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vendredi, 09 juillet 2010

Les affiches qui me faisaient rêver à 15 ans

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Cria Cuervos, de Carlos Saura (1975)
Bagdad Café, de Percy Adlon (1987)
Un ange à ma table, de Jane Campion (1990)
My Own Private Idaho, de Gus Van Sant (1991)
Arizona Dream, d'Emir Kusturika (1992)
Rouge, de Krzysztof Kieslowski (1994)
Dans la cour des grands (1995)

Peu importe le film, c'était l'affiche qui ouvrait toutes les portes du rêve.
Avant de tirer un trait momentané sur le cinéma, un trait qui ressemble à un requiem.
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Mais les rêves ne sont jamais vraiment morts. Ils sont simplement dans le coma. Quelquefois ils ressuscitent :

Cria Cuervos, de Carlos Saura. 1975.

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et le disque de la (belle chanson) porqué te vas :

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My own private Idaho, de Gus Van Sant, 1991

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An Angel at my Table, de Jane Campion, 1990

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Bagdad Café, de Percy Adlon, 1987
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Rouge, de Krzysztof Kieślowski, 1994
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Dans la cour des grands, de Florence Strauss, 1995
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Arizona dream, d'Emir Kusturica, 1992
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Et il y en avait quelques autres...
Edith

mercredi, 21 janvier 2009

Le sexe des anges

 

 

Le sexe des anges

H.L. accompagnée d'Edith de CL s'interroge sur deux des plus belles femmes du monde :

Nolimé et Véronique

 

Voir

doublevievronique-medium.jpg La double vie de Véronique

un film de Krzysztof Kieslowski

1991

sorti en DVD par MK2 en 2006

 

Lire et voir

NolimeTangere1_18012005-medium.jpgNolimé Tangéré,

dessins de Béja

Textes de Nataël

Editions Casterman, 1995

Deux œuvres

 

Comme dans le film La Double Vie de Véronique, la bande dessinée Nolimé Tangéré, grande œuvre littéraire et esthétique, propose une intéressante version d’un certain incertain donjuanisme romantique.

Le film, comme le livre, questionnent le rapport entre l’auteur et ses créatures. L’auteur fictif de la bande dessinée et le marionnettiste du film voudraient entrer dans la vie de leurs personnages mais ils n’osent pas : ils ont peur de briser leur rêve.

Le rêve sera inexorablement brisé.

Dans Nolimé Tangéré, l’auteur voit horrifié sa plus belle idole, son personnage Nolimé, renoncer à sa pureté, sortir de son œuvre pour entrer dans la vie et rejoindre un homme.

Dans la Double Vie de Véronique, la jeune femme sort de son propre rêve pour partager la vie de l’artiste qu’elle inspire.

Les deux oeuvres s'arrêtent avant que l’amant ne se lasse, avant que tout s’écroule. On finit entre deux mondes, dans une tension de réalisation, mais l’héroïne est morte en tant que telle. Elle n’est plus qu’une femme. Ce qui faisait toute la séduction de la femme inaccessible meurt avec son engagement tangible.

 

 

Qu’est-ce qu’une femme ?

C’est la question que posent ces œuvres, qui nous peignent des femmes chargées de magnificence.

Dans la vraie vie, c’est si difficile de ressembler à une image d’Epinal qui semble délivrée des charges animales quand on partage plus de 95% de son patrimoine génétique avec les orangs-outangs…

Ces hommes et ces femmes auxquels nous essayons de ressembler, nous, enfants déguisés en adultes, animaux déguisés en humains, nous ne pouvons les rencontrer que dans des œuvres d’art.

Tant qu’on la rêve, une femme est un ange. Quand on la rencontre, avec nos mains, avec notre cœur et notre corps, la femme s’estompe et fait place à l’être humain, l’être humain qui est un animal comme les autres. Alors le rêve est déchu.

 

“Thanks to the girls who fed me”, Merci aux filles qui m’ont nourri, a écrit Jim Morrison. Mais sans doute ces filles-là n’ont jamais existé. C’est son regard à lui qui les inventait pour ne plus être seul.

Car chacun sait que l’homme et la femme nus ne sont qu’un brillant artifact du passé, chante Leonard Cohen. Everybody knows the naked man and woman, are just a shining artifact of the past...

 

Mais les hommes aussi sont doubles : des archanges ou des salauds.

Tel cet homme dont parlait Virginia Woolf : le frère affectueux et protecteur envers sa sœur - mais quand elle veut le retrouver dans d’autres hommes, elle découvre son autre face : un brutal méprisant pour les femmes.

 

Nous sommes métamorphosés par nos maquillages, et ne savons plus retourner à notre vérité naturelle, qui est brisée comme l’enfance est brisée dans l’adulte. Alors, on met des masques, et quand le masque ne tient pas bien certaines se parent volontairement de déchéance : adolescentes libérées, vieilles putes.

A quoi ressemble Véronique quand le film est fini ? Qu'est devenue Nolimé quand la dernière page s'est tournée ?

 

Impossible rencontre de soi et de la pureté...

 

Don Juan est épouvanté par lui-même.

A cause de l’horreur du regard tueur ; nous désirons quelque chose, à peine nous l’obtenons, nous n’en voulons plus. Car ce qui est à nous ne peut être bien. L’amour de l’extérieur nous vient souvent de la haine de l’intérieur. Dès lors tout ce que nous touchons, ne peut-être que souillé. La haine de soi à l’extrême se traduit par le mépris de l’autre. L’homme par rapport à l’animal, l’homme par rapport à la femme, la femme par rapport à l’homme, etc.

Don Juan se hait.

 

Il est assoiffé de lui même, mais se cherche dans l’autre. S’il laisse ses victimes exsangues, sa vie à lui est un long dévidement.

C’est Don Juan vidé de lui-même, qui ne peut jamais croître, en chasse, en survie permanente – Don Juan est un vampire.


Don Juan est éternel

 

Plus que séducteur, au fond, la particularité de Don Juan est d’être séduit… jamais centré sur lui-même, il est séduit chaque fois qu’il sent palpiter un peu de vie.

 

Il est le séducteur, il est la séductrice, il est l’ethnologue ou le passionné des enfants : il voudrait ne faire qu’observer, ne peut s’empêcher de posséder et il hait et méprise tout ce qu’il touche.

Don Juan est aux femmes ce que les ethnologues sont aux peuples « primitifs », ce que les scientifiques sont à la terre vierge.

Même la science est Don Juan : la science qui brûle ou casse tout ce qu’elle touche, un peu comme Lenny dans des souris et des hommes, de John Steinbeck, parce qu’il cherche le pur, et le vierge, mais que son regard de vivisectionniste, souille et déflore. Alors, immédiatement déçu, il doit chercher ailleurs la pureté et la virginité, et le charme fugitif de la découverte.

 

Fuite éternelle de soi : Don Juan est l’être en fuite, tellement apeuré par la mort qu’il s’y précipite deux fois plus vite que les autres.

Nolimé Tangéré et Véronique sont des anges. Leurs amoureux transis croient qu’ils aiment des femmes ; mais les anges n’ont pas de sexe.

 

H.L. et E de CL