mardi, 18 février 2020
Une longue mélopée
Un extrait de Bonaparte en Egypte ou le rêve inassouvi, de Jacques Benoist-Méchin.
« Le trajet était long, les journées monotones et il était difficile d'occuper constamment les équipages. Ceux-ci ne savaient toujours pas où on les conduisait. Entassés les uns sur les autres dans un espace trop restreint, ils se plaignaient de la chaleur suffocante qui régnait dans les entreponts, du manque de distractions, de la nourriture insuffisante et tuaient le temps en jouant aux cartes, mettant en jeu tout ce qu'ils possédaient, jusqu'à leurs montres et leurs chaussures. Il en résultait souvent des disputes et des rixes. La nuit seule apportait une trêve à ces violences. Alors, sur les vaisseaux les mieux partagés, la musique guerrière, si belle au milieu du calme des eaux, exécutait un hymne républicain que les soldats reprenaient en choeur. Sur les bâtiments privés de musique, un mousse, armé de son flageolet, montait gravement sur le cabestan et égrenait une longue mélopée.
Tous les soirs, sur le pont du vaisseau amiral, Bonaparte tenait ce qu'il appelait « un petit Institut ». Entouré de Monge, de Berthollet, de Caffarelli, de Brueys, il s'entretenait avec les savants et les artistes de sa suite. Il se faisait montrer par Quesnot les planètes et les constellations, parlait chimie avec Berthollet et physique avec Monge, surprenant ses interlocuteurs par l'étendue de son savoir. Ou encore, il se livrait devant eux à de longs monologues sur l'avenir des religions et l'immortalité de l'âme. Ses propos étaient entrecoupés de longs silences, pendant lesquels on n'entendait plus rien que le bruissement des flots déchirés par les étraves et le clapotis des vagues contre les flancs des navires. Alors Bonaparte, grisé par l'aventure et comme haussé au-dessus de lui-même par ses visions d'avenir, semblait suspendu entre une mer phosphorescente et un ciel fourmillant d'étoiles. »
Jacques Benoist-Méchin sur AlmaSoror :
Il est cité dans Le désillusionné
Il est mentionné et cité dans La fabuleuse plume de Jacques Benoist-Méchin
Il est cité et mentionné dans Le style immense et plein de pensée de Jacques Benoist-Méchin
Il est mentionné et cité dans Trois esthètes du XX°siècle : Rolland, Benoist-Méchin, Vaneigem
Il est cité dans Épuration.
Il est cité dans Fragment d'un printemps arabe
Il est cité dans Invasion de l'Europe - Année 700
Il est cité dans Isteamar de l'intérieur
Il est cité dans Plume d'or sous un manteau d'étoiles
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