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lundi, 15 juillet 2013

15 juillet : billet anniversaire

AlmaSoror, que faisiez-vous le 15 juillet de l'an dernier ?

Je m'interrogeais avec Jean-Luc Daub sur ce qu'on appelle étonnamment "le bien-être des porcs".

Le 15 juillet 2010, Edith tentait une autobiographie, qu'elle a reniée depuis.

Le 15 juillet 2009, on trouve d'obscurs questionnement sur des cabanes et des forêts, que nous ne comprenons plus très bien.

bien-être animal, porcs, jean-luc daub,

mercredi, 15 juillet 2009

Une cabane au fond de la forêt...

 

 

libé.JPG
phot Isabelle Ferrier & VillaBar

 

Costards cravate et tailleurs : les habits de la castration. Ils ne sont pas faits à notre image et à notre mouvance : c'est nous qui nous faisons à leurs formes fixes et raides. Ils ne nous structurent pas ; ils nous rigidifient. Ils nous éloignent de notre animalité mais ne nous rapprochent pas de notre humanité. Le vêtement social actuel n'accompagne pas le corps dans ses mouvements : il les limite, les contient, les empêche.

 

Oserais-je ?

J'oserais aller vivre en Chine ; j'oserais changer ma vie parisienne pour partir au sein d'une association qui construit des écoles en Afrique ; j'oserais vivre une histoire d'amour avec une femme ; j'oserais vivre avec un homme : j'oserais vivre tout cela devant les autres, quel que soit leur regard... Car nous serions tous dans la même prison.

 

J'aimerais vivre dans une cabane, au creux d'un arbre, dans une forêt, mais je n'ose pas. J'ai peur.

 

Mort sociale

 

J'ai peur des bruits et du silence.

Peur du face à face avec l'être animal, l'autre animal – l'animal muet qui, lui, n'a pas perdu son être au monde et sait vivre entre la liberté et l'inquiétude, entre le désir et le manque, sans tout construire pour oublier la fragilité de son être.

Par-dessus tout, j'ai peur de la fermeture des coeurs des autres. Si je dis : je pars vivre dans une cabane, on rit. Si je pars vivre dans une cabane, combien de gens voudront encore me considérer comme un être humain fréquentable ?

Je ne sais pas si je me sentirais vivre en vivant réellement : peut-être au bout d'un certain temps, je me sentirais à nouveau vivre. Mais au début, je sentirais trop la mort sociale. La mort sociale est-elle une mort complète ? Les clochards qui hantent nos rues, les pisseuses d'Afrique mises au rebut du Monde, sont-ils autant vivants que nous ?

Je désapprendrais trop vite toutes les complications administratives, toutes les formalités que nous devons accomplir pour subvenir à nos besoins et prendre la moindre initiative. Je penserais plus librement et ne parviendrais plus ensuite à penser dans le moule. Je quitterais le zoo pour redevenir un animal sauvage et libre. Mais alors ensuite je n'aurais plus accès à la communauté humaine.

Comme ce clochard qui ne s'est pas assis sur le banc à mes côtés, mais au bord du caniveau, sur le béton, parce qu'il savait qu'il était mort socialement. Aux yeux hypocrites des citoyens humanistes, il n'est plus de notre race.

 

Les animaux sont-ils aussi vivants que nous ? Leurs individualités sont elles aussi importantes et profondes que les nôtres ?

Sommes-nous quelqu'un en dehors des autres ? Serais-je quelqu'un d'autre au fond de la forêt ? Sommes-nous vraiment des êtres humains ?

 

Communion

 

Oserais-je vivre dans une forêt ?

Oserais-je :

Le silence qui étreint ;

Le lien direct avec la fragilité de la vie, avec la puissance de la mort ;

Le temps sans horloge, le temps qui s'étire presque infiniment ;

La présence menaçante, incompréhensible des autres espèces animales, celle des végétaux

Le noir sans pitié de la nuit

Le feu, son invitation au songe, à la transe

 

Ces « choses » me permettraient de développer mon intuition, de vivre en communion avec les éléments qui m'entourent, peu à peu mes sens reprendraient leur déploiement animal – la vue, l'ouïe, le toucher, l'orientation, l'odorat, ...

 

Le courage ne vient pas. Malgré la liberté qui crève au fond de mon corps... Malgré la force et le courage qui s'éveillent par instants. Malgré la promesse d'un lieu sans pollution. Malgré le rêve... Malgré la mort délivreuse qui sonnera et effacera tout, les meurtrissures et les glorioles sociales.

 

Quel est le sens, quelle est l'essence de notre vie ? Se jeter dans la mêlée ou s'en retirer, ou encore hésiter toute une vie au milieu des hommes ?

 

Oser vivre, c'est trop difficile parce que c'est accepter de mourir dans le coeur des autres.

Où trouve-ton le courage d'oser vivre ? En soi ? En quelqu'un d'autre ? En une idée, un idéal ? En un rêve ? Y a-t-il un appel, de la forêt, de la mer, de l'art ou de Dieu ? Peut-on décider de son destin, un jour, comme ça, parce qu'on y pense ?

 

De l'autre côté

On n’est jamais seul dans une forêt puisqu’elle est toujours peuplée d’arbres.

 

J'aimerais faire connaissance avec l'autre moi, l'autre substance : la puissance, l'immensité, l'étrangeté, l'Esprit.

 

Vertige de tout quitter. Et pourtant, dans cent ans, tout cela n'aura plus aucune importance : nous serons  morts...

 

Les lambeaux de mon être : tous ces silences, tous ces espaces arides et non civilisés de mon être m'étranglent parfois, dans la ville, au milieu des voitures.