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mercredi, 02 juillet 2014

Chroniques d'une solitude

amoureuse, bombes, guerre, exaltation

D'où vient la galvanisation de mon cœur ? Cette inondation du plaisir de vivre ?

Toute la poussière du monde s'est transformée en arcane.

Depuis trois jours, nous sommes bombardés. Jusqu'à hier matin, les trains partaient encore. Ils ne partent plus. Des gens attendent à la gare, de plus en plus nombreux, dormant à même le sol. Je me réjouis de continuer à vivre sans chercher à tout prix à subsister.

Je ne cherche qu'à éprouver, avec l'intensité que cette promesse de mort qui plane instille, des émotions qui rencontrent l'instant insaisissable. 

Il se passe quelque chose d'exceptionnel : je n'ai jamais été aussi heureuse. La joie coule dans mes veines, me donne envie de crier de bonheur. La peur produite par le  vacarme des destructions me pousse à courir à l'approche des hauts avions, et courir aussi vite procure à mon corps un bonheur inédit, si grand qu'il en paraît illégitime.

Des pensées me traversent : elles sont neuves, puissantes, pleines de verve et de forces. La paix se répand en moi et autour de moi, comme un fleuve parfait dans lequel je serais baignée incidemment. Tout m'épate, tout me réjouit.

Quand j'ai commencé à comprendre l'étendue de cette satisfaction, je me suis sentie coupable. Objectivement, alentour tout n'est que mort et destruction, fracas et désespérance. Mais que je meure demain ou dans trente ans, une chose est sûre : vivante, je le suis devenue dans ce chaos.

Vivante, je le suis devenue dans ce chaos. J'y ai éprouvé l'intensité du monde et l'immensité de l'existence.

Pardonnez ma joie, endeuillés. Elle ne naît pas de vos peines ni de vos pertes, mais de la vibration de chaque parcelle de mon être face à ce monde qui éclate, face à ce temps en suspension.

dimanche, 20 octobre 2013

Cosima au jour le jour

richard wagner, journal de cosima, désespoir, exaltation, tannhauser

Le journal que tint Cosima Wagner est riche d'enseignement sur la vie de son époux, traversée de crises d'exaltation et de désespoir.

Âgé de 58 ans, il décide soudain de renoncer à écrire sa biographie (cette décision ne durera pas plus de quelques jours), car, s'effondre-t-il, "Je crois qu'il s'en dégagera une horrible monotonie pour le lecteur : toujours des projets qui ne mènent à rien !"

Ô Richard Wagner, tu apparais parfois dans nos humbles sentiers almasororiens :

L'amour et l'Occident

Dignité de l'artiste et du public

Sur la confrérie de Baude Fastoul

 

(J'avais encore noté cette phrase de Cosima Wagner : « c'est le rêve de la vie ; on est dévoré de nostalgie dans l'attente de quelque chose, et, quand ce quelque chose est atteint, on ne peut plus en jouir »).