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samedi, 28 janvier 2012

Santoori, film imparfait, film émouvant

Un billet d'Olympe Davidson

La prise de risque, la misère technique, l'imperfection des dialogues, l'émouvant jeu des acteurs, la musique facile, faite pour faire pleurer.
Trop de dialogues, plans bizarres mais beaux, complication du scénario, pluie de violences - violence joyeuse, violence glauque - et pourtant ! il y a un grand charme dans ce film de Dariush Mehrjui.

Le beau visage d'un acteur, les cris d'un quotidien pesant, les voiles des femmes soumises, les barbes des hommes soumis... Et la liberté des cinéastes iraniens, si grande, tellement plus grande que celle des cinéastes approuvés par le CNC (Centre National de la Cinématographie française).

Cette oeuvre a été interdite en Iran. Ne crions pas à l'injustice trop facilement : sans avoir tort, nous risquerions d'oublier que partout la liberté est fragile.
Ici, quel cinéaste vraiment libre d'esprit pourrait obtenir l'approbation du CNC et du CSA ?
De nombreux thèmes, s'ils étaient traités, ne passeraient pas en salle.
Pour être producteur, il faut obtenir un visa de l'Etat, et chaque film doit être approuvé (ce qui n'est heureusement pas le cas dans le monde de l'édition !)
Et nous avons, nous aussi, de plus en plus d'interdits sur les opinions et les comportements.

La liberté des cinéastes iraniens interroge : pourquoi la beauté de l'art n'est-elle pas proportionnelle à sa liberté ?


Merci à l'internaute qui a mis à disposition publique cette vidéo.

 

Avant Olympe, Jean Bouchenoire avait posé déjà la question de la grandeur artistique en un billet intitulé Vanité des arts, vides esthétiques, vacuité des audiences.
Il ne parlait pas de liberté, mais d'économie.

Il écrivait : "Le mécénat doit être indépendant de la classe artistique. C'est pourquoi un système dans lequel la même classe (chez nous, la bourgeoisie) se partage la haute fonction publique, les arts, le mécénat d'Etat, etc, est vouée à produire des oeuvres complaisantes, dénuées d'universalité".