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jeudi, 22 novembre 2012

Souvenir de l'école primaire : deux poésies d'automne

« Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers

Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé

Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie
S'écoule»

Guillaume Apollinaire

«Je vais vous dire ce que me rappellent tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues.

Ce que je vois alors dans ce jardin, c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s’en va au collège en sautillant comme un moineau.
Ma pensée seule le voit ; car ce petit bonhomme est une ombre ; c’est l’ombre du moi que j’étais il y a vingt-cinq ans ; Vraiment, il m’intéresse, ce petit : quand il existait, je ne me souciais guère de lui ; mais, maintenant qu’il n’est plus, je l’aime bien.
Il valait mieux, en somme, que les autres moi que j’ai eus après avoir perdu celui-là. Il était bien étourdi; mais il n’était pas méchant, et je dois lui rendre cette justice qu’il ne m’a pas laissé un seul mauvais souvenir ; c’est un innocent que j’ai perdu : il est bien naturel que je le regrette ; il est bien naturel que je le voie en pensée et que mon esprit s’amuse à ranimer son souvenir.

Il y a vingt-cinq ans, à pareille époque, il traversait, avant huit heures, ce beau jardin pour aller en classe. Il avait le coeur un peu serré : c’était la rentrée».

Anatole France

Commentaires

Je crois que ce poème d'Anatole France restera lié au souvenir de Caroline. Son dernier regard, sa dernière parole.

Écrit par : A | samedi, 01 décembre 2012

Oui... Je vais vous dire ce que me rappellent, tous les ans, le ciel agité de l'automne, les premiers feux de bois et les fenêtres du pavillon éteintes tout le soir : je vais vous dire ce que je vois quand je prends la ligne de métro Mairie d'Ivry - Villejuif dans les froids jours de novembre, alors que Paris rentre ses terrasses et rénove ses vitrines ; car c'est le temps où les enfants devinent dans les rues les premiers signes de Noël.

Ce que je vois dans le jardin, c'est une petite dame fine qui, son sac à main contre elle et ses clefs de voiture entre ses doigts, remonte l'allée d'un pas rapide. Mais aussitôt apparaît un lit dans une chambre d'hôpital. La dame est allongée dedans et son visage se rapproche de la mort. Un arbre fait passer sa branche devant la fenêtre ; une grue remue mollement au loin. L'odeur de l'hôpital effraye le visiteur qui sait qu'il ne faut pas dire au revoir, ni adieu.

Vraiment, elle m'intéresse, cette dame. Quand elle existait, je lui trouvais bien des défauts ; mais, maintenant qu'elle n'est plus, je la regrette.

Elle valait, en somme, ni plus ni moins que nous. Mais son inexplicable départ a ressemblé à un rêve que l'on traverse sans rien pourvoir retenir de tangible.

Et demain sa silhouette viendra comme une ombre planer sur nos souvenirs d'un immeuble, d'un boulevard, d'une jeunesse.

Écrit par : Édith | dimanche, 02 décembre 2012

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