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mercredi, 21 août 2013

José Vengeance Dos Guerreros

 David et le Lieutenant Sehaler.jpg

 José Vengeance Dos Guerreros est un demi-pseudonyme. Derrière ce nom se cache un homme ; dedans cet homme se brise un cœur ; dedans ce cœur git une mémoire. C'est de cette mémoire que jaillissent les textes qu'AlmaSoror est heureuse de recevoir en présents.

 

Voici les contributions de José à AlmaSoror :

 

La démesure des interstices

Blogalisation du monde

La marche des villageois

Leurs visages, leurs nuques

L'amour en trois volets

Requiem pour la liberté

dimanche, 02 mai 2010

La démesure des interstices

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Plus personne ne m'aimait. Je n'avais pas vraiment trahi, tout venait d'une immense incompréhension au départ, d'un désaccord originel, tu. Entre les gens et moi un gouffre et je hantais des espaces fermés les uns aux autres. Quand ceux du Nord me virent accoquiné à ceux du Sud et que ceux du Sud comprirent que j'avais connu ceux du Nord, ceux du Sud et ceux du Nord ne me parlèrent plus.

Insidieusement je vis que les portes se fermaient à mon nez sans violence, que les invitations aux dîners et aux fêtes étaient mortes, que mon appartement des toits de Paris où tant de gens avaient bu et mangé restait vide. J'aurais dû, peut-être, prévenir que j'étais un errant, de ceux qui passent partout et ne s'asseoient nulle part. J'aurais dû, peut-être, demander l'autorisation d'être double. Quelque chose de tacite, qui a lieu entre les gens, n'avait pas été respecté et reconnu par mon attitude et je le paye aujourd'hui. Le prix ? Incalculable : la solitude.
Et pourtant je n'ai pas menti. Je n'ai pas trahi. Par naissance ou par caractère, j'étais double, de là bas et d'ici, du Nord et du Sud, de la révolte et de l'autorité, de la ville et des plaines vides, de la haine et de l'amour. Plus personne ne m'aime. Je souris à vos visages dans les albums photos, sur Internet, en buvant du vin blanc comme toujours.

José Vengeance Dos Guerreros

 


 


vendredi, 05 mars 2010

Blogalisation du monde

Manuel 2.jpg
Manuel G par Sara


J.G., alias José Vengeance Dos Guerreros, m'écrit ce matin. Son mail est malhreureusement trop truffé d'allusions privées pour que je le publie ici tel quel. J'en extrais donc les passages qui m'ont fait rêver, debout sur la terrasse en regardant le jour se balancer sur les toits.

 

"Je me pose la question de savoir s'il existe un art blogal. La seule différence entre l'art blogal et l'art pariétal seraient les quelques inventions techniques mises au point par les hommes depuis l'art pariétal. (...) Je crois qu'il existe un nouvel art, l'art blogal et que cet art est gratuit et à portée de tous. Nous rejoignons donc cette époque de la Grèce antique qui précéda l'époque hélénistique, et où il n'y avait pas de professionnalisation de l'art, ni du sport, ni de la musique, ni du théâtre, ni de la philosophie, ni de la politique. Les citoyens grecs étaient tous des amateurs éclairés. (...) Nous allumons Internet d'un clic et un monde s'ouvre. La galaxie blogale est la plus fascinante. Philosophique, photographique, sociétale, je la trouve par-dessus tout littéraire. Et je crois que l'on blogue comme on peint ou l'on écrit. Madame de Sévigné, c'est évident, aurait tenu un blog. Ces blogs qui font notre vie et dont personne ne parle sont l'art qui naît aujourd'hui et qu'on étudiera demain".

 

Ces réflexions intéressantes me font penser au livre de Clarisse Herrenschmidt, les trois écritures. Professeur extraordinairement passionnante, au rire célèbre, Clarisse nous a pondu une histoire de la pensée humaine qui parvient à relier Sumer et Internet sans nous donner le vertige. Un résumé de son livre se trouve ici.

 

clarisse_herrenschmidt.jpg
(Clarisse H et le grand fleuve des signes)

 

 

mardi, 17 novembre 2009

L'amour en trois volets

 Sam chapeau cigarette.jpg

photo Sara

 

 

"le bonheur ne saurait se trouver qu'aux deux pôles des
relations humaines, - là où les mots n'existent pas encore et là où
ils n'existent plus - dans le regard et dans l'étreinte. Là seulement
se situent l'inconditionnel, la liberté, le mystère, l'élan
irrépressible"

Thomas Mann

 

 

 

Lutte contre le soliloque mental perpetuel

 

la vie intellectuelle polémique est comme une tentation du démon. Elle veut nous détourner de la bonne bouffe, des relations agréables avec les humains, les chats et les chiens qui nous entourent, des étoiles qui scintillent à l’écart des villes et de la construction d’une belle oeuvre suivie au long cours. Elle brandit de séduisants hameçons auxquels il est difficile de ne pas prendre et la plupart de ces hameçons sont pourvus de vers pêchés dans l’actualité. 
 

Ne plus penser, étouffer la profusion de mots afin que surgisse le silence. Les mots qui coulent dans la tête toute la journée, pollution mentale, nous tuent. Le mental est pollution, il devrait se taire la plupart du temps. 

 

II

noyade et délivrance

(écoutez  La voix vibrante de Loreena Mc Kennit)

 

L’homme écoutait sans cesse la voix de l’Irlandaise chanter “tango to Evora”. Il sombrait dans la folie de se noyer dans une voix inconnue et cela rappelait la bande dessinée pour les enfants, en deux volumes : Marion Duval et La voix d'Elisa Beauchant ; Athaque à Ithaque (un autre homme y sombre pour une autre voix).
 

La voix faisait taire tout ce qui parle et pense et laissait monter les sensations. la voix était sensation, et se fondre en elle, c’était retrouver le chemin de la petite enfance, l’époque de l’observation des fourmis loin des autres enfants, et surtout, loin des grands. Quand le temps et l’argent n’avaient pas encore mangé le rêve de la vie. 

 

III

L'amour, la fumée

 

...et c'est ce que nous recherchons, tous, dans l'amour. Nous voulons nous noyer dans un être plus beau et plus grand que les autres. Nous voulons oublier les détails qui tuent. Nous cherchons à broyer nos biles pour entrer dans la lumière, la belle lumière du monde incréé. 

... et c'est ce que nous recherchons, tous, dans l'amour : la fumée des premiers jours.

 

XY, alias José Vengeance Dos Guerreros