralement pratiqué en cuisine moderne, est celui qui consiste à faire légèrement rissoler la viande avant de mouiller avec aucun liquide.

Lorsque, pour le mouillement, on ne dispose pas de bouillon, comme c'est le cas fréquent dans les cuisines de ménage, il faut, avec les os, déchets et parures accompagnant la pièce de bœuf, préparer à l'avance un bouillon. Ce procédé est de tout point préférable à celui qui consiste à ajouter les os crus à la viande, nécessitant ainsi l'emploi d'un trop grand ustensile et une proportion trop élevée de liquide ».

 

L'article se poursuit encore longuement, j'arrête ici mon recopiage.

mercredi, 24 juillet 2019

La fille aînée

Jusqu'à quand devrons-nous combattre un ennemi sans avoir le droit de le nommer ?

Nous vaincrons.

Un jour, Dans les steppes de l'Asie centrale, de Borodine, inondera une pièce sombre, illuminée ça et là par des petites lampes rouges. Tu attiseras le feu dans la grande cheminée. Je te regarderai, tu seras très vieille et je serai déjà une femme d'âge mûr. Des enfants plus haut dans les étages, endormis. Du bruit dehors : des adultes qui rient sous les étoiles.

Ce petit bout du monde sera en paix. La France sera réparée. Notre famille sera réunie.

mardi, 23 juillet 2019

Les provinces perdues

Nous avons encore nos provinces perdues. Ce ne sont plus l'Alsace et la Lorraine – même si leurs noms ont été effacées des cartes officielles par l'administration fâchée avec l'histoire, leur réalité appartient bien à nos pays. Nos provinces perdues d'aujourd'hui, les nôtres, celle qu'il faudra reconquérir, quels sont leurs noms ? Elles s'appellent l'éducation du peuple (à la science, à la culture, à la vie civique), la souveraineté française et le patrimoine architectural et naturel.

Cela prendra du temps et la douleur ne sera pas absente des années à venir, mais, nous, entité qu'on appelle France, recouvrerons la main sur ces trois belles provinces que nous n'aurions jamais dû laisser passer à l'ennemi. Notre peuple sera à nouveau, dans ses composantes humbles comme riches, savant, cultivé, conscient de sa grandeur civique ; notre pays sera à nouveau souverain, donc le premier suzerain sur ses terres, et ses forêts, ses lacs, ses chemins bordés de buissons ressusciteront, comme les beautés de pierre et de bois construites par nos ancêtres.

 

En souvenir voici le texte du testament de Jules Ferry :

Ceci est mon testament

Je lègue à ma femme bien aimée, Mathilde Eugénie, née Risler, à celle qui m'a révélé la vie heureuse, qui m'a soutenu dans l'épreuve et qui a été la compagne de mon esprit et la lumière de ma conscience, l'universalité des biens meubles et immeubles qui m'appartiendront au jour de mon décès.

Je lègue à mon neveu, Abel Ferry, tous mes livres et toutes mes armes. Qu'il les garde en mémoire de 1'Oncle dont il est adoré et qui a mis en lui toutes ses espérances. Qu'il porte dignement et qu'il défende en toute circonstance le nom que son père et son oncle, après tant de générations d'honnêtes gens, ont honoré et mis dans l'histoire. Qu'après nous il aime sa tante Jules comme une mère et comme un père, c'est à dire comme un guide infaillible, qu'il serve son pays et qu'il l'aime plus que sa vie.

Je prie ma bien aimée de donner à Mathilde Charras, en mémoire de la part qu'elle a prise à la fondation de mon bonheur intime, notre bel Henner ovale.

Je désire reposer dans la même tombe que mon père et ma sœur, en face de cette ligne bleue des Vosges d'où monte jusqu'à mon cœur fidèle la plainte touchante des vaincus. Je ne veux, bien entendu, d'aucun prêtre à mes funérailles.

Fait à Paris le cinq avril mil huit cent quatre vingt dix

Jules Ferry
(Elle est reproduite d'innombrables fois, on la trouve à cette adresse, sous la lettre à l'instituteur de France)

mercredi, 17 juillet 2019

Signe de vie

Comme un poème insomniaque, marchant à travers les platebandes de la nuit,

j'ai bu un rêve d'alcool et de glaçons.

J'ai réveillé Satan, le petit chien qui dormait sous l'établi,

et Simplet, le coq aux cent contrefaçons.

 

Nous avons rassemblé les enfants des montagnes

et les adolescents des plaines

pour traverser les monts, les cratères et les campagnes

jusqu'aux frontières de l'extinction des peines.

 

Nous chantions en courant à travers les hautes herbes,

heureux, enfin libres.

La mort nous expliquait, en refrains et en proverbes,

que la vie n'était qu'un vieux livre.

 

Délivrés nous fûmes, de l'injuste et du cruel,

délivrés par la course à la Grande Ourse,

délivrés de la griffe du réel,

nous respirions du rire et de la mousse.

 

Lointain écho sur les terres d'AlmaSoror : Jour de Sleipnir