dimanche, 20 novembre 2022
Pro Natalena
Leurs dialogues croisés ressemblaient à ce qui se serait passé si l’écrivain terrienne Marguerite Duras était entré dans le film du cinéaste chinois Wung Chung-Kwai pour y désordonner les répliques à sa façon.
Il lui disait, je t'aime, Natalène. Elle lui répondait, moi aussi, Saul. Il lui disait, mais un jour, tu viendras ? Promets-le moi.
Un jour, je viendrai.
Et tu me parleras ?
Je te dirai : je t'aime.
Tu me le diras ?
Mon amour. Je te dirai je t'aime, prends moi dans tes bras.
Tu me laisseras t'étreindre ?
Oui, Saul.
Il ouvrait la bouche en se rapprochant d'elle. Il murmurait quelque chose ; sa voix était incroyablement grave et douce.
-Je t'aime, Natalène.
- Je t'aime aussi, Ananas Noyé, lui répondait-elle.
Elle l'avait appelé Ananas Noyé parce que c'était ce qu'il était inscrit sur les boites de sirop : ananas noyé dans du sirop. Ananas noyé ressortait en belles lettres de couleurs. Si elle avait pu avoir un chien, elle l'aurait appelé aussi comme cela.
Il l'appela Natalène car c'était le nom du magnifique robot féminin qui était représenté sur toutes les notices d'utilisation des instruments ménagers. Natalène était aussi la voix électronique des ordinateurs.
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