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samedi, 22 janvier 2022

Des bœufs musicaux sur les soulanes

En ce mercredi 29 septembre 2005, vers cinq heures de l’après-midi, Joseph fermait presque les yeux en arpentant l’avenue de la Bourdonnais, tant il était plongé dans de vivants souvenirs. Il évoquait les derniers moments heureux qu’il avait passés en France avec ses amis, avant de ne plus revenir que pour y cueillir l’argent issu de leur rupture. C’était en Ariège, dans la patrie maternelle d’Hugues, lors d’une semaine de sessions musicales, entrecoupées de balades sauvages à travers les montagnes et les cours d’eaux qui tortillent le long des escarpements. 

La vision matinale du massif de Tabe avait donné lieu à la découverte du silence pour cette jeunesse urbaine. Les visages s’étaient fait graves, absents aux soucis du monde, perdus dans un lointain qui prenait des saveurs différentes pour chacun. Au loin, les mouflons dévalaient une vallée fumante de brume.

Il y avait eu des bœufs musicaux sur les soulanes au coucher du soleil ; un déjeuner dans un restaurant de la ville de Foix, un déjeuner qu’on aurait voulu éternel tant fut douce la perfection de l’amitié, de la cuisine, du vin de Corbières. L’aïgo bullido ouvrit le palais ; l’azinat excellemment cuisinée prouva qu’une main experte métamorphose une recette courante en mets raffiné ; le bamalou jeta un pont entre le plat et le dessert et de tendres flocons d’Ariège closirent le repas. 

L’on monta ensuite en Languedoc, là où l’Aude prend sa source. L’on en redescendit en kayak pour arriver, par le canal de la Robinne, à la scintillante Narbonne. 

A Narbonne, soûlé de vin de Banyuls, Michel avait écrit un poème intitulé Loup de Foix, sur les campagnes militaires médiévales du fils bâtard de Raimond-Roger de Foix et d’Ermengarde de Narbonne. Destiné à devenir un opéra, Loup de Foix n’avait jamais vu le jour, mais dans la perfection de ces journées en pays catalan, qui aurait cru que l’ensemble musical Élouèse vivait ses dernières heures ? De Narbonne ils étaient rentrés à Paris par un vieux train qui cahotait sur les rails. 

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