mercredi, 29 août 2012
Spa musical : deux bains de musique
Un billet d'Edith, dédié à Mathilde F-P
Inviter une amie dans son bain, c'est risquer de la choquer beaucoup. L'inviter à prendre le même bain que soi, n'est-ce pas plus acceptable ? Mathilde, voici mes deux bains de musique quotidiens. Je les prends, l'un dans la matinée, l'autre un peu avant de dîner. Aussitôt que commence la musique, je clos mes yeux pour tourner mon regard vers l'intérieur du monde, celui qui sent tout et qu'on ne voit jamais.
Je les laisse fermés, ces yeux si sollicités d'ordinaire, le temps que s'écoule toute la musique. Je laisse ma respiration trouver un rythme en accord avec la mélodie ; je laisse mes jambes, mes bras, s'étendre et relâcher leurs tensions. Un recueillement liturgique se fait dans ce corps qui devient église. La musique est prière du cœur et silence des mots. Les événements extérieurs s'effacent comme un paysage qui s'éloigne, les idées se dissolvent dans le paradis de musique.
Premier bain : Spiegel im spiegel, la berceuse d'Arvo Pärt.
Je l'ai découverte le jour qui précéda la naissance de mon filleul Orso. C'était la berceuse que son père et sa mère écoutaient ensemble en l'attendant venir lentement.
Deuxième bain : le Miserere d'Allegri.
J'avais entendu parler de cette œuvre à chaque fois qu'on me parlait de Mozart : ce coup de génie qu'il fit, en mémorisant, sans papier ni crayon, la partition secrète de ce Miserere, en deux écoutes seulement, à l'âge de quatorze ans.
Quelquefois, enveloppée de langueur, je prends ces deux bains à la suite l'un de l'autre. Tout notre corps est massé doucement par les notes de ces deux musiciens, l'italien et l'estonien, qui ont cherché leur trésor musical au cœur même de la simplicité.
Wikipédia enseigne que « le mot simples a été employé à partir du XVIe siècle pour distinguer les remèdes végétaux populaires non composés des remèdes médicaux « savants » d'alors, souvent très sophistiqués (élixir, thériaque, etc.) ».
Certains musiciens, las des complexités de la musique savante, composent des Simples, qui contiennent toute les puissances de la Nature et de la Culture réunies et qui détiennent un pouvoir de calme et d'élévation étonnants.
Massages du corps et de l'âme, qui provoquent la détente des muscles et des nerfs et la dilatation bienheureuse du cœur décomprimé, ces bains musicaux sont des élixirs de santé, des sources inépuisables de joie intérieure.
Bon spa, Mathilde !
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Commentaires
Je me fais discret et petit dans cette douce intimité proposée à Mathilde qui saura, j'en suis sûr, se plonger avec délices dans les ondes musicales. Mais ceci ne me regarde pas, pardon. Mais bon, du moment que l'invitation est exprimée en lieu ouvert, je ne résiste pas au plaisir de dire l'ivresse ressentie et transmise des mots qui disent l'invasion du corps et de l'esprit par les notes, la beauté des volutes et des ombres lumineuses des photographies et que j'aime infiniment le Miserere d'Allegri.
Pour Arvo Pärt, ce sera une découverte.
Pardon de l'intrusion
Écrit par : Henri-Pierre | jeudi, 30 août 2012
Cher Henri-Pierre,
Merci de cette intrusion dans une amitié qui date du collège et qui se poursuit malgré les longues distances.
Je voudrais bien savoir ce que vous avez pensé d'Arvo Pärt et de sa berceuse si douce. Ce monsieur estonien, orthodoxe, a composé aussi de très belles musiques liturgiques. Da Pacem... Fratres...
Je vous envoie des nappes de cette belle lumière des Sables d'Olonne qui s'étend devant moi, sur la plage enfin vide.
Écrit par : Édith | lundi, 03 septembre 2012
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