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jeudi, 25 juillet 2024

... la molle intumescence

« Mais ce qu’il faut admirer en Bretagne, c’est la lune se levant sur la terre et se couchant sur la mer.

Établie par Dieu gouvernante de l’abîme, la lune a ses nuages, ses vapeurs, ses rayons, ses ombres portées comme le soleil ; mais comme lui elle ne se retire pas solitaire : un cortège d’étoiles l’accompagne. À mesure que sur mon rivage natal elle descend au bout du ciel, elle accroît son silence qu’elle communique à la mer ; bientôt elle tombe à l’horizon, l’intersecte, ne montre plus que la moitié de son front qui s’assoupit, s’incline et disparaît dans la molle intumescence des vagues. Les astres voisins de leur reine, avant de plonger à sa suite, semblent s’arrêter, suspendus à la cime des flots. La lune n’est pas plutôt couchée, qu’un souffle venant du large brise l’image des constellations, comme on éteint les flambeaux après une solennité. »

Chateaubriand, IN Les mémoires d'outre-tombe

mercredi, 24 juillet 2024

Trou noir

Anesthésiée presque tout le temps depuis un an, c'est comme ça que je peux vivre. Soudain une chanson, une pensée, le gouffre s'ouvre, mais je referme sa porte.

jeudi, 18 juillet 2024

divorce

« Car la distance engendrée par la logique bureaucratique, observe Bauman, ne fait pas que lever les inhibitions. Elle abolit « la signification morale de l'acte et par conséquent prévient tout conflit entre les critères personnels de moralité et l'immoralité des conséquences sociales de cet acte ». L'abolition de ce conflit, le divorce qui se produit alors entre désir de rationalité et valeurs éthiques, le premier pouvant se déployer sans jamais être perturbé par l'interférence des secondes – ce divorce, montre Bauman, est constitutif de notre modernité, même si cette dernière, par d'autres de ses aspects positifs et émancipateurs, ne s'y réduit pas ».

 

IN Esprits d'Europe, d'Alexandra Laignel-Lavastine (Folio p. 327-328)

mercredi, 03 juillet 2024

La vie mentale

À l’école, l’ennui des enfants conduit au manque de concentration. Mais chez les adultes, n’est-ce pas souvent le manque de concentration qui engendre l’ennui ? L’habitude des journées remplies et la stimulation incessantes des notifications nous décentre et nous déconcentre ; ce faisant, nous devons désormais faire l’effort d’accepter de nous ennuyer pour pouvoir pour lire véritablement. Entrer en concentration, le temps d'une nouvelle, accepter le hiératisme d'une stimulation qui ne surgit pas vers nous mais que nous devons faire lever, silencieuse et immobile.

Les gens, dans un ascétisme dénué de religion, apprennent des techniques de méditation et insèrent dans leurs jours des temps dédiés (vingt minutes le matin...) Mais c'est encore une productivité que cette méditation bouddhiste vidée de son bouddhisme. Que ne s’affalent-ils pas dans un fauteuil, loin du téléphone, avec un bon bouquin.