vendredi, 10 juin 2016
La conscience de Victor Hugo sur la plage des Sables
Merci à Lau qui improvisa ce film ce matin et à monsieur P.......y, instituteur de CM2 à l'école publique de la rue Littré, de nous avoir fait apprendre ce poème par cœur.
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samedi, 31 janvier 2015
Clair-obscur à Alma-Ata
Ceux qui jugent sans avoir vécu ne connaissent pas le poids de leurs paroles.
Ce petit propos est dédié à la mémoire des deux hommes qui, le 26 avril 1961 à Alma-Ata, au soleil, firent un choix opposé ; l'un sauva son âme et perdit sa vie ; l'autre vendit son âme et prolongea son corps.
À leur neveu, fraternellement.
E de CL
Les Sables d'Olonne, 27 janvier 2014
L'affaire Jugurtha a lieu, encore et toujours. La méthode Jugurtha se poursuit sans cesse. Jugurtha payait en secret les élites romaines afin que celles ci trahissent leur pays à son profit, en votant au Sénat des lois profitant à la puissance étrangère. Tant qu'il y aura une vie politique entre les hommes, il y aura des trahisons. Tels le traître de l'Irlande, Denis Donaldson, ou ceux que Victor Serge mentionne dans son opus Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression, ou encore la pauvre Flaca, Marcia Alejandra Merino.
N'ouvrons pas les yeux si nous voulons rester tranquilles. Qui sait quels hommes politiques ont été pris la main dans le sac d'un vice, et retournés au service d'une cause bien différente que celle qui était la leur ?
Vice naturel ou piège tendu, la chair est triste, hélas, et la peur abominable. Résister à l'une est difficile ; résister à l'autre, quasiment impossible. Quant à l'argent, peu nombreux ceux qui ne se damneraient pas, si on leur proposait, pour les avantages inestimables qu'il procure. La plupart des moralistes peuvent parler : ils ne se vendent pas car personne ne souhaite les acheter.
Quels hommes et femmes donc, pour des raisons financières ou sexuelles, œuvrent dans l'entre-deux et servent deux maîtres, ou plutôt, trahissent le maître officiel ou profit du maître officieux ?
Quelquefois, les agents sont si faibles qu'ils sont achetés sans même s'en rendre compte ! Pas besoin, dans ce cas, de vice et de chantage : leur faiblesse de caractère même suffit. Tels ces hauts fonctionnaires en charge des services cruciaux, arrosés de vins fins, de résidences de vacances, de pistons pour les jeunots de la famille, et qui croient qu'il s'agit du cours normal des choses ! Ils ne se savent même pas achetés, les bienheureux.
Pour ceux qui possèdent une échine plus ferme, une pensée plus structurée, la trahison n'en sera que plus grande, puisque leurs esprits clairs ne pourront ignorer leur propre duplicité. Dès lors, sans que personne s'en doute, la souffrance accompagne chacun de leur pas. La douleur du souvenir de l'époque où ils ne savaient pas qu'un jour ils seraient infidèles à leur propre cœur.
Parmi les hommes politiques, comme parmi les journalistes, et ce, quelles que soient leurs idées et leurs partis, un certain nombre sont achetés, qui par la police, qui par une puissance étrangère, qui par une mafia ou un groupe d'influence. Rares parmi les observateurs, sont ceux qui devinent l'agent retourné, discernent la puissance bénéficiaire de la traîtrise, comprennent le tribut versé au maître officieux, savent le prix payé par celui-ci. Car ces choses n'ont pas lieu dans les zones de lumière.
Il faut en tout cas cesser de croire que Jugurtha et les patriciens romains appartiennent à l'histoire enfermée dans les livres. Jugurtha a lieu sous nos yeux, et nous sentons l'infection de la blessure sans savoir d'où elle provient.
C'est la triste manière d'agir de la trahison politique, et qu'on ne décèle que bien plus tard, ou, dans certains cas, qu'on ne décèlera jamais.
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samedi, 22 décembre 2012
Il n’arrive point de barriques de sucre en Europe qui ne soient teintées de sang humain.
Le grand commerce et la traite des noirs, vu par André Collinet, armateur des Sables d'Olonne, qui tint son journal durant de nombreuses années.
“Le grand commerce occasionne une consommation d’hommes. Le luxe en est encore une autre. Il attire les richesses en les villes et laisse les campagnes désertes et dans la disette, favorise le pouvoir arbitraire, l’augmentation des subsides, qui donne aux nations opulentes la facilité de contracter des dettes. La Hollande, l’Angleterre, la France sont chargées de dettes, et la Suisse ne doit rien.
La consommation des hommes est si grande, que l’on ne peut sans frémir considérer celle que suppose notre commerce de l’Amérique. L’humanité, que commande l’amour de tous les hommes, veut que dans la traite des nègres, je mette également au rang des malheurs et la mort de mes compatriotes et celle de tant d’Africains qu’anime au combat l’espoir de faire des prisonniers et le désir de les échanger contre nos marchandises. Si on suppute le nombre d’hommes qui périt, tant par les guerres que dans la traversée d’Afrique, en Amérique, que l’on y ajoute celui des nègres qui, arrivés à leur destination, deviennent la victime des caprices de la cupidité et du pouvoir arbitraire d’un maître , et qu’on joigne à ce nombre celui des citoyens qui périssent par le feu, le naufrage, ou le scorbut, et enfin qu’on y ajoute celui des matelots qui meurent pendant leur séjour à Saint-Domingue ou par les maladies affectées à la température particulière de ce climat, ou par les suites d’un libertinage toujours si dangereux en ce pays, on conviendra qu’il n’arrive point de barriques de sucre en Europe qui ne soient teintées de sang humain.”
Les Sables au temps de la grande pêche, Manuscrits de Collinet (1739 - 1782)
Tome 1, éditions CVRH
Nous avons déjà cité le journal de Collinet deux fois. Un passage un peu moins humaniste est lisible par ici ; son journal est également cité dans la lettre qui annonça la création de la Confrérie de Baude Fastoul.
Publié dans La place, Sleipnir, Super flumina babylonis | Lien permanent | Commentaires (3) | | Facebook | Imprimer |