samedi, 30 juin 2018
Locus obscurior
J'aimerais être la dernière locutrice d'une langue et languir de la peur et du désir de mourir. Toute-Puissance et totale impuissance de la femme-langue des fins dernières, avant terme.
Écouter, un dernier été, les grouillements et les chants des grenouilles au bord d'un étang teinté d'éternité. Moustiques de la tiédeur, ronds des carpes. Des moines passent de l'autre côté de l'eau morte, dans leur vêtement marron, habit d'énigme qui les distingue du reste des hommes, triviaux.
(Une vieille dame récite un poème en yiddish dans un château de bohème, entourée de jeunes visages qui se détournent du sens, quelque part dans une région de l'Est de l'Europe. Un homme âgé, sur un chemin aux alentours de Ferreñafe au Pérou, invoque son père en langue quechua).
Quel est ce secret qui me donne envie de vivre pour toujours et de mourir tout de suite ? Un secret enfoui dans le langage, sans nul doute. Au fond d'une langue latine qui a perdu le fil de l'espoir.
Indicible, la beauté de ma douleur. Intangible, ce matin où la sépulture s'est formée dans mon coeur-vivant. Les grenouilles rassurent cette impression d'être dans un coin de France qui ressemble à l'ancienne maison du vrai nom.
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vendredi, 21 juin 2013
Rage II
«Si la rage avait du poids, ce billet de blog vous pèterait à la gueule comme une grenade».
Esther Mar
La rage monte en moi, lentement, sûrement. Elle est là, je le sais, elle est énorme, elle gronde en silence et serait capable de dévaster des vies plus sûrement qu'un ouragan. Elle est tournée vers quelqu'un, (de temps en temps, pour changer, vers quelqu'un d'autre), mais je sais que je suis entièrement responsable de la situation qui la fait naître.
J'essaie de rester polie, d'accomplir le minimum requis pour que les événements se déroulent du mieux possible.
J'essaie de la contenir, de la diminuer, de la transformer.
Elle monte, pourtant. Elle est énorme, c'est une lame de fond dont s'élèvent des vagues de rancoeur, de haine. Née de mon impuissance, de mes incapacités multiples, elle cherche à punir les soi-disant coupables.
Mais je la contiens. Pour l'instant, je la contiens et j'avance masquée, bien qu'on puisse apercevoir, à certains moments, un rictus qui se fige un instant.
Edith
AlmaSoror avait déjà publié Rage
Pour ne pas sauter dans le vide, sautons dans le fou. Expérimentons l'expérimental avec Jeanne Liotta.
Si nous craquons et finissons internés aux urgences de l'âme, au moins aurons-nous quelques idées d'une psychose transformée en expérimentoeuvre.
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