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mardi, 27 mai 2014

Classicisme & underground

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Underground

La clandestinité insuffle aux ambiances, aux lieux, aux œuvres, une force vitale... Aussi l'esprit aux aguets, en quête de substance artistique, cherche le museau au vent du côté des arts underground.

Ce mot anglais, underground, on pourrait le traduire par parallèle, ou clandestin, justement. Ou souterrain, si l'on veut une vraie équivalence. Quoi qu'il arrive, l'art underground par nature, n'accède pas immédiatement à la gloire, ou alors il y accède d'un coup net et s'y désintègre aussitôt en plein vol - comme un poète-chanteur fauché à 27 ans (par exemple).

Beaucoup d'artistes nous ont fait rêver par la force vitale de leurs premières œuvres (celles qui ne les nourrissaient pas sont celles qui nous nourrissent longtemps), tandis que leurs productions plus tardives, une fois qu'ils ont acquis la renommée et la reconnaissance, ne sont que de pâles reflets de l'époque où la source n'était pas tarie.

Classicisme

La beauté classique telle que les Grecs l'aimaient, exigeait l'équilibre des proportions, la perfection formelle, dont découlaient le sens et la puissance. Ce classicisme grec, les artistes de la Renaissance l'ont réapprivoisé. Il impose une impeccable maîtrise artisanale, jointe à la plus haute inspiration et sait manier l'impact de la synthèse à la délicatesse de la finition. Au risque de sombrer dans une vision élitiste et inégalitaire de la civilisation, disons que seules certaines civilisations, dans leur époque la plus brillante, la plus profonde et la plus maîtrisée, atteignent une telle stature, qu'elles perdent au bout d'un temps plus ou moins long.

De l'un à l'autre

Un art classique, pour rester vif, cueille aux sources clandestines des arts plus bruts et plus libres ; un art souterrain, clandestin, parallèle, s'inspire toujours des formes classiques même si c'est pour les détourner, les contourner, les déformer, ou bien il grapillle, là où l'art n'est pas censé exister, des ébauches qu'il tire vers un embryon de classicisme. Bref, l'art classique et l'art underground se nourrissent l'un de l'autre...

Sui generi

Parfois aussi, le classicisme est underground... Cela arrive, quand, dans une société, ce qui n'est qu'ébauché, mal fait, vite fait, attire l’œil, l'intérêt et l'argent. Quand l'art fabriqué en y pensant à peine, en parlant trop, en le vendant déjà avant même qu'il existe, en le vendant d'ailleurs et en le revendant sans même qu'il existe jamais, quand cet art vite fait, mal fait, tiré du premier jet d'un instinct non fouillé, recueille tous les suffrages officiels, médiatiques, administratifs, alors ceux qui, dans l'indifférence de leur entourage tâtonnent et peaufinent vers la plus haute qualité possible, ceux là, créent des œuvres classiques underground.

 

vendredi, 20 décembre 2013

Monde parallèle et réalité officielle

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J'entends souvent accuser des gens d'être des "journalistes autoproclamés", comme si, pour dénicher, diffuser l'info à ses concitoyens, il fallait un agrément de l’État ou d'une école privée.

C'est le Centre National du Cinéma, institution publique, qui décide qui a le droit à la carte de producteur et quels films, français et étrangers, pourront sortir dans les salles de cinéma de France. Autrement dit, si l'on veut s'intéresser au cinéma libre, il est inutile de se rendre dans les salles de cinéma, ou de voir des films sortis officiellement, quel que soit le nombre de fois où les mots "résistant, audacieux, rebelle" sont prononcés à leur propos.

Hors subventions, directes ou indirectes, se trouve l'art parallèle, non officiel. De l'avis de beaucoup, il vaut moins, puisque ne bénéficie d'aucune reconnaissance des administrations, des institutions, des associations professionnelles.

Ce qui distingue l'officiel (le proclamé) de l'autoproclamé, ce n'est pas le propos, c'est le statut.

Or, ce statut n'est pas anodin. Ce statut donne à la personne - artiste, journaliste ou kwakseswa d'autre -, une chambre au Grand Hôtel de la Réalité Officielle. Le manque de statut force la personne à zoner parmi les rues sauvages du monde tel qu'il est.

Le statut influence les conditions de production de l’œuvre, les conditions de réalisation d'un reportage. Autrement dit, le statut se ressent dans le résultat final.

Ne pas attendre le statut pour agir, ainsi avance l'artiste libre, ainsi cherche le reporteur indépendant ; ne pas exiger le statut pour aimer, ainsi furète l'esthète autonome ; ne pas se fier au statut pour croire ou ne pas croire, ainsi se renseigne le citoyen conscient.