samedi, 03 juillet 2010
ses galops de lumière à tous les étages du ciel
Les lieux ressemblent à leurs maîtres et les maîtres à leurs lieux, les uns prêts pour les autres, cette attente réciproque engendrant leur similitude. Les pieds-d'alouette, autour du moulin, les figuiers, au début du sentier, l'oeil bleu des iris et le romarin en faction près de la porte éveillaient des libertés qu'aucune prospérité n'octroie. La pauvreté - non la misère - met des diamants partout. Car ces fleurs, devenues ici l'espace d'un poète, parlaient une autre langue et de tous les côtés, le paysage s'en allait comme un geste de bonheur, avec ses galops de lumière à tous les étages du ciel et ses houles de vent accourues du silence des plaines. Des diamants partout : la beauté donnée pour rien à celui qui n'a rien.
Si la misère n'enseigne rien que l'envie et la haine, la pauvreté, par contre, fait les princes véritables parce qu'elle ne tient pas compte du paravent des apparences.Logée dans l'essentiel, soucieuse de l'essentiel et tirant son gouvernement du dedans, elle n'aménage - et elle le sait - que les demeures intérieures. C'est-à-dire à peu près tout ce qui nous regarde et fournit à nos jours leur valeur.
Extrait d'un texte de Charles Le Brun sur Armel Guerne, à lire ICI.
et voici un texte d'Armel Guerne :
"Depuis le petit cœur impatient de mon enfance jusqu'à ce vieux cœur meurtri, pantelant, essoufflé, mais toujours plus avide de lumière, je n'ai pas eu d'autre ambition que celle d'être accueilli et reçu comme un poète, de pouvoir me compter un jour au nombre saint de ces divins voyous de l'amour. Je n'ai jamais voulu rien d'autre, et je crois bien n'avoir perdu pas un unique instant d'entre tous ceux qu'il m'a été donné de vivre, en détournant les yeux de ce seul objectif jamais atteint, sans doute, mais visé toujours mieux et avec une passion de jour en jour plus sûre d'elle."
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