mardi, 30 novembre 2021
Second crachat de Drakulie Pandor, banale citoyenne d'Echthrapolis #Répulsion
(lire le Premier crachat de Drakulie Pandor)
Je ne dors pas : angoisses démesurées, argent, santé. J'ai beau décider chaque jour de devenir sereine, la harcèlement par l'angoisse s'amplifie. Certains m'aident, c'est un poids lourd d'être un poids mort. Je cherche une solution qui se dérobe sans cesse. Je commets souvent de petits actes inconséquents qui pourraient plomber encore plus mon existence. Honte, impuissance, peur me tuent à petit feu. Mon corps se déglingue. Épuisée physiquement, je n'ai plus accès à ma lumière. L'enfer financier sera accompagné d'un écroulement de la santé. C'est objectif, inéluctable, terrible. Et pour contribuer au pire, je pose des actes manqués et des gestes destructeurs avant même de me rendre compte de leur surgissement. La réalité me rattrape, elle ne sera bientôt plus qu'à quelques mètres de mon corps terrorisé, je serai bientôt au pied du mur. Je ne me contrôle plus, j'avais déjà connu ce sentiment, c'est donc comme si une ancienne maladie terrible se réveillait après trois ans de rémission. La maladie des problèmes d'argent. Mais cette fois je suis plus vieille et la source de l'énergie semble s'être dissoute avec les années. Aucune prière, aucune résolution, aucune action n'enraye le moulin du désespoir, c'est un bug atroce, une impasse noire. Je veux bouger : paralysie. Je veux crier : c'est le baiser de la mort. Je me rétracte, j'enfouis ma tête sous les oreillers et j'espère ne plus rien ressentir pendant quelques secondes. La vie est un enfer intérieur intégral, j'avais des rêves, je n'y crois plus, si j'y croyais de toute façon je n'ai plus l'énergie. Épuisement. Cœur qui s'essouffle, main gauche qui se referme automatiquement la nuit, repliée sur le poignet, comme les gens en état végétatif ou qui subissent des problèmes neurologiques, lexique affaibli par la panique. C'est l'océan de l'horreur psychique qui monte, tsunami inéluctable, je perds pied, je renonce, je suis incapable. Je n'ai plus qu'une supplication envers la vie : qu'on me donne de l'argent, qu'on répare ma personne, qu'on m'indique une solution parce que moi je n'en trouverai pas. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer. Mais soudain je sais ce qui me ferait du bien, tout d'un coup, c'est certain. Apprendre, là, maintenant, que quelqu'un que je jalouse s'est pris un cocotier sur la tête. Peut-être qu'alors la fatigue disparaîtrait, la peur de l'avenir s'atténuerait. Il n'y a aucune modestie, aucune générosité dans cette souffrance, n'est-ce pas ? Au contraire. C'est la grande souffrance, dont l'autre face est la grande consommation de ceux qui ont la santé et l'argent. La grandeur d'âme n'atteint ni le grand souffrant, ni le grand consommateur, qui tous deux sont le perdant et le gagnant d'un même jeu, d'une même idée, d'une même compétition à mort déguisée en mode d'emploi civilisé.
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