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dimanche, 05 janvier 2014

Les diamants et la rouille, énième version

 

Tu vois quelqu'un que tu appréciais tant – en dépit de quelques piques, de malentendus – s'éloigner vers un autre monde. Peu à peu ses idées ramollissent, ses principes se distendent, de nouvelles barrières linguistiques et matérielles, imperceptiblement, se dressent entre lui et toi, entre lui et vous, entre lui et les autres. Il a rencontré quelqu'un, il va s'installer avec elle. Tu ne le vois plus jamais seul : il y a toujours cette présence obsédante d'une femme – ou d'un homme – que tu n'as pas choisi et qui s'interpose dans les interstices avant même que les conversations traditionnelles puissent éclore. Tout est mort entre vous, mais cela ne se voit pas. L'amitié n'est plus qu'une coquille vide. Car la personne en face est ailleurs, au fond elle n'est plus elle-même. Elle n'est plus en tout cas celle que tu connaissais.

 

Dans notre société où tout est libre, où rien de notre destin n'est écrit ni prévu à l'avance, la solitude et l'angoisse qui s'emparent des adultes lâchés dans ce monde sont abismales. La concurrence rude entre les « amis », le devoir d'afficher les éléments visibles et mesurables d'une vie professionnelle, sociale et affective réussie, nous pousse à, coûte que coûte, trouver une solution. Bien souvent, la solution, c'est quelqu'un d'autre. Quelqu'un dont on n'a pas rêvé ; quelqu'un qu'on a trouvé. Quelqu'un pour qui il faut bien écraser deux ou trois choses essentielles de soi. Quelqu'un qui est dans la même situation de soi, et qui écrase également deux ou trois choses de lui. Après, cela dure quelques temps ou très longtemps. Des enfants naissent peut-être. Des rêves s'effacent. Il faut bien vivre.

 

Commentaires

Merci Ludwig.

Écrit par : Edith | lundi, 06 janvier 2014

« Un caractère moral s’attache aux scènes de l’automne ; ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s’affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec notre destinée »
(in Mémoires d’outre-tombe).

Écrit par : Morgan Domeneg | lundi, 06 janvier 2014

C'était Chateaubriand, bien sûr, dans Les Mémories d'outre tombe

Écrit par : Morgan Domeneg | lundi, 06 janvier 2014

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