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mardi, 18 décembre 2012

Monsieur Bovary

« Si j'étais un homme, je ferais ce que vous me dites. Mais les pauvres bêtes qui veulent montrer leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir ».

La Bête, dans le film La Belle et la Bête, de Jean Cocteau

(Extrait de Madame Bovary, de Vincente Minnelli, 1950.
Musique de Miklós Rózsa. Vidéo trouvée sur YT, merci à l'internaute qui l'a postée !)

Edith de Cornulier-Lucinière, monsieur Bovary, madame Bovary, Vicente Minnelli, Miklós Rózsa

 

A l'intention de monsieur Charles Bovary, époux malheureux et médecin de province.

 

 

Monsieur Bovary

 

Personne encore n'a écrit votre histoire.

 Aucun écrivain n'a vomi en portant vos douleurs dans son ventre. Mais je vous promets qu'un jour vous aussi aurez votre roman. Ce sera le roman d'un médecin de campagne, mari et père, englué dans une vie taillé sur mesure pour un cœur plus cynique que le sien.

 Dans ce roman, vous ne vous appellerez plus monsieur Bovary, afin que personne ne vous reconnaisse. Mais vous, vous vous reconnaîtrez. Et ceux qui ont aperçu l'image de votre cœur derrière la description de votre épouse, vous reconnaîtront aussi sans l'ombre d'un doute.

 Je vous promets que ce roman sera plus grand encore, plus beau que celui qu'on fit pour elle. Il sera taillé dans une langue française toujours aussi belle bien que métamorphosée par la modernité que vous sentiez poindre en votre temps. Et il fera le tour du monde pour conter votre cœur mis à nu aux millions de frères qui vous restent ici-bas, qui vous ressemblent, et que vous ne connaissez pas.

Je vous prie de croire, monsieur Bovary, en l'expression de ma sororale cordialité.

 

Edith de Cornulier-Lucinière