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lundi, 29 juillet 2013

29 juillet, billet anniversaire

AlmaSoror, parlez-nous de vos 29 juillet.

Un psaume (2009).

Une lettre d'Edith à Erika (2010).

Une pince électrique jusque dans la bouche (2012).

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vendredi, 28 juin 2013

Vivre à Spleen-Lès-Nixes (I)

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Nous avons demandé à plusieurs habitants de Spleen-lès-Nixes de raconter leur ville, avec leurs mots, leurs maux, leurs habitudes, leurs désirs et leurs déceptions. Sur cette ville, dont on parle beaucoup sans la connaître, ne devrions-nous pas écouter d'abord ceux qui ont accepté de s'y installer ? Leurs motivations, variées, se rejoignaient en ceci que chacun évoque le désir d'une rupture d'avec une vie trop monotone, trop difficile ou, au contraire, trop confortable.

Nous vous présenterons donc désormais régulièrement des témoignages de Nispleenois et de Nispleenoises, qui ont accepté de partager leur expérience dans cette ville new-nouvelle.

Dès la semaine prochaine, vous découvrirez, sur AlmaSoror, les témoignages d'Ozanne Le Boucanier et de Kevin Og Noulste, frère de la regrettée Erika.

En attendant, nous partageons un extrait du roman de Saul Astrée sur Spleen-lès-Nixes, Les amours atlantes.

 

«Il ouvrait la bouche en se rapprochant d'elle. Il murmurait quelque chose ; sa voix était incroyablement grave et douce.

-Je t'aime, Atlanta.

- Je t'aime aussi, Ananas Noyé, lui répondait-elle.

Elle l'avait appelé Ananas Noyé parce que c'était ce qu'il était inscrit sur les boites de sirop : ananas noyé dans du sirop. Ananas noyé ressortait en belles lettres de couleurs. Si elle avait pu avoir un chien, elle l'aurait appelé aussi comme cela.

Il l'appela Magella car c'était le nom du magnifique robot féminin qui était représenté sur toutes les notices d'utilisation des instruments ménagers. Magella était aussi la voix électronique des ordinateurs. Et ainsi ils s’aimèrent ».

Les amours atlantes, de Saul Astrée, préface de Max Farmsen, éditions FuriBarde, à paraître en 2014. 


Outre la rubrique "La ville", qui regroupe tous nos textes et nos images citadinophiles, AlmaSoror avait publié un article d'Axel Randers intitulé La ville de perdition. 

jeudi, 29 juillet 2010

Lettre à Erika Noulste

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L'étang, par Sara

(un billet d'Edith)

 

Cela fait quatre mois qu'Erika Noulste a entamé son périple en moto à travers l'Amérique du Sud. On ne sait où lui écrire ; elle ne répond pas aux mails. Son téléphone a été oublié quelque part. AlmaSoror sera donc le lieu de ce que nous voulons lui dire. Merci à nos lecteurs de supporter cette intrusion personnelle dans une zone franche. Mais les lieux virtuels sont des refuges agréables et mystérieux.

Erika, voici donc la lettre que je t'écris :

 

Ma chère Erika,

 

Ton amitié ne m’a jamais fait défaut. Tes yeux, je les ai en mémoire à l’intérieur de moi et puis ainsi me noyer dans ton regard quand la vie alentour ne me convient plus. Le monde est devenu plus libre et ses visions plus belles depuis que je te connais. Je t’écris cette lettre depuis Paris en sachant que tu te balades au Pérou à travers les lieux que je t’ai mentionnés. J’imagine que tu aimes ce grand pays qui conserve des écrins de nature vierge, ce grand pays traversé par les étonnantes Andes. J’écris beaucoup ces jours-ci, une inspiration me vient le matin, quelques temps après l’éveil, m’amène devant l’ordinateur et m’y garde plusieurs heures. Je ne relis pas comme d’habitude, et verrai dans deux ou trois semaines, au temps de la relecture, si l’inspiration était intéressante ou médiocre. Les heures d’écriture en tout cas sont riches en sensations inconnues et heureuses de contemplation. L’impression d’être ultrapassive quand en fait mes doigts pianotent plus que de raison. Sans drogues, on peut partir très loin, juste en laissant le cerveau glisser comme le bateau ivre d’Arthur Rimbaud sur les mers imaginaires qu’aucun Etat ne peut coloniser.

Mais parlons un peu de toi, de toi qui devais rencontrer enfin la belle Katharina et qui ne m’en a encore rien dit. Tu es restée vingt-quatre jours en Argentine, tu n’as pas pu ne pas la voir ! Je t’en avais parlé tant de fois. Et je me demande le soir en rêvassant à la fenêtre du 13, boulevard du Montparnasse, si vous vous êtes vues, si vous vous êtes aimées et si vous avez senti qu’une amitié était possible. J’avance lentement, l’après-midi, dans mes lectures préliminaires à la grande histoire du cinéma et des arts euro-américains des années 2030 à 2050 ; pour l’instant je n’essaie pas de concevoir un plan à ce travail, simplement je lis, sans même prendre des notes, pour m’imprégner de cette période et tenter de la considérer avec un regard neuf, délivré des idées anciennes et communes. Je revois les œuvres tant aimées, j’ai pleuré à nouveau devant les belles images de Dying Cinema, du fantastique Jürgen Chêne. Et je me suis répété que cela valait le coup de consacrer sa vie, son temps, son énergie au service de la louange et de la diffusion de ce cinéma ahurissant que nous avons vu renaître et que nous voyons hélas décliner sans rien y pouvoir faire.

 

Je te laisse, ma chère Erika, je vais retourner à ma vigne qui grandit au rythme langoureux des plantes sur la terrasse, elle a besoin d’eau et d’un tuteur plus costaud. Donne-moi de tes nouvelles, raconte-moi quand tu reviens et ce que tu fais et ne t’en fais pas pour tes affaires d’ici, dont je m’occupe avec Max et Axel et qui t’attendent sagement.

 

Ta sœur dilective,

 

Edith de Cornulier-Lucinière et d’AlmaSoror