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vendredi, 29 décembre 2023

Paul et Anne

Mon dieu cette pile de livres, ces fauteuils défoncés, ces tapis, cette malle, ce plateau et ces tasses de café oubliées. Ces disques vinyles, mon amour, mes amours, mes parents. C’est dans la perdition lointaine d’une ville de province pourtant proche, mais toutes les provinces endormies sont si loin des capitales vives. Ce sont vos livres feuilletés, vos taches de cafés. Et moi je suis vos cellules, je suis votre sourire et votre voix narquoise. Et moi je suis vous, orpheline, seule sur terre parmi les autres. Et cette musique de Bilitis, et ces images de Corto Maltese, ces couvertures de polar, ces Balzac, ces exotismes chiliens et palestiniens. Qui êtes-vous, qui m’avez faite, et où êtes-vous partis ? Avatar solitaire de votre histoire d’amour poignardée par la société et par la névrose. Paul et Anne, amour par effraction, vous m’avez mise au monde et m’avez remportée en me laissant sur place. Ce sourire que j’offre aux autres, il est pour vous. Partout où j’irai vous marcherez devant moi, vous ouvrirez mes pas, mes rires, ma bouche et mon corps. Mais ce que je veux vous dire maintenant, écoutez-le, je vous le chuchote. Je ne l’écrirai pas. Voilà, vous avez tout entendu, vous seuls. Je continue de vivre ce jour, cette marche, cet hiver. Rien n’a été vain et nous donnons la main au Fils de l’homme jusqu’à la fin des temps. L’eau bout dans la bouilloire, je me fais un café, je regarde l’église par la fenêtre, mes pensées se bousculent puis mes pensées s’effacent, me voilà !

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