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mardi, 17 février 2015

Une nuit de février 1999

beauté rouge et noire.jpg

 

Elle conduisait la jeep volée dans la nuit basque. Je ne me souviens de presque rien, hors l'extrême lucidité de savoir que j'accompagnais une telle personne par une nuit sans étoiles, et la confusion absolue dans laquelle me plongeait ce fait étonnant. Je jouissais de cette aventure imprévue, le souffle écourté par la peur de la police. Je ne me souviens ni de son visage de face (mais son profil est gravé au fronton de mes insomnies), ni de sa voix, et pourtant, certaines des phrases qu'elle a prononcées au volant me hantent encore. « Le fils de l'homme n'a pas de pierre où poser sa tête », m'a-t-elle assénée, et je trouvais qu'elle parlait bien. Et elle dit aussi : « La possession de biens matériels donne une immense insécurité derrière le masque d'une parfaite sérénité ». A la frontière, elle m'a demandé si je souhaitais l'accompagner. Ce serait dangereux, me disais-je, et avant que je puisse répondre elle lut mon hésitation. « Descends », dit-elle. Et, comme je ne bougeais pas. « Descends. Adieu ». Je descendis, consternée, soulagée, et comme je levais timidement la tête pour mesurer l'ampleur de son mépris, je vis qu'elle me souriait agréablement. « Salut ! » cria-t-elle avec un geste de la main. « Salut, merci ! » répondis-je. Le retour à pied sur la route mouillée se passa sans encombres malgré l'inconfort et aujourd'hui encore je me demande où elle est, si elle vit encore, si elle est heureuse et si elle a pu continuer sa quête dans la jeep volée.

 

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