Les provinces perdues (mardi, 23 juillet 2019)

Nous avons encore nos provinces perdues. Ce ne sont plus l'Alsace et la Lorraine – même si leurs noms ont été effacées des cartes officielles par l'administration fâchée avec l'histoire, leur réalité appartient bien à nos pays. Nos provinces perdues d'aujourd'hui, les nôtres, celle qu'il faudra reconquérir, quels sont leurs noms ? Elles s'appellent l'éducation du peuple (à la science, à la culture, à la vie civique), la souveraineté française et le patrimoine architectural et naturel.

Cela prendra du temps et la douleur ne sera pas absente des années à venir, mais, nous, entité qu'on appelle France, recouvrerons la main sur ces trois belles provinces que nous n'aurions jamais dû laisser passer à l'ennemi. Notre peuple sera à nouveau, dans ses composantes humbles comme riches, savant, cultivé, conscient de sa grandeur civique ; notre pays sera à nouveau souverain, donc le premier suzerain sur ses terres, et ses forêts, ses lacs, ses chemins bordés de buissons ressusciteront, comme les beautés de pierre et de bois construites par nos ancêtres.

 

En souvenir voici le texte du testament de Jules Ferry :

Ceci est mon testament

Je lègue à ma femme bien aimée, Mathilde Eugénie, née Risler, à celle qui m'a révélé la vie heureuse, qui m'a soutenu dans l'épreuve et qui a été la compagne de mon esprit et la lumière de ma conscience, l'universalité des biens meubles et immeubles qui m'appartiendront au jour de mon décès.

Je lègue à mon neveu, Abel Ferry, tous mes livres et toutes mes armes. Qu'il les garde en mémoire de 1'Oncle dont il est adoré et qui a mis en lui toutes ses espérances. Qu'il porte dignement et qu'il défende en toute circonstance le nom que son père et son oncle, après tant de générations d'honnêtes gens, ont honoré et mis dans l'histoire. Qu'après nous il aime sa tante Jules comme une mère et comme un père, c'est à dire comme un guide infaillible, qu'il serve son pays et qu'il l'aime plus que sa vie.

Je prie ma bien aimée de donner à Mathilde Charras, en mémoire de la part qu'elle a prise à la fondation de mon bonheur intime, notre bel Henner ovale.

Je désire reposer dans la même tombe que mon père et ma sœur, en face de cette ligne bleue des Vosges d'où monte jusqu'à mon cœur fidèle la plainte touchante des vaincus. Je ne veux, bien entendu, d'aucun prêtre à mes funérailles.

Fait à Paris le cinq avril mil huit cent quatre vingt dix

Jules Ferry
(Elle est reproduite d'innombrables fois, on la trouve à cette adresse, sous la lettre à l'instituteur de France)

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